Tout va pour le mieux dans la carrière des cadors du nu metal à tendance alternative, PAPA ROACH. Et voyez donc cette jolie pochette toute chamarrée. Au moins, cela a le don de mettre en appétit pour entendre ce que les gars de Vacaville ont envie de dire. Le groupe californien reste l’un des plus actifs de la scène Nu Metal au cours de la décennie qui vient de s’écouler. Le titre ne laisse pas de place au doute, on est en pleine introspection, c’est bon pour ne pas tomber dans les divers pièges, à l'instar de leurs collègues de LINKIN PARK ou LIMP BIZKIT. Pas un seul titre au-delà des quatre minutes. Le format est donc très direct, immédiat, tout pour l’efficacité avec ce onzième opus ! Et nous avons pas moins que cinq singles pour débuter cet Ego Trip.

La courte "Swerve" est chargée d’amorcer l’intérêt des fans pour ce nouvel opus. La présence du rappeur SUECCO et des potes de FEVER 333 prêche pour la continuité, très répétitif et vraiment axé sur la puissance rythmique. Tout ça manque un peu de délicatesse, non ? Puis, on se transforme en petit pois sauteur immédiatement sur "Kill The Noise" qui introduit l’album avec pas mal de verve et d’allant. Une composition très symbolique des grandes heures du nu metal, belles guitares rugissantes et refrain super catchy. "Dying To Believe" assume la suite avec l’aplomb habituel du groupe, et toujours cette science du refrain, bien convaincant. Le flow de Jacoby revient en trombe sur "Stand Up", complètement hip-hop dans l’idée. Alors, on saute tels des marsupilamis sur le riff entre les couplets. Le dernier single "Cut The Line" est drivé par une fort jolie rythmique pied au plancher, un bridge que l’on qualifiera volontiers de KORNien, plutôt pas mal donc. PAPA ROACH ne démérite pas sur ses singles et n’y vend pas son âme.

Mais, nous avons aussi du très lourd ! "Liar" a le mérite de me replonger avec délice dans les premières ambiances nu metal au début de ce millénaire. Tout dans ce titre respire le classique, le chant de Jacoby est ici parfaitement placé. Et cette ritournelle, quelle réussite, non ? Ah cette petite merveille de mainstream qu’est "Unglued" ! Tout y concourt au plaisir. Le chant y est encore au top : il soulève l’enthousiasme dans les couplets et nous achève lors du grandiose refrain super pop. Ah ouais j’adore ! L’éponyme "Ego Trip" nous balance un instant bien moderniste, à cheval entre les diverses influences du groupe, la basse alternative de Tobin Esperanca côtoyant le flow de Jacoby et les rythmiques plombées de l’efficace et discret Jerry Horton. Tout ceci fleure bon le haut niveau !

On retient le refrain facile de "No Apologies", celui très pop de "Bloodline" au milieu de son riff inamovible. "Killing Time" reste de belle allure, même si probablement moins originale, tout comme la mélodique "Always Wandering". La vibe très alternative de "I Surrender" nous éloigne à nouveau du nu metal mais, malgré quelques lignes mélodiques sympas, le titre ne fait pas mouche comme il aurait dû. Il va falloir revenir dans le coin après digestion. Nous avons même un slow acoustique dans le coin, il s’agit de "Leave A light On". Les arpèges de guitare sont mignonnets et le chant de Mr Shaddix se révèle agréable, même s’il pousse un poil trop. En revanche, on passe sur les "Oh oh oh" à la IMAGINE DRAGONS qui font un peu mal aux oreilles. Bah ouais, la tentation de faire mainstream est toujours présente.

Je vois "Unglued" et "Liar" comme deux très grands titres appelés à devenir des classiques des Californiens ; qu’ils n’aient pas été sélectionnés pour sortir en singles me dépasse totalement car l’écart est grand avec les autres compositions. Mais, il faut aussi admettre que ce nouvel album flirte le plus souvent avec qualité, la came est bonne et PAPA ROACH ne s’est pas privé de brouiller les pistes en proposant plusieurs titres éloignés de leur pré carré. A l’heure du verdict, la moyenne est pile sur le 3,5, de quoi attraper de l’urticaire si on veut faire preuve d’un tant soit peu d’équité. Je penche pour la note supérieure car aucun titre n’est à jeter et pour la présence des deux premiers cités, à ne pas laisser passer sans jeter une oreille attentive.