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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  TRIBUTE

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- Style + Membre : Fredericks / Goldman / Jones

GOLDMAN JEAN-JACQUES - L'heritage Goldman Vol. 1 (2022)
Par MARCO STIVELL le 31 Janvier 2022          Consultée 2330 fois

20 ans déjà ! Vingt années sans Jean-Jacques GOLDMAN, sans nouveau disque ; le temps passe si vite ! Les Enfoirés, les chansons par-ci par-là tels quatre mots jetés sur un piano, ça ne compte pas, sauf si l'on est vraiment mordu de celui qui, malgré sa discrétion extrême depuis une dizaine d'années, retrouve régulièrement sa place de personnalité préférée des Français. C'est pour cela que d'autres tiennent à faire vivre sa musique, à commencer par ses proches. Parce que Génération Goldman (deux volumes en 2012 et 2013), ça non plus ça ne compte pas, non surtout pas !

L'Héritage Goldman, ainsi nommé plus précieusement, est à l'initiative d'Erick Benzi et de Michael Jones. Soit le plus vieil 'ami' musical et proche collaborateur depuis les années TAÏ PHONG, interprète d'un duo inoubliable ("Je te donne", 1986) et deuxième ou troisième moitié d'un trio vocal des plus intéressants entre 1990 et 1995 (Fredericks-Goldman-Jones.). Benzi, lui, a été l'autre collaborateur principal de GOLDMAN en studio de préférence et depuis le début des années 90.

Le ton souhaité pour cette réappropriation des chansons de notre Jean-Jacques national est plutôt gospel, classique ou folk, sans trop dénaturer celles qui l'étaient déjà ("Il y a", 1987, en tête). De fait, outre le concours quasi permanent du Choeur Gospel de Paris, l'arrangement de base pour ce disque se résume à des claviers (piano et orgue Hammond), des guitares plutôt folk et douces que rock (tenues par Kilian Arzel, fils de Gildas), une (contre)basse qui n'est pas celle de Claude Le Péron (bassiste favori de GOLDMAN entre 1984 et 2003, décédé courant 2020), remplacé par Renaud Garcia-Fons.

Pour finir, les cordes (violon et violoncelle) des soeurs adorables et talentueuses Camille et Julie BERTHOLLET, devenues célèbres grâce à leurs propres hommages. Ce sont d'ailleurs elles qui ouvrent le bal avec un "Prologue du signe", instrumental entre baroque et musique Europe de l'Est, inattendu et franchement trop court.

La spécificité de l'album, c'est son recours à des vocalistes relativement peu connus ou fraîchement sortis de télé-crochets comme MARGHE et MENTISSA, toutes deux présentes dans la session 2021 de The Voice, de même que le Toulousain CYPRIEN. Tomislav MATOSIN, aux origines croates, le Bas-Normand Cyrille Malinosky alias NÉRAC, ainsi que la Ligérienne Mary COOPER (Mme Michael Jones), eux, viennent plutôt de la chanson indé blues-rock et folk imprégnée de grands espaces américains et ont déjà travaillé avec Jones ou Benzi. Les seuls noms établis depuis quelques temps, familiers au grand public sont ceux de Marina KAYE et de Lilian RENAUD.

Après le "Prologue du signe", se voit enchaînée la version totalement transfigurée de l'une des plus grandes chansons de rock français. Piano caressant de Benzi, cordes BERTHOLLET, basse mélodique et le choeur en temps et en heure sur l'unique refrain, planant sur les derniers couplets. De quoi offrir un beau soutien à Tomislav MATOSIN pour ce qui demeure une réussite. "Il suffira d'un signe", plus proche de ce que faisait GOLDMAN au milieu des années 90, laisse espérer le meilleur pour la suite.

MATOSIN, plutôt dans la douceur au départ, revient avec "Je te donne", en duo avec Jones naturellement, où il peut balancer lors du final un peu plus de hargne bluesy (pour le clip, il est remplacé par Jean-Jacques SEBA). Le tout reste lent et posé, en accord avec les ballades qui sont légion, un peu trop. On ne peut s'en plaindre toujours, dans la mesure où les arrangements sont plaisants, comme sur "Il y a" chanté par Lilian RENAUD, avec ce choeur féminin fantômatique.

