L'heure de 1989 a sonnée ! Les fans de SLAYER peuvent s'accrocher à leur Reign In Blood préféré, voici venu l'heure de la concurrence ! En provenance directe du Brésil, pays ou la loi et l'ordre font passer CANNIBAL CORPSE pour un groupe de fleuristes endimanchés, les frères Cavalera, Andreas et Paulo ne sont pas là pour rigoler. Les premiers cités sont désormais majeurs, et il faut croire que cela se ressent jusque dans la maîtrise de leur art, Igor notamment n'a de leçons à recevoir de personne et va s'imposer comme un prodige de la batterie à l'instar de Dave Lombardo. L'écriture a elle aussi beaucoup évoluée et les titres sont construits de manière ultra précise, si vous ne connaissez pas, gardez en tête la date et accrochez vous à vos écouteurs ! Roadrunner a bien fait les choses et Scott Burns est aux manettes pour l'histoire !

Car on est pas là pour rigoler, dès l'introductive éponyme "Beneath The Remains", le bulldozer tropical est en route, rien ne va l'arrêter ! Des rythmiques carrés au millimètres, des breaks super bien torchés, bien sur Maxou ne serait jamais un grand vocaliste mais Tom non plus, il fait le job demandé avec l'agressivité idoine, quelle efficacité ! On mitraille à vue sur "Mass Hypnosis", c'est méchant et n'a rien à envier aux ténors du death, un petit salut à Scott pour son boulot derrière la console car le résultat est bluffant ! Un break de décérébré, des solos épileptiques et qui renvoient les duellistes des massacreurs à leurs chères études, une guitare claire, un emballement magique ! Polala quelle maîtrise ! Toujours de sublimes interventions d'Andreas sur l'intro de "Sarcastic Evidence", sur un tempo bien difficile à tenir, mais les accords dissonnants à la VOIVOD le font remarquablement sur une orchestration limpide.

On atteint les sommets sur "Inner Self", un rouleau compresseur en mid tempo qui arrache les vertèbres de tout un chacun. Car c'est en live que le groupe prend toute sa dimension. Le hasard a bien fait les choses et j'ai eu de la chance, j'étais au Brésil en cette fin d'année 89 et c'est par le hasard de mes amis brésiliens que j'ai découvert le groupe en live, devant une foule immense de fans très bigarrés – le Brésil quoi ! -. ce titres est un de mes plus grands souvenirs en live, quelle puissance invraisemblable et quelle énergie dans les fans rassemblés, quelque chose d'inconnu en Europe ! "Inner Self" en live, c'est écrasant, démentiel et incontrolable ! Et pour une fois, un break rapide supra jouissif, et un solo magnifique d'Andreas qui renvoie un certain Kirk Hammet dans sa crèche ! A signaler : les paroles sont de Kelly Shaeffer le chanteur d'OBITUARY.

La déferlante continue avec "Stronger Than Hate", qui joue de manière subtile sur les ambiances, les guitares y sont reines et brillent de mille feux, écoutez ces breaks saisissants ! A l'époque ou METALLICA perd pour moi de sa superbe, voilà que des brésiliens reprennent le flambeau d'un thrash aux mille facettes comme sur ce morceau ! Et Paulo Jr qui y va de son petit solo dantesque sur la fin ! Avec "Slaves Of pain", on repart vers du Thrash Speed à la SLAYER, à nouveau les breaks et diverses digressions effectuées par Andreas Kisser sont au top, ce mec est excellent mais jamais démonstratif, en live un monstre. Encore un break d'anthologie sur "Hungry", qui permet à Andreas de Replacer un solo d'exception, le bridge est lui aussi de toute beauté, seule la rythmique de base me laisse un peu froid. La rapide "Lobotomy" me semble un peu en deçà du reste, même si le break nous remet dans la droite ligne de l'album. "Primitive Future" est probablement le titre le plus bourrin du lot, le moins intéressant à mon sens.

Un classique du metal lourd pas moins ! Nous sommes au point de jonction du death qui s'annonce déjà comme un courant majeur et du thrash alors au sommet. Les jeunes brésiliens parviennent avec ce troisième opus à se hisser à la hauteur de leurs concurrents américains SLAYER. Quelle sensation venu d'un pays chaud ! A acheter les yeux fermés, d'autant que l'artwork Lovecratien de la pochette ajoute encore de l'esthétique à cette débauche conséquente d'énergie.