Le troisième album Beautiful Lies a constitué pour BIRDY, à ce stade de sa carrière, un niveau d'épuisement tel qu'il a nécessité une 'pause' de quatre ans. La demoiselle a passé quelques semaines en Inde pour se ressourcer, puis dans une cabane en rondins près de Topanga, sur les hauteurs ouest de Los Angeles ; une parenthèse dont l'artiste vantera l'inspiration des années 60-70 toute naturelle.

C'est dans ce contexte que naît Young Heart, album empli de nostalgie post-rupture(s), que BIRDY rapproche d'oeuvres emblématiques comme le Blue de Joni MITCHELL. Une jeune femme, au piano la plupart du temps, conservant une veine acoustique et chantant des mélopées nourries d'éléments soul, folk etc, typiquement américaines, voilà ce qu'est ce disque magnifique, à ce jour le meilleur de miss Jasmine Van den Bogaerde.
Dès les cascades pluvieuses de notes ivoiriennes de l'intro "The Witching Hour", pure et très belle, avec une nappe d'orgue en fond, on sait que l'on a affaire à un ensemble précieux et débordant de promesses comparables, intime aussi par opposition à Beautiful Lies. Les enchantements se déroulent ensuite et sans discontinuer, avec d'abord "Voyager" au début printanier, sa softitude poignante et crème, ses quelques résonances 'dreamy' pour ne pas laisser l'album dans une direction résolument terroir.
"Loneliness", ballade plaintive parcourue de ouh hou ouh hou adorables dont la chanteuse a le secret, se trouve être le second single choisi, juste derrière "Surrender", le premier, un slow passionné et lui aussi légèrement 'indé'-ifié. Des cordes s'ajoutent peu à peu, et la science de choeurs de BIRDY achève de nous offrir des frissons.
Les fantômes s'éveillent donc avec bienveillance dans la solitude des collines, mais "The Otherside" évoque à lui seul les grands champs de manière autrement traditionnelle, réverbération et guitare folk en accords au programme. Plus loin, "Lighthouse" et "Second Hand News" démontrent les mêmes qualités, avec un refrain dans les aiguës de toute beauté.
"Deepest Lonely", troisième single, fait ressortir l'influence soul de l'artiste avec un balancement adapté, des cuivres notables. "River Song" quant à elle par ses cordes évoque le mouvement aquatique et "Nobody Knows Me Like You Do", en piano-voix d'orfèvre, est à ne point manquer non plus.
La dernière partie de l'album retombe légèrement tout en demeurant plaisante avec, d'abord, l'hommage à CHOPIN, très court mais convaincant, et les chants d'oiseaux de retour depuis "Voyager". Il y a toujours les perles cachées "Little Blue" et "Celestial Dreamers", chacune dans leur style, et puis "Young Heart" qui, pour conclure du haut de ses six minutes, reste(ra) l'un des plus beaux moments de la carrière de BIRDY, ne serait-ce que pour sa première partie valsée et fantomatique.

Enregistré à Nashville et juste à temps avant la longue période de restrictions (la chanteuse s'est autorisée un an supplémentaire pour de petites finitions), Young Heart est l'un des disques exceptionnels de chanteuse réputée en cette décennie 2020. Garanti sans artifices modernes des plus discutables ! Un type d'oeuvre de plus en plus rare.

Note réelle : 4,5