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- Membre : Beth Hart & Joe Bonamassa

Beth HART - A Tribute To Led Zeppelin (2022)
Par LE KINGBEE le 25 Mars 2022          Consultée 1886 fois

En préambule, ce disque aurait normalement dû tomber dans l’escarcelle de notre ami et collègue Bayou, si ce n’est que celui-ci a rejoint les territoires célestes, les aléas de la vie comme dirait l’autre.

Ne revenons pas sur le parcours de Beth HART, chanteuse au coffre exceptionnel, mais plutôt sur le registre Tribute. Certains pensent qu’il s’agit bien souvent d’un domaine facile : sous prétexte de rendre hommage à un artiste, on reprend servilement les titres d’une icône. Parfois, on dénature inconsciemment les titres originaux afin de se démarquer. Si certains artistes ont fait l’objet de Tributes intéressants, on pense en particulier à Bob DYLAN. Bien souvent, c’est la notion de facilité et de copie qu’on retient, à défaut de celle d’argent facile.
A ce titre, l’industrie du disque a même créé des Tributes Bands, des groupes dédiés à certains artistes et qui se montrent parfois supérieurs aux originaux. Les RABEATS, ONE NIGHT of QUEEN ou AUSTRALIAN PINK FLOYD en sont de parfaits exemples. Bien évidemment, LED ZEPPELIN ne pouvait pas échapper au concept, Dread Zeppelin avait déjà repris à la sauce Reggae le répertoire de Plant et de ses potes du Dirigeable. On a même été plus loin afin de satisfaire les fans avec les hologrammes, un système ingénieux et technique permettant de faire revivre sur scène des artistes décédés ou hors-course, un moyen de se faire du pognon facile sur le dos de fans. Clôturons ici ce débat : après tout, si cela contente certains auditeurs, grand bien leur fasse et n’allons pas chercher midi à quatorze heures.

Revenons à nos moutons, en l’occurrence Beth HART et LED ZEPPELIN. Le lien entre la Californienne et les Londoniens ne date pas d’hier. En 2005, HART reprenait "Whole Lotta Love" sur "Live At Paradiso". Cette fois-ci, le concept prend une forme plus dense avec un album entier, initié par Rob Cavallo, célèbre producteur, multi-instrumentiste et grand manitou de la Warner. Déjà présent dans "War In My Mind", un album bien ampoulé, le producteur auteur de collaborations couronnées de succès financiers auprès de GREEN DAY, Goo Goo Girls, Phil COLLINS ou CLAPTON marque de sa patte ce tribute, notre bonhomme s’offrant un petit plaisir en s’octroyant le rôle de lead guitar.
Enregistré en Californie, ce Tribute regroupe une poignée de musiciens de studio connus : le batteur Dorian Crozier (ex-Rembrandts, Miley Cyrus, Joe COCKER), le guitariste vétéran Tim Pierce (ex-Rick Springfield, COCK ROBIN, Michael JACKSON, Céline DION), le bassiste Chris Chaney (ex-Alanis MORISSETTE, JANE’S ADDICTION, MEAT LOAF) et l’organiste Jamie Muhoberac (ex-Billy IDOL, SEAL, Eros Ramazzotti). Cette line-up dont tous les membres tournent dans le giron de Cavallo évoque un sacré banc de requins sans âme, préoccupés avant tout par leurs rôles de prédateurs. Afin de donner un peu plus d’assise et de cohérence, Cavallo a la bonne idée de faire appel à David Campbell, un arrangeur septuagénaire au curriculum aussi épais qu’un bottin (de Carole KING à Linda Ronstadt en passant par Alice COOPER ou ADELE).

Si cette line-up laisse augurer un arrière-goût fétide, essayons de laisser nos a priori de côté pour décortiquer ces neuf pistes qu’on croirait issues d’un vulgaire "Best Of". Beth HART reprend donc neuf titres de LED ZEP dont deux medleys de deux morceaux curieusement agencés, ce qui fait donc un total de onze chansons. C’est House Of The Holy qui se taille la plus grosse part du gâteau avec quatre titres, vient ensuite Led Zeppelin IV, comme on pouvait s’y attendre, avec trois pistes. Led Zep I parvient à tirer les marrons du feu avec deux titres, alors que Led Zeppelin II et Physical Graffiti ferment la marche avec un titre chacun. Certains trouveront surprenant qu’aucun titre de Led Zeppelin III ou de Presence n’aient trouvé grâce auprès de la chanteuse.

