Ceci est l'histoire de Helen Folasade Adu, une femme comme il en existe peu, une femme comme on les rêve. Je le répète souvent, notamment à ceux qui manquent un peu de confiance en eux : "Aucune femme – aucun homme – n'est inatteignable". C'est une évidence qui doit être rappelée à tous ceux qui ne le savent pas ! Certes... Mais dans le cas présent, j'avoue bien malgré moi que je me serai peut-être crashé tel le minable devant l'Olympe de grâce que représente la sublime créature que voilà.

Notre artiste est née en 1959 à Ibadan, cité tentaculaire du Nigeria, d'un père économiste nigérian et d'une mère britannique infirmière. Elle est toutefois élevée en perfide Albion dès son plus jeune âge. Une enfance classique, pas d'histoire, elle débute à 18 ans ses études de créatrice de mode, ça va durer trois ans pendant lesquels elle va aussi devenir choriste pour le groupe PRIDE. Très vite, ses capacités vocales – et son look incroyable ? - font splitter le groupe qui se retrouve entier derrière elle. On les nomme une bonne fois pour toute : le guitariste saxo Stuart Matthewman avec qui elle compose. Le clavier Andrew Hale, le bassiste Paul Denman et le batteur Paul Cook. Normal quoi, vous avez vu cette femme ? Qui ne la suivrait pas au bout du monde ?

Bref, les concerts s'enchaînent et la réputation du groupe grandit à toute vitesse, tant et si bien que la major Epic les signe avec une certaine célérité proche de la confusion. Le groupe parvient même à jouer sur les scènes de New York avant d'avoir sorti le moindre disque, voilà qui n'est pas banal, vous admettrez. Ce qui est tout aussi inhabituel est d'avoir choisi un pourcentage sur ses futures ventes – un beau 15 % unique ! - plutôt qu'une grosse avance, puisque le groupe se 'contente' de 60 000 Livres à une époque où les maisons d'édition avaient pour coutume de grassement payer leurs artistes, les eighties quoi.

Ah, et pour ceusses qui sortent de leur cave après quarante ans d'exil, la musique composée par SADE oscille entre une soul très sophistiquée et du jazz très très smooth. D'ailleurs, entrons d'emblée dans le vif du sujet : le premier single "Your Love Is King" présente immédiatement tous les ingrédients qui vont faire la réputation du groupe : du smooth à tous les étages sur une forme de soul modernisée, la voix de contralto de Helen Folasade déjà très douce, même si moins assurée qu'elle ne le sera plus tard. Le sax parvient à jouer les doublures de la chanteuse sur ce titre très réussi qui impose aussitôt le groupa au plus haut niveau: 6ème en G.B, 54ème aux US.

Le deuxième single est "When Am I Going To Make A Living ?" écrite quand la chanteuse n'avait pas un rond. Le tempo est plus rapide, plus funky, et la mélodie moins remarquable. Le titre n'atteint que la 36ème place des charts grand bretons. Un net recul corrigé par la sortie de "Smooth Operator" qui reprend les qualités du premier en puissance deux. La vidéo qui présente SADE dans son ensemble blanc la rend déjà immortelle et ce refrain d'un smooth affolant ne vous quittera plus jamais une fois entendu, voilà une certitude ! 5ème du billboard américain et leur plus grand succès à ce jour.

C'est déjà lourd certes, mais voilà que déboule le single suivant – on rigolait pas dans les eighties ! - "Hang On To Your Love" développe la même efficacité que les deux classiques précédents. Bon, tout le monde de la musique a déjà compris que SADE est devenue une star du jour au lendemain et que la richesse de sa musique n'a d'égale que sa beauté. Ça fait beaucoup pour une seule artiste, débutante qui plus est, suave et intimidante. La belle Nigeriano-Britanique, qui s'impose d'emblée comme une diva de la neo soul, annonce l'arrivée de SIMPLY RED et de JAMIROQUAI dans la paysage outre-manche.

A part ceux qui ont l'album, on reconnaît certains des autres morceaux de Diamond Life, qui passaient à l'époque à la radio. Folasade continue de chanter les vicissitudes de la situation féminine sur "Sally" à la basse ondoyante et à l'ambiance dramatique à nouveau rehaussée par le judicieux saxophone. "Cheery Pie" oeuvre dans ce même registre en plus véloce, et voyez donc cette vidéo en live, si vous restez de marbre devant le spectacle magnifique de cette féminité quasi divine, je sais plus quoi vous dire.

On ne change pas une formule qui tourne toute seule. Alors, "Frankie’s First Affair" a beau sortir du même tonneau, elle ne présente toutefois pas les mêmes qualités, s'avérant un titre moins original. Et toujours cette constance dans l'expression des rapports humains, on continue avec "I Will Be Your Friend" et ses "ouhouhouh" de belle tenue. Enfin, la seule reprise de cet ensemble est "Why Can’t We Live Together ?" de Timmy THOMAS, qui ne dépareille pas dans cet ensemble. Ces trois derniers titres ne sont cependant pas du même niveau.

Rolling Stone va référencer ce premier album à la 200ème place de leur liste des 500 plus grands albums de tous les temps. En plus de toutes les récompenses obtenues par le groupe en cette année 84, c'est balèze ! 10 millions d'exemplaires s'écoulent de par le monde. C'est classe, non ? Pas un seul titre ne dépareille dans cette galette, on peut bien sûr déplorer le manque de variété au final car tous les titres sont du même style néo soul, mais quel style tout de même ! Je n'atteins pas la note maximale, la faute au manque d'originalité des titres entre eux ainsi qu'à quelques morceaux moins performants. Ce premier album est malgré cela un véritable classique.