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1990 Passion And Warfare
1993 Sex & Religion
1995 Alien Love Secrets
1996 Fire Garden
1999 The Ultra Zone
2001 Alive In An Ultra World
2005 Real Illusions: Refle...
2009 Where The Wild Things Ar...
2022 Inviolate
2023 Vai/gash
 

- Style : Richie Kotzen , Tony Macalpine , Marty Friedman , Joe Satriani
- Membre : The Winery Dogs, Devin Townsend, Whitesnake, Frank Zappa , Uk, T.m. Stevens
- Style + Membre : G3

Steve VAI - Inviolate (2022)
Par BRADFLOYD le 22 Avril 2022          Consultée 2106 fois

Steve VAI est comme cela. Il peut autant agacer qu’enthousiasmer, diviser sur ces disques autant qu’il peut fédérer durant ses concerts*. D’aucuns ont ainsi quelques problèmes avec sa production pouvant passer pour indigeste, où de multiples couches de guitares se superposent au point qu’il faut revenir plusieurs fois sur l’oeuvre pour en comprendre les subtilités. Et encore en laisse-t-on au passage, sans aucun doute.

Mais plus que son ami Joe SATRIANI qui utilise la plupart du temps les mêmes recettes d’un disque à l’autre (avec une réserve pour le dernier album), Steve VAI innove. Parfois, cela tape dans le vide, mais, la plupart du temps, on peut se demander jusqu’où son imagination fertile va nous conduire, et ceci depuis "Flex-Able" en 1984.

Cela faisait 10 ans que Steve VAI n'avait pas sorti d'album. Je mets entre parenthèses l’intermède "Modern Primitive" sorti en 2016 à l’occasion des 25 ans de "Passion and Warfare" et qui était un ré-enregistrement de morceaux écrits entre 1984 et 1989. Or, l'intéressé ayant l'habitude de sortir des disques différents les uns après les autres tout en gardant une patte reconnaissable entre tous dans la recherche de structures musicales complexes, la dépose du CD dans le lecteur a engendré chez moi un mélange d'excitation et d'appréhension. Qu’allait nous proposer le maître ? Alors, certes, nous avions quelques prémices qui s'étaient manifestés depuis quelques mois déjà, Steve VAI ayant utilisé le temps du confinement pour écrire et produire chez lui, comme nombre d'artistes ne pouvant le faire dans les salles de concert. Ainsi, la vidéo de "Knappsack" réussissait à nous laisser sur le cul, Steve VAI faisant de ce titre traditionnel dans le style de son auteur une véritable démonstration main gauche, son bras droit étant immobilisé suite à son opération de l’épaule. Pour l'anecdote, ce titre est un hommage à l’écharpe mise au point par le docteur Knapp, le chirurgien qui l’a opéré. Entre parenthèses, on pouvait aussi y admirer à loisir sa nouvelle guitare, la Black Onyx PIA, la dernière de ses signatures Ibanez, en tous points magnifique.

Cependant, si certains tics musicaux transparaissent dans ses compositions, il devient clair après plusieurs écoutes que ce nouvel album est tout orienté vers l'innovation. Que ce soit dans le jeu ou, même, visuellement. Mais surtout, cette innovation ne nuit aucunement à la qualité des compositions. Bien au contraire, l'écriture de Steve VAI s'est quelque peu simplifiée en apparence, transformant des compositions toujours aussi complexes et parfois barrées en compositions plus accessibles au grand public.

Dans cet album ne comportant aucune partie vocale tout du long, ce qui est la première fois depuis le début de sa carrière, on peut y déterminer trois types de compositions : premièrement, les morceaux que l'on pourrait qualifier de « traditionnels » dans le style VAI. Dans ce bloc, nous avons "Little Pretty" jouée sur une Gretsch creuse (la guitare des STRAY CATS), ce qui lui donne un son assez particulier, très loin d'être désagréable, "Apollo In Color", la cavalcade d"Avalancha", "Greenish Blues" qui rappelle "For The Love Of God" et qui est une espèce de blues qui n'en est pas vraiment tout en en étant un (c'est le propre de Steve VAI que de transformer les structures établies et les adapter à sa sauce), "Knappsack" et "Sandman Cloud Mist", dernier titre quelque peu dispensable, faisant un peu remplissage même s'il n'est pas désagréable, mais qui permet de voir la section rythmique à son sommet (notamment la batterie de Vinnie Colaiuta). Avec ces titres, nous sommes clairement, soit dans le jazz-funk-fusion à la ZAPPA, soit le heavy metal de la fin des années 80 ou du début des années 90. Enfin, dans ce bloc, "Zeus in Chains" s'apparenterait presque à du SATRIANI complexifié. Une complexification qui n’enlève rien d'ailleurs à sa qualité mélodique tout en gardant la patte de son auteur.

Ensuite, nous avons ce qui pourrait s'apparenter à du Math Rock. Il ne serait pas étonnant, de mon point de vue, que le contact sur certaines scènes avec les groupes CHON ou POLYPHIA ait amené Steve VAI à se tourner vers ce type de composition. C'est le cas sur "Candlepower", un titre qui voit le maestro sortir de sa zone de confort notamment par l'utilisation de guitares qui ne sont plus habituelles pour lui (en l’espèce une strato de chez Fender sans vibrato), et surtout en mixant les techniques de "finger picking" et de "joint shifting", une technique inventée pas lui et visant à faire des bends sur une corde tout en en frottant une autre mais en ne pliant que l'articulation supérieure du doigt indépendamment de tout autre doigt. En quelque sorte, plusieurs bends simultanés de cordes dans des directions opposées. Vous n’avez rien compris ? La seule façon de comprendre, c'est de voir. Et encore, même après avoir vu sa vidéo sur sa chaîne YouTube, je n'ai toujours pas compris sa technique.

