TRISTESSE CONTEMPORAINE a déjà trois albums chroniqués sur Forces parallèles (par Jovial). Pourtant je n’avais jamais entendu parler de ce trio avant de tomber par hasard (ou grâce au mystère des algorithmes Spotify) sur leur quatrième album, United. Et cette approche vierge de tout préjugé est peut-être une chance. En effet, à la lecture des chroniques de leurs précédents albums, je comprends le cheminement qui a amené Jovial à passer d’une chronique dithyrambique de leur premier album paru en 2012 à un rejet de leur troisième opus, Stop and Start (2017).

Ma chance est de partir d’une feuille (oreille ?) blanche, sans a priori, sans attente particulière. Et de ce fait je suis assez emballé par United, un album à la diversité assez incroyable. Car si on ressent encore parfois les influences cold wave et syntpop, le groupe est clairement passé à bien d’autres choses. Et il nous propose là une variété de styles aussi déconcertante que réjouissante. Paradoxalement, malgré son nom, ce United se révèle être un album très varié et dispersé.

Le seul point commun des titres qui le composent semble être l’esprit dance et "festif" qui anime cet opus. Car pour le reste, la palette d’ambiances et de styles pratiqués est très vaste. Ainsi, on passe allègrement du rapisant "Nothing Left to Win" qui peut faire penser à The BLACK EYES PEAS à un "Sly Fox" qui, notamment du fait de ses vocaux, fait irrésistiblement penser à Iggy POP ; tout en passant par des univers à la sensibilité drum & bass avec le japonisant "Midori" ou des tempi plus marqués reggae avec "Rock This Town". Sans oublier de l’électro avec "XRaver" et "England". Le premier de ces deux morceaux incorporant des sonorités dark waves alors que le second lorgne plus vers de l’électro trance. L’album se termine avec l’étrange "Forget" que je serais bien en mal de cataloguer.

On le voit, l’éclectisme est le maître mot dans l’univers actuel de TRISTESSE CONTEMPORAINE. A tel point que l’on pourrait légitimement redouter que le trio peine à se montrer efficace et convaincant en se dispersant de la sorte entre dance, rock, électro, pop… Et pourtant, la qualité est bien au rendez-vous.
Servie pas une production de tout premier ordre, la plupart des compositions présentées ici se montrent redoutables. C’est notamment le cas du tranchant et très rythmé "Sly Fox" qui semble hanté par l’esprit d'Iggy POP. Ou bien du plus syncopé et électronique "XRaver", mais également de l’imparable et plus martial "England", tout comme le plus rugueux et "hardcore" "Do Nothing".

Au final, ce melting-pot d’ambiances et de sons variés se digère très naturellement et agréablement. On peut appréhender ce disque tout aussi bien avec un objectif orienté dance et festif, que dans une optique de simple écoute. Avec le même plaisir dans les deux cas. Le groupe se montre à l’aise dans chacun des registres qu’il explore.
Une belle réussite.