Je ne pensais pas entamer WHAM! par ce bout-ci de la lorgnette mais soit. Longtemps, j’ai plutôt songé à Make It Big, album préféré de Deadpool jugeant son iconique "Careless Whisper" comme la meilleure chanson de tous les temps. Une opinion qui peut se défendre aisément. Mais l’angle d’attaque choisi revêt somme toute du sens au vu de la période actuelle.

Mais regardez-moi cette pochette, bon sang ! Andrew RIDGELEY déguisé en renne, en train de se bidonner en pensant au ridicule de la scène ou simplement parce que le Santa George MICHAEL lui a raconté une petite histoire drôle ou soufflé ce qu’il lui avait réservé comme présent. Un Père Noël saillant, à la boucle d’oreille brillante et aux longs cheveux recouverts d’un bonnet. Celui-ci, ce ne sont pas autant les jeunes enfants qui l’attendent impatiemment mais plutôt la maman, avec des petits gâteaux et un verre de lait ! Bien entendu, la neige complète la scène parfaite, hivernale et chaleureuse.

Cette même poudreuse arrosant les montagnes résidant dans les Alpes suisses, cadre du clip réalisé par Andy Morahan pour le titre "Last Christmas".

2 jeeps imposantes arrivent à l’écran. En sortent MICHAEL et sa fiancée, accompagnés d’amis, venus passer de festives vacances sur les sommets de Saas-Fee. Le regard du chanteur croise ceux de RIDGELEY et surtout de sa compagne. On sent d’ores-et-déjà un malaise se créer.

Après un passage dans le téléphérique, nous voici arrivés dans notre chalet. Il est temps de décorer la bâtisse, monter le sapin. Les regards se croisent à nouveau, volés, par suite d’une maladresse. Le souvenir fait mal, même ensuite entre deux bouchées, gorgées. Toutefois, il faut avancer coûte que coûte, ne plus y penser, même si la proximité n’arrange rien, rappelant tout ce qui se produisit un an auparavant. La même erreur ne serait pas commise cette année.

Composée par MICHAEL un dimanche dans sa chambre d’enfant chez ses parents, puis élaborée avec un synthétiseur, une boîte à rythmes et des grelots de traîneau, la chanson véhicule une nostalgie bouleversante des Noëls familiaux, en retranscrivant parfaitement le climat nativiste – qui fut d’ailleurs reproduite dans le studio par le chanteur pendant l’enregistrement qui se déroula en août ! Les sapins, les odeurs familières, le chat auquel on file le bout noir du saumon, le feu de cheminée crépitant et faisant pleurer les yeux fragiles des plus anciens. Et puis enfin la remise des premiers présents à minuit pile avec en fond sonore les tubes des années 80 diffusés par les chaînes musicales du câble. Vin, eau gazeuse, café, champagne. On a toujours soif et faim dans ces soirées, la nuit n’en sera que plus plombée !

La chanson est couplée à l’énormissime "Everything She Wants" qui, par un contraste intelligent, distille une ambiance plus chaleureuse via des extraits de concert. Le texte n’est cependant pas plus réjouissant avec un narrateur confronté à une femme matérialiste jamais satisfaite – une groupie ? Musicalement, le titre est un écrin dansant et imparable au chant magnifique de MICHAEL, auquel répondent les chœurs inspirés dispensés par RIDGELEY.

Le single, dont les revenus ont été consacrés à la famine touchant l'Éthiopie entre 1984 et 1985, a atteint la première place dans une multitude de pays, s’écoulant même à près de 6 millions d’exemplaires. Étonnamment, elle n’atteignit la plus haute marche en Grande-Bretagne qu’au cours de la dernière semaine de 2020, bien qu’elle y fût la chanson de Noël la plus jouée du vingt-et-unième siècle, avant d’être dépassée par "Fairytale Of New York" des POGUES en 2015.

Un succès relancé bien malgré lui par MICHAEL lui-même qui s’éteint d’un arrêt du cœur le 25 décembre 2016. Une coïncidence pour le moins troublante, voire dérangeante, pour qui chantait Au dernier Noël, je t’ai donné mon cœur….

Toutefois, notre playboy n’a plus besoin de s’en préoccuper à présent. Il ne connaîtra plus de dernier Noël, seulement une multitude de fêtes sans fin. Nous, on en ajoute un de plus à la longue liste pré-limitée, cochant machinalement la case supplémentaire, au risque de ne plus pouvoir bientôt les distinguer.