Et puis il y a LE morceau. Celui qui fait que l'achat de ce disque en devient indispensable. Au début de ce mois d'avril 2022, Steve VAI à posté (enfin) le clip vidéo de ce titre. Hallucinant, incroyable, mélodique et tellement hors norme. Je me rappellerai toujours l'année 1983 lorsque le premier album d’Yngwie MALMSTEEN est sorti dans les bacs. "Teeth of the Hydra" est du même tonneau, une bascule dans une nouvelle ère de la guitare. Pour vous en convaincre, allez sur sa chaîne YouTube. Hydra est le nom de cette guitare. Une guitare triple manches bourrée de technologies qui comprend une douze cordes avec la moitié du manche frettée et l'autre non, une 7 cordes pour jouer la partie solo, une basse dont les deux cordes supérieures sont sans frettes et une partie harpe à 13 cordes. Sans compter les différentes positions de micros et autres gadgets sortis du cerveau fécond de notre maestro. Inspiré du film Mad Max : Fury Road, cette guitare a aussi, je trouve, un petit côté Game of Thrones pas déplaisant.

"Teeth Of The Hydra" comprend ainsi des influences latines et orientales. Et Steve VAI va utiliser tous les ressorts de la guitare pour en sortir tous les sons possibles, sans overdub, tel un Rémi Bricka moderne immensément plus technique. Mais ce morceau n’aurait aucun sens si la musicalité en était absente. Or selon moi, c'est le plus beau morceau qu'il ait jamais créé, au-dessus même de "For The Love Of God". Et le pire, il a réussi cette gageure avec une guitare monstrueusement innovante. Car, dans ce titre, vous avez un gimmick qui vous entre dans la tête et n'en sort plus une fois que vous l'avez écouté. Non seulement le morceau est beau, mais ce gimmick vous le rend encore plus beau. Je ne sais pas combien de fois je l'ai écouté depuis sa sortie mais je ne m’en lasse absolument pas. Un véritable chef-d’œuvre.

Enfin, Steve VAI sait que sa musique serait amoindrie si la section rythmique n’était pas à la hauteur. À ce titre, Inviolate convie pléthore de musiciens à la fête : les bassistes Bryan Beller, Philip Bynoe, Henrik Linder et Billy Sheehan ainsi que le claviériste David Rosenthal et les batteurs Terry Bozzio, Jeremy Colson et Vinnie Colaiuta. Inutile de dire que chacun est au summum de sa technicité et de sa musicalité.

Inviolate est un album de guitar-hero avant tout, dont, pour les guitaristes, l’intérêt majeur passe par les recherches techniques qu’il développe au-delà de la beauté des titres. Ces recherches laisseront inévitablement une partie du public de marbre, tandis que d’autres se délecteront des acrobaties du maestro et de sa technique singulière. En 47 minutes seulement, Inviolate célèbre la richesse de la guitare sous presque toutes ses formes, physiques et stylistiques, des plus exubérantes aux plus sobres, du jazz au blues en passant par le funk, la fusion, le heavy metal et quelques influences plus exotiques. Mais surtout, Steve VAI est devenu beaucoup plus écoutable qu'il ne le fut dans nombre de ses albums, même pour ceux qui lui vouent une admiration sans borne comme moi. C'est pour cela que je n'hésiterai pas à dire que Inviolate est, à mon humble avis, supérieur à son chef-d’œuvre Passion & Warfare. Et ce n'est pas peu dire.


*Ayant eu le loisir de l’admirer durant le Monsters Of Rock de 1990 avec WHITESNAKE c’est surtout en solo, qu’il m’a le plus bluffé, à la Coopé de Mai à CLERMONT-FERRAND, le 9 septembre 2013. Sans conteste le concert le plus enthousiasmant auquel j’ai assisté de ma vie depuis quarante ans. Parce qu’il y avait plus que le show, un partage quasi-mystique mélangé à de l’humour et de la virtuosité. Un mélange improbable.
Pour info, Steve VAI a prévu huit dates en France en 2022... L'occasion de le voir en vrai avec l'Hydra.

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   BRADFLOYD

 
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- Steve Vai (tous instruments

)
- Sauf :
- Jeremy Colson (batterie - 2,3,6,7
)
- Terry Bozzio (batterie - 4)
- 
vinnie Colaiuta (batterie - 5,9)
- Bryan Beller (basse - 3
)
- Henrik Linder (basse - 5)
- Billy Sheehan (basse - 6)
- Philip Bynoe (basse - 7, 9
)
- David Rosenthal (claviers - 5,9)
- Bob Carpenter (claviers - 7)
- 
dave Weiner (guitare - 9)


1. Teeth Of The Hydra
2. Zeus In Chains
3. Little Pretty
4. Candle Power
5. Apollo In Color
6. Avalancha
7. Greenish Blues
8. Knappsack
9. Sandman Cloud Mist



             



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