En aout 1996, OASIS est sur le toit du monde. L’année précédente le groupe a sorti son second album, (What's the Story) Morning Glory ? qui a remporté un succès colossal amplement mérité. Avec plus de quatre millions d’exemplaires, il est le troisième album le plus vendu en Angleterre où il remporte le prix du meilleur album britannique des trente dernières années, lors des Brit Awards. Le disque apparait dans presque tous les classements des albums incontournables et est considéré par beaucoup comme un album emblématique de son époque.

Surfant sur ce raz de marée, le groupe organise deux concerts évènements les 10 et 11 août 1996 dans le parc de Knebworth (Sud de Londres), devant 250 000 spectateurs. Tous les billets trouvant acquéreurs en une journée. La légende prétend que 2,5 millions de fans avaient tenté d’acheter un billet. Peu de temps après, un très bon album pirate Knebworth Park qui capture la seconde de ces deux dates avait immortalisé cet évènement. Mais, pour fêter les vingt-cinq ans de ces concerts, le groupe a décidé de sortir l’artillerie lourde en sortant en DVD / Blu-ray un documentaire sur ces deux dates. Film confié à Jake SCOTT, le fils de Ridley SCOTT. Au même moment est sorti un album live audio de ces deux concerts.

Fidèle à son image, le groupe s’y montre très à son aise, limite suffisant, conscient d’avoir devant lui un public tout acquis à sa cause. En évoquant ces concerts Noel GALLAGHER déclara d’ailleurs : « Nous avions le sentiment que les fans seraient avec nous quoi qu’il arrive et nous avions droit à l’erreur. Ce n’est pas comme si nous devions conquérir une audience. Nous ne le savions pas alors, mais c’était le pic de la carrière du groupe ». Difficile de dire si cela est de la froide lucidité ou de la mégalomanie mal maitrisée.
Toujours est-il que cela est particulièrement sensible sur "Morning Glory" durant lequel le groupe affiche une décontraction et une assurance sans faille.

Et de fait, le groupe déroule une set-list assez imparable avec sa morgue habituelle. Pour l’occasion, il a fait appel à de nombreux musiciens additionnels. Notamment une floppée de cuivres, de violonistes et d’un harmonica. Cela est assez sensible sur certains titres, à l’image de "Round Are Way" ou de "Wonderwall". Mais également sur les titres interprétés dans des configuration plus acoustiques. Si le comportement du groupe sur scène peut un peu irriter (voir Liam en gros pull informe, lunettes de soleil et moue dédaigneuse, peut un tantinet crisper), il y a lieu de convenir que les interprétations sont carrées et que l’ambiance apportée par le public rend le tout assez savoureux.

Entre autres surprises, on peut y entendre le groupe interpréter "My Big Mouth" et "It's Gettin' Better (Man !)" qui sont alors des inédits qui n’apparaitront que sur leur album suivant, Be Here Now[fi ]. Mais également "Acquiesce" qui était la face B de "Some Might Say", et qui apparaitra ensuite sur le Best of Stop The Clocks (2006). Il est a noter que cette chanson est la première sur laquelle les deux frères GALLAGHER se sont partagé le micro. Enfin, lors du rappel, John Squire, le guitariste des STONES ROSES vient accompagner OASIS sur une version un peu brouillonne du hit "Champagne Supernova", puis lors d’une reprise du "I Am the Walrus" (Magical Mystery Tour, 1967) des BEATLES. Il est à noter que c’est la seule des vingt chansons interprétées par le groupe dont Noel GALLAGHER n’est pas l’unique compositeur. C’est dire la prépondérance du guitariste au sein du groupe à cette époque. Lors de cette tournée, le groupe reprenait parfois un autre titre des Beatles ; "Octopus's Garden" (Abbey Road, 1969), qui était collé à "Whatever", mais ce n’est pas le cas dans cette version.

S’il y a lieu de privilégier le DVD, dont je n’ai malheureusement vu que quelques extraits, mais qui semble de grande qualité et accompagné de nombreuses prises de vue hors scène, cet album audio reste intéressant. Il montre un groupe qui déroule avec facilité ses tubes devant une marée humaine conquise. Mais qui sait également mouiller la chemise et se montrer affuté et belliqueux comme c’est le cas sur "Supersonic".
Le bon concert, au bon moment.