Le timing est bon, c'est au début de 1970 que sort le premier officiel de MOUNTAIN, un an après le premier « solo » de Leslie WEST. Un mois auparavant, BLACK SABBATH sort son premier opus. On se rappelle que le gang de New York a une légère avance sur celui de Birmingham, le titre "Blind Man" était un vrai premier pas dans le heavy metal, et plusieurs morceaux portent le sceau d'un hard rock speedé en directe concurrence avec DEEP PURPLE. Tout ceci s'annonce fort bien, mais il reste encore à déterminer quelle direction exacte va prendre le groupe américain. En attendant, la fine équipe avec le gros Leslie West et le maigre Felix Pappalardi conduit son petit monde, composé du batteur Corky Laing et du claviériste Steve Young, Felix oeuvrant comme à l'accoutumée derrière la console.

Et ça commence fort avec un vrai direct dans la tronche, j'ai nommé le classique intemporel "Mississippi Queen" qui n'a rien à envier aux plus grands classiques du pourpre profond dans un style vraiment comparable en légèrement plus agressif. Le jeu de WEST s'y affirme aussi avec beaucoup de personnalité. Bref, vous voulez du standard, en voilà un maousse costaud, qui atteint en son temps la 16ème place du billboard. Nous poursuivons cette quête avec la méchante "Never In My Life", très efficace. "Sittin On A rainbow" tape plus dans le rock'n'roll puis "Silver Paper" est une nouvelle incursion dans les terres du southern rock, on se souvient subitement de l'appartenance du groupe à la nation américaine.

Evidemment, lorsque Félix Pappalardi prend le micro sur quelques titres, l'ambiance change du tout au tout, ce qui donne une délicieuse bipolarité. Sa voix passe ainsi remarquablement sur la magique "Theme For An Imaginary Western", une composition de Mr Jack Bruce himself, qui nous renvoie aux balbutiements du psychédélisme, avec à nouveau un solo d'outre espace. C'est la seule compo' non signée par un membre du groupe. On le retrouve au mike sur "For Yasgur's Farm", ce qui contribue systématiquement à donner une vibe plus poppy aux chansons. West prend toutefois le relais sur l'écrasant refrain. Sur "The Laird", le psychédélisme est aux taquets, les substances illicites probablement aussi ! Félix s'installe au piano sur "Boys In The Band" où sa voix fait à nouveau merveille. L'ensemble rappelle CREAM et les premières expérimentations du genre. On égale ici les plus grands morceaux de ce début des seventies, ouais, carrément, c'est admirable d'originalité ; le refrain est céleste pour ce qui est le sommet de l'opus.

Un petit mot sur la belle guitare acoustique de "To My Friend", dans une atmosphère proche du futur "The Battle Of Evermore" de LED ZEP. Jimmy Page aurait-il écouté MOUNTAIN lors de la préparation du IV ? La divine déesse de la création me dit que : oui probablement ! Quel niveau atteint sur ce second opus qui mérite amplement la note maximale, tout y est superbe : les compo', les voix des chanteurs, les atmosphères, les instruments. Voilà un sacré groupe que celui-là ! A découvrir impérativement si vous êtes fan des seventies triomphantes. Un grand classique doublé d'un instantané d'histoire, avec un Pappalardi et un West au top de leur créativité.