D’entrée, "Whole Lotta Love" laisse une bonne impression à condition de ne pas mégoter sur l’orchestration et sur le chant dont on peut se demander pourquoi lui avoir conforté une sonorité si masculine ? Les choses se gâtent avec "Kashmir". Alors que le morceau est raccourci de 90 secondes par rapport à l’original, on a l’impression que le titre s’éternise pour ne plus en finir. On peut s’interroger sur le choix d’avoir placé "Stairway To Heaven" en troisième piste, d’autant plus que cette version n’apporte pas grand-chose ; stratégiquement, cela fait selon nous figure de non-sens.
Issu de "House Of The Holy", "The Crunge" n’offre aucune limpidité au niveau des instruments. Le morceau a beau être raccourci d’une trentaine de secondes par rapport à l’original, on a l’impression de ne plus s’en sortir, alors que la version de Beth HART ne dure que 200 secondes. En fait, c’est à partir de là que certains se diront que Crozier n’a aucunement le génie de Bonham, que Cavallo n’arrive pas à la cheville de Jimmy Page et tutti quanti.
Même sentiment avec "Black Dog", le mimétisme de la basse ne joue pas, le chant paraît fatigué et les guitares sont terriblement besogneuses. Il n’y a de plus aucune prise de risque, on a l’impression que Cavallo et ses sbires se font surtout plaisir. La reprise n’est même pas aventureuse, à contrario de la version Reggae de Dread Zeppelin ou des plongées Bluegrass des HAYSEED DIXIE ou des finlandais de Steve N Seagulls.
Impression similaire avec "Good Times Bad Times", l’intro de baguettes est moins claire, la basse moins moelleuse le jeu de guitare moins limpide et le chant s’il est rageur ne déchire pas. En guise de fermeture, "The Rain Song" perd une partie de son intensité, comme si on avait bridé certaines fréquences.
Sans méchanceté aucune, ce sont en dehors du titre d’ouverture les deux medleys qui apportent une moindre satisfaction de par leur reconstruction respective. Le premier reprend "Dancing Days" dans une version correcte même si derrière les deux grattes on a l’impression d’entendre un ronflement. Sur la seconde partie, "When The Levee Breaks", il manque l’harmonica qui apportait tant et la transition entre les deux chansons nous parait extrêmement brutale. Le second medley propose "No Quarter" qui gagne au niveau des arrangements, David Campbell parvenant à diffuser une ambiance un peu plus envoûtante tandis que "Babe, I’m Gonna Leave You", tiré d’un vieux Folk d’Anne Bredon, nous laisse une impression mitigée. On a l’impression que Cavallo nous adresse un exercice scolaire, il est vrai que le producteur s’était déjà essayé au morceau avec la chanteuse PINK dans une version assez discutable.

En dehors d’une présentation sous forme d’un digipack cartonné en trois volets avec une pochette dont le lien avec LED ZEP et Beth HART nous échappe, ce disque est un peu en fait comme le slogan publicitaire de Canada Dry, célèbre et insipide soda. Sommes-nous trop exigeants ? Avons-nous trop écouté les albums de Robert Plant et de ses potes ? En gardons-nous un souvenir freudien ? Il ne s’agit aucunement d’un sentiment d’aigreur du genre 'c’était mieux avant', mais on conseille aux néophytes et aux jeunes amateurs de Blues-Rock de se tourner vers les albums originaux de LED ZEP plutôt que sur Tribute, trop servile et interprété par des musiciens de studio certes réputés, mais qui ont certainement tendance à avoir le melon. Annoncé en concert à Paris en juillet, un slogan publicitaire indique que la chanteuse nous fera vivre un tourbillon d’émotions. Souhaitons que Beth HART soit accompagnée par d’autres musiciens que la bande à Rob Cavallo. Pour un peu, on en viendrait presque à regretter l’absence de Joe BONAMASSA, guitariste souvent trop démonstratif à notre gout.

Quelle note donner à ce Tribute ? Il s’agit toujours de la même équation, celle du verre à moitié plein. Entre la qualité des titres originaux et cette copie, coupons la poire en deux. Note réelle 2,5

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   LE KINGBEE

 
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- Beth Hart (chant)
- Rob Cavallo (guitare)
- Tim Pierce (guitare)
- Chris Chaney (basse)
- Dorian Crozier (batterie)
- Matt Laug (batterie 3)
- Jamie Muhoberac (claviers)


1. Whole Lotta Love
2. Kashmir
3. Stairway To Heaven
4. The Crunge
5. Dancing Days / When The Levee Breaks
6. Black Dog
7. No Quarter / Babe I'm Gonna Leave You
8. Good Times Bad Times
9. The Rain Song



             



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