Vous allez rire, mais figurez-vous que, pour une fois, la photo de couverture de notre désormais sexagénaire bellâtre n’a rien d’une blagounette, et voilà ! Aujourd’hui, Bryan ADAMS, prince des éléphants et king des pensions alimentaires, s’est mis à faire dans le pragmatique, c’est comme ça ! On aura tout vu, messieurs dames ! Cette belle tof en noir et blanc - et oui on reste un artiste photographe damned ! - symbolise le retour à la liberté après deux longues années de disette touristique et financière pour nos artistes musicaux. Ainsi juché sur sa belle bagnole américaine, Bryan peut repartir à l’assaut des scènes mondiales, ainsi que des groupies idoines, de quoi s’attendre à de nouvelles pensions alimentaires. Nous sommes restés sur deux excellentes livraisons précédemment et tout semble aller pour le mieux pour Bryan, à la tête de ses cent millions d’albums vendus.

L’éponyme titre "So Happy It Hurts" a déjà six mois. On a découvert ce titre fun bien rock, et sa vidéo hilarante, avec pas mal de plaisir. Le refrain se laisse bien apprivoiser, et Bryan semble s’amuser comme un fou dans cette vidéo avec vieille dame, gros cul, metalleux, clebard, ça part dans tous les sens comme à chaque fois. Est-ce une profession de foi, ce bonheur de pouvoir repartir sur les routes ? On continue avec "On The Road", suite logique de la précédente, et Bryan tout de cuir vêtu, plus rock star que jamais, c’est tout de même moins brillant mais le riff de gratte est bien sympa.

"Kick Ass" débute par un petit monologue de John Cleese, un titre hard’n’roll de belle allure. C’est une collab' avec Mutt Lange et ça s’entend diablement ! Plutôt fendard comme ambiance, y'a pas assez de rock dans le monde, c’est une certitude ! Bah, faut admettre que pour les générations qui se pointent, ça craint même carrément ! Puis c’est "Never Gonna Rain", avec un traitement trop pop et propre sur lui, mais voyez donc notre triomphant Bryan à la basse sur la vidéo ! On en termine avec la petite ritournelle de "Always Have, Always Will", plus sympa ce petit rocksteady grivois, et la voix reconnaissable entre mille du sexagénaire le plus convoité de la planète.

Sinon, c’est du Bryan ADAMS dans le texte : du pur soft-rock à la "Just About Gone", folk-rock sur "You Lift Me Up", puis on revient vers le pop-rock classique sur "Just Like Me, Just Like You", petite chanson toute simple. Quasi comptine de feu de camp sur "Let’s Do This" puis "I’ve Been Looking For You" est un vrai petit rock’n’roll de derrière les fagots, rien de ramenard mais très sympa. "I Ain’t Worth Shit Without You" sonne presque tel un titre de hard-glam des eighties, pas si loin que ça de MOTLEY CRUE ou d’un RATT, avec ce petit côté pop en plus bien sûr. On finit sur "These Are The Moments That Make Up My Life", avec un petit côté 'un homme se penche sur son passé', comme MELLENCAMP vient de le faire chez les collègues ricains.

Bref, pas de quoi en pondre un fromage ! Pas un instant de faiblesse sur ce disque mature et rassurant, mais il y a bien longtemps que Bryan a compris comment fonctionnait le système. Il sait composer et jouer le jeu à merveille, plusieurs des titres ici présents sont bien lumineux comme il se doit après cette période de disette. Bryan a d’ailleurs tout fait lui-même pour cet album, et s’est même improvisé batteur pour les besoins de la cause. Le talent est toujours là, même s’il est clair que ce genre de musique aura bien des difficultés à faire recette auprès du jeune public. Nous sommes sur un 3,5 que j’arrondis à l’inférieure car il manque tout de même quelques éléments de surprise.