Le quatrième opus de la montagne sera mi studio mi live, comme si les artistes n'avaient pas eu le temps de composer suffisamment de matériel pour un vrai nouvel album. Il faut aussi préciser que quelques mois à peine sépare cet album de son prédécesseur. D'un autre coté, si la réputation de MOUNTAIN en live n'est pas usurpée, voici un bon moyen de vérifier le standard de la bestiole. La plupart des nouveaux titres ici présents sont cosignées des plumes de Felix Pappalardi et de sa compagne Gail. Cette fois, la pochette n'est pas sortie du pinceau de Gail, on se contente donc de cette vilaine photo en noir et blanc...

Entrée en matière très rock'n'roll avec l'éponyme "Flowers Of Evil" belle allure mais loin des développements en matière de Heavy Metal. C'est évidemment plus traditionnel et classique. Le son est plein, la voix de Leslie superbe, comme toujours agressive et racée, celle de Félix plus douce et mainstream, et l'ambiance plus à la fête qu'autre chose. "Crossroader" est un hard rock de facture plus classique nanti des mêmes influences, mais le riff est tout de même moins convaincant et créatif.

Un piano entonne l'épique "King's Chorale", composé comme il se doit par Félix Pappalardi, on y reconnaît avec aisance son talent pour les lignes mélodiques originales. Ce n'est malheureusement pas l'intro de "One Last Cold Kiss", qui ressemble à l'une des grandes chevauchées classiques du southern rock, quelques années avant l'heure ! Rien à faire, la fusion entre la voix claire du bassiste et les lignes de gratte accrocheuses du gros Leslie sont absolument dantesques. Pour situer la bête, songez donc aux meilleurs instants de DEEP PURPLE.

Introduit par une slide étouffée "Pride And Passion" se lance dans une longue tirade pleine de tiroirs en tous genres qui annoncent l'arrivée prochaine des grandes œuvres de QUEEN. Mais oui, rien moins que cela, avec un piano proéminent et efficace, et finalement le chant si lyrique de Freddie MERCURY trouve en Félix Pappalardi une digne influence, les aspects pop y sont légions et la gratte annonce carrément Brian MAY, oui j'assume, d'ailleurs voyez donc ces quelques effets sur la conclusion forts bien sentis... "Brighton Rock" n'est pas si loin.

Et une face live donc ! Avec un Leslie WEST qui se lance dans un solo, et oui, nous sommes dans les seventies triomphantes, Oui, il est sympa, assez proche de ceux d'HENDRIX quelques mois plus tôt, il va en fourrer un peu partout, conscient qu'il est de son impact sur les foules d'apprentis gratteux. On débouche sur le classique "Roll Over Beethoven" de Chuck BERRY, chanté par Leslie dans une belle ambiance bien bordélique, encore un titre rock'n'roll donc.

"Dreams Of Milk And Honey" nous permet de faire la jonction avec le premier album sous étiquette WEST mais ici inclut dans la set list, voici une vérité affirmée ! Le morceau ne perd rien de son mordant sur cette version live, les bridges prennent une superbe dimension, et la basse distorsionnée claque comme rarement, il convient en cet instant de noter l'importance du bassiste sur les futurs quatre cordistes, à peine en deçà d'un John ENTWISTLE en termes de vélocité et de puissance. "Variations" n'est qu'un prétexte à jammer ou la basse et la gratte se livrent un joli duel. Tout comme "Swan Theme" ou les deux instrumentistes nous en mettent plein la tronche, avec un Corky Laing qui se démène à la batterie, c'est fort ! Que de personnalité !

On en termine avec le classique des classiques, j'ai nommé "Mississippi Queen", dans une version deux fois plus longue que l'originale. Parfaitement exécutée, elle déchire bien sa race avec des solos du feu de dieu de Leslie. Bref, cette portion live est tout à fait conforme avec ce que l'on était en droit d'attendre. La face studio n'a rien de honteuse, bien au contraire, elle est à la hauteur des précédents opus. Cet album un brin bâtard pose problème quand à sa notation. J'ai envie de mettre trois pour stigmatiser l'artifice, mais les deux portions sont finalement complémentaires et ne desservent en rien le propos du groupe, je reste donc sur un 4 certes plus fragile, mais mérité.