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The SWEET INSPIRATIONS - What The World Needs Now Is Love (1968)
Par LE KINGBEE le 15 Janvier 2022          Consultée 834 fois

A l’heure où ces lignes apparaitront sur le site, le label SoulMusic édite "Let It Be – The Atlantic Recordings (1967-1970)", un coffret de trois CD regroupant cinq albums dont quatre disques orientés sur la musique séculière.

On peut s’interroger sur le manque de succès commercial de cette somptueuse troupe de choristes. Jerry Wexler et la firme Atlantic ont probablement cantonné les quatre chanteuses dans un rôle de choristes, une façon comme une autre pour qu’elles ne fassent pas d’ombre aux stars du label. Pendant plusieurs années, les SWEET INSPIRATIONS furent les principaux ingrédients des disques vedettes d’Atlantic, on les retrouve entre autres aux côtés d’Aretha FRANKLIN, Solomon BURKE, Wilson PICKETT, Dusty SPRINGFIELD et du KING. Le quatuor s’était également fait remarquer en participant à "Electric Ladyland" d’HENDRIX et à la seconde galette des Box Tops.

L’historique de ce disque tend à prouver que la firme Atlantic veillait scrupuleusement sur la carrière des quatre chanteuses employées majoritairement dans des costumes de choristes. Entre la sortie du premier disque éponyme et cet opus, Atlantic avait publié "Songs Of Faith & Inspiration", un album de Gospel sous le nom de Cissy Drinkard & The Sweet Inspirations, un procédé destiné à limiter la marche en avant de la troupe.
Preuve s’il en est qu’Atlantic veillait à réguler avec minutie le parcours des Sweet Inspirations, ce disque provient de sessions faites de bric et de broc : cinq titres sont enregistrés à New York le 22 et 24 avril 1968, le 24 mai quatre autres chansons gravées à Memphis viennent s’ajouter. Comme il manque trois titres pour coller au format standard de l’époque avec les fameuses 12 pistes par album, Atlantic agrémente l’album avec "That’s How Strong My Love Is" et "I Don’t Want To Go On Without You" issues de deux sessions newyorkaises d’avril 67. "Walk In My Shoes" enregistré à Memphis le 24 aout 67 viendra finaliser la galette. Au vu de ces éléments, il ne fait guère de doute que le label poussait les quatre chanteuses à enregistrer quand un studio était inoccupé, un peu au petit bonheur la chance sans réel fil rouge, si ce n’est la qualité des harmonies vocales et des orchestrations.

Nous sommes donc en 1968, l’actualité n’est guère réjouissante, les Etats Unis viennent d’expédier au Vietnam la bagatelle de 50000 appelés qui vient s’ajouter aux 500000 soldats pataugeant dans le Mekong. En Caroline du Sud, on découvre trois étudiants blancs militant pour les Droits Civiques morts alors que le 4 avril Martin Luther King est abattu à Memphis, assassinat suivi de nombreuses émeutes. En fin d’année Nixon est en passe de remplacer le président Lyndon Johnson.
Tout va si bien dans un monde en pleine ébullition, qu’une petite dose d’amour ne serait pas superflue, ce que semble indiquer le titre de l’album. Il n’y a dans cet intitulé aucun lien avec le Summer of Love ou toute orientation religieuse.

L’album s’ouvre sur deux compos de la paire Burt Bacharach/Hal David : "Alfie", titre issu de la bande originale de la comédie dramatique "Alfie le dragueur" avec Michael Caine. Si CHER avait le privilège d’interpréter la chanson dans le film, Cilla Black la popularisera en Angleterre. Balade sentimentale reprise à tire-larigot, "Alfie" vaut ici principalement par la qualité des harmonies vocales et d’une orchestration sonnant nettement moins violoneuse et mielleuse que dans de nombreuses reprises de type guimauve. Second emprunt au tandem Bacharach/David avec "What The World Needs Now Is Love" gros succès de l’américaine Jackie DeShannon qu’on retrouvera au générique du film "Bob et Carol et Ted et Alice". La chanson donne son titre à l’album et se révèle comme un clin d’œil face à une société américaine dont les mœurs et le quotidien sont en constante permutation. Si on reste souvent attaché à la version originale, les Sweet Inspirations nous en délivrent une excellente reprise se rapprochant de celle des STAPLE SINGERS. Le morceau sera adapté chez nous par Christine Fontane et chanté par les Surfs sous l’intitulé "Tant que tu seras … ", adaptation qui perd une grosse partie de son âme.
Les premières influences religieuses du groupe sont clairement évidente sur "To Love Somebody", une guimauve sentimentale des BEE GEES. Si la chanson compte plus de 200 covers, les Sweet Inspirations nous en délivrent l’une des meilleures avec celles de Rosetta Johnson et Roberta FLACK. Chez nous autres, Vline Buggy, l’une des frangines Konyn, l’adaptera avec "Si j’avais le courage" chanté par Herbert Leonard. Belle reprise de "Am I Ever Gonna See My Baby Again", une balade sentimentale passionnée d’Aldora Britton. Autre pièce pleine de légèreté avec "I Don’t Want To Go On Without You", une petite guimauve bien moelleuse de Bert Russell (alias Bert Berns) immortalisée par les DRIFTERS et les MOODY BLUES. Si les violons sont de sortis, la qualité des harmonies vocales prend encore le dessus.


