Quand on a été un des plus grands dragueurs de la Création, ça laisse des traces. Alors lorsque Bryan se réveille un beau matin tout grisâtre, tout vilain au canonique âge de bientôt 55 berges dans son penthouse avec vue panoramique sur la baie de Vancouver, il se dit que c'est possiblement la fin des haricots. Que reste-t-il pour se poser en star de la zique internationale ? Il a déjà beaucoup fait – trop ? – en matière de concerts, de soutien aux ONG mondiales et extraterrestres. Pas beaucoup de soluces... Que vont devenir les ménagères de désormais plus de soixante printemps qui le suivaient tel le lait sur le feu ? Ta Taaaa ! Voyez plutôt... Je m'en vais poser une mignonne photo de mes 20 ans, avé les cheveux longs té bien sûr allons, et je vais faire de la reprise des chansons que j'aime, accessoirement certains des plus grands standards de la zique populaire... Je ne sais pas si ça suffira pour continuer à payer toutes les pensions alimentaires de tous ses enfants illégitimes. Mais là encore le procédé est révulsant. Tu n'es qu'un pitre, Bryan ! Tout ça pour continuer à faire le joli cœur. !

Bon bref, on va se le faire en mode chronologie le bellâtre ! Ouais il est allé piocher un peu partout le cochon, z'allez voir... Comme avec les femmes, baah ça me dégoûte ! Alors ça débute avec des standards du rock'n'roll : parce qu'en plus, il croit m'amadouer en reprenant du COCHRAN ! Ouais, il y a "C'mon Everybody", pppfff, et puis notre colombinus britannicus ne passe pas par quatre chemins, il reprend du Chuck BERRY : le standard "Rock'n'Roll Music"... Hein ? Ah ouais ! ouais ! Ces versions sont excellentes et super couillues. Rajoutons le "I Can't Stop Loving You" popularisé par Ray CHARLES, dans une version très originale.

On passe aux sixties – ouais, il va toutes les faire le blaireau, ça ratisse large au Canada. Ça part avec les BEATLES, pour faire simple : la "Anytime at All" du grand Johnny. Ça continue avec DYLAN et son "Lay Lady Lay" tirée de Nashville Skyline. Toujours en 69 – je vous dis et vous répète que c'est un cochon ! On retrouve le "Down on the Corner" du CREEDENCE CLEARWATER REVIVAL. Sa version super lente de "God Only Knows" des BEACH BOYS est d'une originalité terrible, oui... encore 69 – bin tiens ! – la sublime "Many Rivers to Cross" de ce cher Jimmy CLIFF trouve une seconde vie avec la reprise de notre Bryan des îles.

Bah, faut causer de "Sunny" ? Ouais ? Une des chansons les plus connues et reprises de l'Histoire, magnifique mélodie dont le monde a retenu les versions de CHER et de BONEY M. Croyez-moi, la version de Bryan des bois les enfoncent. Une pure merveille. Sinon, cette version du "You Shook Me" de Muddy WATERS se laisse écouter avec pas mal d'enthousiasme, bien méchante. Pis y a de la seventies, un tout petit morceau avec "Kiss and Say Goodbye", dans une version un poil mollassonne à mon goût.

Ouais y a aussi de l'original. Bin ouais faut bien gagner quelques pépètes tout de même, c'est pas avec des reprises percluses de droits d'auteurs qu'on va s'en sortir. "She Knows Me" simplissime et toute tranquille, grosse guitare, petit refrain pas vraiment couillu, mais qui se laisse écouter, sert donc de single… Je vous parie une tranche de mortadelle bulgare qu'elle ne connaîtra pas les honneurs du top du billboard. "You've Been a Friend to Me" est toute aussi sympa et sans intérêt.

Bon, nous y sommes. Le dragueur canadien vient de balancer ses dernières forces dans la bataille, un vrai grabataire je vous dis. Clairement, plusieurs titres sont superbes : un "Sunny" d'anthologie notamment, "Many Rivers to Cross" ou "God Only Knows". Bien sûr, pas de surprises, ce sont de grandes compositions, il faudrait être un sacré fleuriste pour les foirer, et en matières de fleurs, notre photographe préféré sait de quoi il parle – dragueur va ! Bref, c'est très chouette, très agréable, quelques belles surprises, mais... rien de neuf sous la pluie ! Un 3 qui ne veut rien dire.

Bryan a-t-il réussi son coup ? Franchement, je n'en sais rien...