Si vous avez l'impression que l'icône de la soul britannique n'a pas changé d'un iota, alors je vous donne raison. Pourtant, plus de huit longues années se sont écoulées depuis son dernier album en date. Le temps n'a aucune prise sur Folasade Adu, c'est une certitude. Je trouve même qu'elle se bonifie avec l'âge. Bref, nous en sommes à peine à son cinquième album, quelle minuscule discographie ! Pendant cette éternité, les médias se sont un peu déchaînés en montant sur pied des théories de tout genre : des soucis psychologiques, des problèmes de drogue, des difficultés dans sa vie sentimentale. Le seul élément probant est qu'elle est devenue maman d'une petite fille.

"By Your Side" est plus une bluette poppy que la plupart de ses autres classiques, mais la sauce prend bien. Le hammond qui soutend la mélodie et le chant plus mainstream qu'à l'accoutumée contribuent à faire de ce titre un moment spécial dans la carrière déjà riche de SADE. La charmante vidéo, romantique à souhait, en rajoute encore un brin. "King Of Sorrow" prend la suite et on replonge aussitôt dans la tristesse chère à la chanteuse, avec une tranche de vie narrée sous l'angle de la difficulté, comme la vidéo tournée à Puerto Rico le montre : une Folasade en mère célibataire qui jongle entre travail et chant. Un joli moment de grande émotion, belle orchestration et ambiance un peu latina.

Quelques vibes trip-hop émanent de "Flow" et "Immigrant", assez quelconque, puis de "Somebody Already Broke My Heart" qui sortira en single après la sortie du Live deux ans plus tard. Tout ceci manque un peu de fond. L'éponyme "Lovers Rock", toujours avec des percusssions modernistes, n'est pas plus solide. "All About Our Love" reprend un peu les idées pop développées dans "By Your Side", avec une atmosphère aquatico folk. Une guitare presque atone retentit sur "On". On note "The Sweetest Gift" avec un joli chant, dans une ambiance presque country. Le refrain de "Every World" surprend, voilà des notes auxquelles l'artiste ne nous a pas habitués. Quelques aspects rocksteady peu convaincants planent sur "Slave Song". Enfin, l'ambient "It’s Only Love That Gets You Through" est un bel instant de douceur, mais qui ne perce pas par sa mélodie.

Si vous avez suivi ma kro, vous n'êtes pas sans remarquer qu'en dehors des singles, rien ne perce la lumière du jour. Il nous reste donc les deux singles de cette livraison, tous deux fort élégants, mais qui ne permettent pas à ce cinquième opus d'enregistrer une aussi bonne note que ses prédécesseurs. Je suis donc sur un deux, sans doute un peu sévère, mais il fallait stigmatiser cette perte de niveau. La fan base n'en a cependant cure et cet opus se vend exactement comme ses petits camarades, autour des 10 millions d'unités de par le monde, une sacrée performance !