Au rayon des pièces plus nerveuses, "Walk In My Shoes", œuvre des Sœurs Lewis popularisée par Gladys Knight & The Pips, booste remarquablement l’ensemble. Le ton monte d’un cran avec "Watch The One Who Brings You The News", une compo de Don COVAY. Là, pour un peu on croirait entendre Betty DAVIS, la guitare se fait funky alors que les cuivres soufflent la tempête se confondant avec les trompettes de Jéricho.

Composée à l’origine pour le film "Unchained" (Prison sans chaines), "Unchained Melody" connaitra plusieurs flambées dans les charts avec les succès de Les Baxter puis de Roy Hamilton. Au milieu des sixties, les Righteous Brothers ˟ lui donneront une seconde vie catapultant la chanson au sommet des charts. A l’instar de Negro Spirituals et de certains prêches, les chœurs contribuent à une montée intense renforçant la voix de tête. On termine en trombe avec "That’s How Strong My Love Is" popularisé par O.V. WRIGHT. Si l’original frisait les sommets de la Deep Soul, la version des Sweet Inspirations n’a rien à lui envier. Les amateurs de Rock et de British Blues préfèreront peut-être celle des STONES, les gouts et les couleurs ça ne se discute pas, même si là on n’est pas dans la même catégorie.

Trois compos de Cissy Drinkard Houston (maman de Whitney) viennent agrémenter le tableau : "You Really Didn’t Mean It" n’est pas totalement convainquant, la faute à une voix de tête qui monte trop en gamme. "Where Did It Go" avec son intro d’orgue churchy nous renvoie vers les fondations d’un Gospel. A contrario, "I Could Leave You Alone" se révèle largement plus musclé et pourrait très bien s’inscrire dans un album d’Yvonne FAIR ou de Tina TURNER.

Intrinsèquement, ce disque se situe un ton en dessous de l’éponyme. Les arrangements et l’orchestration sont d’un niveau identique, Atlantic et Arif Mardin ont juste cru bon de rajouter des violons, instruments qui selon nous ne s’imposaient pas. Autre petit hic, Cissy Drinkard Houston, annoncée sur le départ, en fait un peu de trop forçant quelque peu sur sa voix. Dernière remarque, la liste des accompagnateurs n’est ici que suggestive, aucun renseignement précis n’a été archivé, on sait juste que les orchestres de King Curtis et du producteur Arif Mardin ont participé aux diverses sessions. Les noms proposés résultent de nombreuses écoutes et de recoupements.

˟Seul Bobby Hatfield chante la chanson, son compère Bill Medley n’était pas présent lors de la session. C’est la version des Righteous Brothers qu’on entend dans le film "Ghost" avec Demi Moore et Patrick Swayze

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- Cissy Houston (chant)
- Myrna Smith (chant)
- Sylvia Guions-shemwell (chant)
- Estelle Brown (chant)
- Billy Butler (guitare)
- Al Chernet (guitare)
- Ron Carter (basse)
- Gene Chrisman (batterie)
- King Curtis (saxophone)
- Frank Wess (saxophone)
- Joe Newman (trompette)
- Jimmy Cleveland (trombone)
- Ernie Hayes (orgue)
- Paul Griffin (piano)


1. Alfie
2. What The World Needs Now Is Love
3. To Love Somebody
4. Watch The One Who Brings You The News
5. Am I Ever Gonna See My Baby Again
6. Unchained Melody
7. You Really Didn't Mean It
8. Walk In My Shoes
9. Where Did It Go
10. I Could Leave You Alone
11. That's How Strong My Love Is
12. I Don't Want To Go On Without You



             



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