L'aspect exotique sous-jacent chez GOLDMAN (hormis "À Nos actes manqués"), est davantage exploité sur "Juste après" avec ses voix rythmiques un rien maladroites qui reprennent le phrasé de clavier originel. Le trio The Voice 2021 y est représenté avec de l'Auto-Tune bien audible hélas, et ne brille vraiment que lors du dernier couplet en harmonie pleine d'éclat. MARGHE et MENTISSA, sans CYPRIEN cette fois, viennent donner un corps plus afro-soul à "Famille" qui passe mieux à la réécoute. CYPRIEN, lui, semble un peu trop scolaire sur "Puisque tu pars".

On peut aisément préférer "Là-bas", avec NÉRAC et Anne-Sophie SEBA, plus folk et même meilleur selon moi que bon nombre de versions live qu'en avait fait GOLDMAN de son temps. "Sache que je" avec Mary COOPER, malgré sa propreté sonore bien trop actuelle, est délicieusement soft, avec les percussions de Benzi comme en 97, l'arpège de guitare qui remplace le clavier et l'extraordinaire solo de contrebasse par Garcia-Fons.

Deux de mes cinq chansons favorites de GOLDMAN sont présentes : "Quand tu danses" (piano en lieu et place de la guitare cette fois !), linéaire mais splendide grâce à NÉRAC et le choeur en tapis derrière, aux frottements d'accords suspendus ; "Elle ne me voit pas", la trop vite oubliée, finale du film Astérix Contre César d'Alain Chabat en 1999, dédiée à ceux qui aiment en sens unique. Sans surprise, sinon par leur présence (de même que "Fermer les yeux"), ces deux-là confirment que L'Héritage Goldman, dans son sens 'précieux', possède des atouts certains. Le final de l'album, orienté celtique, donne un avant-goût de ce que sera le second volume, paraît-il.

Toutefois, et alors que les trois artistes indé constituent de belles découvertes, donnant envie de se plonger dans leurs oeuvres respectives, automatiquement cela entraîne la partie The Voice vers une appréciation plus fragile, tout comme les chansons qu'ils reprennent. Les arrangements, fins et très travaillés en ce qui concerne la chorale et les cordes, confinent le tout à un registre gentil et ce n'est pas exactement ce que l'on attendait d'un travail sur GOLDMAN par ses proches.

Si fortes que soient les chansons par leurs messages, leur mélodie, GOLDMAN, c'est aussi du rock, une forte dose de musicalité pour partie héritée des années TAÏ PHONG et des groupes anglo-saxons qui poussaient les chansons à des improvisations en concert, rallongeant la durée. Le public français moyen peut s'y perdre et, malgré l'obédience classique, c'est toujours lui qui est visé.

Certes, le disque aurait vite semblé hésiter entre rock et ballades, comme au temps du principal intéressé. Mais pourquoi avoir été si drastique et écourté "Pas toi" auquel se prête fort bien la divine Marina KAYE, occulter ce qui aurait pu donner vie à un formidable solo de saxophone, pour créer la surprise et mieux rappeler que cet instrument a été cher à GOLDMAN (un peu trop parfois d'ailleurs durant les années 80), tout comme la guitare, le clavier, le violon ? Malgré les beautés indéniables de cet effort, plane une pointe de déception, de facilité.

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   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Marghe, Mentissa (chant)
- Anne-sophie Séba (chant)
- Marina Kaye, Mary Cooper (chant)
- Cyprien, Nérac (chant)
- Tomislav Matosin (chant)
- Lilian Renaud (chant)
- Michael Jones (chant, guitare)
- Erick Benzi (claviers, percussions)
- Renaud Garcia-fons (contrebasse)
- Kilian Arzel (guitare)
- Camille Berthollet, Julie Berthollet (cordes)
- Le Choeur Gospel De Paris


1. Le Prologue Du Signe
2. Il Suffira D'un Signe
3. Là-bas
4. Il Y A
5. Juste Après
6. Quand Tu Danses
7. Famille
8. Sache Que Je
9. Pas Toi
10. Je Te Donne
11. Fermer Les Yeux
12. Elle Ne Me Voit Pas
13. Puisque Tu Pars



             



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