Nous sommes sortis du quatrième opus des montagnards avec quelques regrets de ne pas avoir entendus plus de compositions originales. Mais les crises se succèdent entre les deux patrons du groupe, le gros Leslie étant très accro à de nombreuses substances nocives et le filiforme Félix préférant trousser groupie sur groupie backstage… Ah le rock’n’roll c’est aussi et surtout ça les gars ! "Sex, drugs and rock’n’roll", on peut dire que MOUNTAIN a porté haut cette devise ! West a donc monté WEST BRUCE & LAING en 72 et Félix a produit de nombreux albums. Ils décident de remettre le couvert en 74 avec cet album évidemment intitulé Avalanche. Bref, les montagnards sont là, et le trio s’est transformé en quatuor avec l’arrivée de David Perry à la seconde guitare.

Deux reprises essentielles tout d’abord : nous sommes évidemment assez loin de l’originale de "A Whole lotta Shakin Is Goin On" par le Killer Jerry Lee LEWIS, il n’empêche que les Laurel et Hardy du Hard rock délivrent ici une version qui n’a pas grand-chose à se reprocher, entre les lignes de basse gargantuesques de Felix Papalardi, qui n’a d’égal que le seul John Entwistle en cette année 74 et les superbes solos trippants de Leslie West, on est vraiment bien ! Un bel hommage doublé d’une version bien originale. Alors bien sur, avec "Satisfaction", on passe dans la décennie des sixties, et Leslie a grand coup de slide nous démonte le standard des ROLLING STONE du début à la fin. Difficile d’en faire une critique, c’est une version psychédélique chargée de psychotropes par deux doux dingues qui tiennent la route en défiant les lois de la gravité.

Comme à l’accoutumée, Felix Papalardi se pointe avec plusieurs titres co-écrits avec son épouse Gail. Sa voix claire et harmonieuse règne sur "Sister Justice", mais la compo manque d’un peu de ressort, malgré un joli refrain. "Swamp Boy" nous replonge dans une sauce psychédélique avec percussions qui date un peu. La basse tonne sur "Thumbsucker" - ne vous demandez plus ou Joey de Maio de MANOWAR a piqué son son -, mais à nouveau, rien de phénoménal ne s’échappe de cette compo, qui reste un peu tranquilette. "Last Of The Sunshine Days" est plus bluesy, la voix veloutée fait son office, et c’est tout croquignolet.

"Alisan" est un instrumental de Leslie. On y reconnaît les penchants naturels du guitariste pour les grands espaces et l’envol libertaire, c’est tout calme, tout posé. Cela m’évoque la culture amérindienne, de même que l’Amérique profonde, pour un peu on se croirait dans le Deliverance{fi] de John Boorman devant le duel banjo/guitare. Très chouette. Deux morceaux sont des collaborations entre Leslie et le batteur Corky Laing : "You Better Believe It" sonne bien énervé avec des chorus de gratte sympas puis "Back Where I Belong" est plus rock’n’roll, toujours énervé, l’état naturel de Leslie. Tout ceci est plutôt cool et fendard, mais pas vraiment novateur.

Tout le monde a participé à l’écriture de "I Love To See You Fly", chantée par Félix avec pas mal d’esprit southern rock, le riff m’évoque BLACKFOOT époque Strikes… Damned, c’est après ? On en tirera les conclusions qui s’imposent ! Bon, clairement les personnalités des deux musiciens ont du mal à former un tout cohérent, les deux styles sont vraiment éloignés l’un de l’autre, autant que leurs voix. Il s’agit du dernier opus de MOUNTAIN avec le bassiste Felix Papalardi puisque le groupe va splitter fin 74. Ainsi finit l’époque dorée du groupe, Felix sera assassiné en 83 par son épouse Gail, qui fera deux ans de prison suite à un geste de jalousie malheureux… C’est ça le rock ! Cet opus récolte la note de 3 étoiles, mais à part l’instrumental de Leslie, rien ne transparaît vraiment ici.