2022, année GOLDMAN mais en hommage, et par les siens. Erick Benzi et Michael JONES en fait, toujours à la tête de ce projet de reprises, n'ont pas attendu la fin de la course terrestre autour du soleil pour faire paraître la suite de l'Héritage offert en janvier.

En toute logique, les intervenants vocaux sont les mêmes pour bonne partie : NÉRAC, CYPRIEN, Tomislav MATOSIN, Lilian RENAUD et Anne-Sophie SÉBA. Les 'petits' nouveaux se nomment CÉPHAZ, artiste pop-folk né au Ghana et qui a vécu à Mayotte, MISTER MAT, bluesman venu de Grenoble ainsi que Jessy Elsa PALMA, chanteuse spécialiste du gospel et du jazz. Plus que sur le premier volet, JONES et Benzi ont élargi et équilibré les forces en terme de popularité en conviant Céline DION, Patricia KAAS et Carla BRUNI, chacune pour un morceau. Cette fois, en revanche, le choeur gospel de Paris n'est pas crédité dès la pochette, et pour cause !

Bien sûr, il y a toujours le plaisir (ou le déplaisir) d'entendre les chansons de Jean-Jacques GOLDMAN reprises par d'autres, dans d'autres styles, une seule raison d'écouter (ou non) l'album en question. Bien sûr, on pourrait saluer cette production tout à fait de son temps ou s'arracher les cheveux en constatant une fois de plus combien Auto-Tune, Pro-Tools et consorts lissent et affadissent, voire salissent, le son global, y compris les titres les plus rock ("Encore un matin") ou, à l'inverse, "Comme toi" dans le cas des chanteuses altérées (SÉBA et PALMA). Si toutefois le résultat est meilleur ici qu'en janvier, c'est pour d'autres raisons.

La formule change copieusement sur ce deuxième volume aux couleurs vertes choisies judicieusement pour la pochette. Si la norme française veut que l'on mette les chanteurs en avant, voire qu'on ne retienne qu'eux, au final même des grands noms comme DION n'enlèvent pas un constat tout à fait positif : les vraies stars ici, ce sont les musiciens ! Ce que l'on perd en critère vocal et ce qui surnage dans la production basique et plate des années 2010-20, ce sont bien les accompagnateurs, hors tandem superviseur.

En tout complicité avec JONES aux guitares, Kilian Arzel, fils de monsieur Gildas, crée pour l'occasion le trio des CELTIC BILLIES. Outre lui-même, on y rencontre la violoniste Perrine Bakubama-Missemer qui a déjà joué du jazz aussi bien que du metal progressif, ainsi que le sonneur-flûtiste Ronan Le Bars, ancien comparse d'Alan STIVELL, RENAUD etc., autant dire le nom le plus connu en la matière à l'heure actuelle en Hexagone. Et autant le dire tout le suite, chaque solo de saxophone audible sur un album de J-J GOLDMAN est ici transformé en solo de uilleann pipes ou de tin whistle, avec souvent le violon en complément.

Le vert de la Bretagne ou de l'Irlande donc sont montrés en proue et utilisés pour le plus grand bonheur des amateurs de cette musique, ou simplement ceux qui se souviennent combien leur idole lui-même s'est révélé amateur depuis "Puisque tu pars" en 1987. Celle-ci et "Elle ne me voit pas", déjà présentes sur le premier volume, ne figurent toutefois pas au menu, ni "Je voudrais vous revoir", l'autre chanson la plus celtique de GOLDMAN. En revanche, "Ne lui dis pas" ne manque point à l'appel, et dès l'intro "Né en 17 à Leidenstadt" (où JONES reprend 'sa' deuxième voix aux côtés de PALMA et NÉRAC), on ressent combien cette transformation apparaît naturelle, comme si cela avait été une influence sous-jacente pour Jean-Jacques en 89-90.

La (belle) surprise, c'est "Envole-moi" et "Encore un matin" avec des éléments médiévalo-celtiques, mandolines comprises, d'entendre de façon copieusement différente les sonorités du deuxième album, à travers notamment "Je ne vous parlerai pas d'elle" que je n'aimais pas avant cet Héritage vol. 2. "Quand la musique est bonne" sonne plus blues-rock que l'originale en revanche et, une fois passée la surprise de la prestation offerte par MISTER MAT, demeure une bonne impression globale. "C'est ta chance" aux paroles fortes trouve ici une nouvelle version éclatante, bien que fidèle à l'originale, grâce à JONES, Benzi, au trio CELTIC BILLIES et aussi, tout de même, Lilian RENAUD.

On s'amuse d'entendre Tomislav MATOSIN donner une couleur NICKELBACK à "On ira" par sa voix rocailleuse. "En passant" de même que "Comme toi" se voient joliment augmentées de touches plutôt classieuses dans un ton... r'n'b ; ce ne sera pas souvent dit de la sorte ! Malgré Auto-Tune, l'effort est à saluer. Même si cette chère Carla BRUNI, ex-Prima Donna, peine quelque peu sur "Filles faciles" (un oxymore en soi, 'peine', 'facile'), cette petite perle de chanson de 87 s'écoute plutôt pas trop mal ici. Avec une sobriété adaptée en revanche, Patricia KAAS et Céline DION tirent leur épingle du jeu, respectivement sur les nouvelles versions légèrement électronisées et belles de "Confidentiel" et "La mémoire d'Abraham". Pour ceux qui en avaient marre des tubes de D'Eux, c'est une aubaine.

A titre personnel, ne manquent que mes favorites du premier album, Mary COOPER et Marina KAYE. À part cela, on est un cran au-dessus du premier volet.

Note réelle : 3,5