Déjà quarante années que le MASSILIA SOUND SYSTEM, l’un des meilleurs 'tueurs de bals' français, distille sa joie de vivre et sa conscience sociale sur tout le territoire.
Si son dernier album en date, Sale caractère (2021), m’avait déçu, il n’en reste pas moins que le groupe a su nous proposer, tout au long de sa carrière (et notamment au cours des deux premières décennies du siècle) des albums majeurs et hautement réjouissants.
Alors, l’idée de nous offrir une revue de certains de leur anciens titres dans des versions dynamisées et modernisées, pour fêter cet anniversaire est a priori une excellente chose. D’autant plus que le résultat est plutôt heureux, même si ce n’est pas une première, le groupe nous ayant déjà proposé des revues de certains de ses morceaux, notamment en 2014 avec Mix Tapes by DJ Kayalik.

Dès le premier morceau, "Lo òai totjorn", une version actualisée de "Lo Oai" (album Parla Patois, (1992)), on se rend compte que le son est bien meilleur que sur l'original. Plus nerveux, plus clair, plus puissant. De ce fait, les paroles sont plus aisément compréhensibles et la musique plus marquée et entraînante.
De même, "Frit confit", version 2024 de "2 B Frit confit" (album Aïoliwood, 1997) gagne en puissance et en clarté. La diction parfaite et la bande son plus puissante boostent ce morceau pour lui donner une bien belle seconde jeunesse. Il en va de même de "Cròniq renew", rajeunissement de "Croniq", qui bénéficie d’une voix plus grave et lourde donnant une nouvelle saveur bien agréable à ce morceau datant de 1997.
Je me suis même surpris à découvrir certains passages des paroles de "Qu’elle est bleue" dont le groupe avait déjà proposé deux versions par le passé, tant le chant est parfaitement restitué ici.
Clairement, les versions des dix morceaux revitalisés ici sont une aubaine pour les fans qui pourront redécouvrir ceux-ci dans des formats bien plus dynamiques et agréables. La nostalgie liée aux originaux étant aisément balayée par la qualité du travail réalisé par le groupe. D'autant plus que certains morceaux sont réellement actualisés, avec ajout de paroles pour coller à l'actualité ("L'eau et le gaz").
En terme de musique, on peut constater que l’orientation artistique s’éloigne un peu du Reggae pour faire une place plus belle à leur Ragga provençal et à des rythmiques plus pesantes et tranchées.
Comme si l’offrande n’était pas suffisamment belle, le MASSILIA SOUND SYSTEM nous gratifie de quatre morceaux inédits, intégrés à l’album dans la version digitale, mais proposés au sein d’un 45-tours additionnel dans la version originale. Il s’agit de "M.Spock", "Janvié spécial blend", "Aïolilili party" et "Blu side medley".
"M.Spock" s’inscrit parfaitement dans le répertoire du groupe, alliant humour avec un côté dansant très efficace. Un morceau très réjouissant, notamment après la relative déception née de l’album de 2021. Espérons que l’avenir musical du groupe soit à l’aune de ce titre.
Dans une moindre mesure, "Aïolilili party" reste un nouveau morceau très agréable, proche de l’esprit traditionnel du groupe, avec un chant assez agressif de Papet J.
Les deux autres titres sont plus à considérer comme des digressions des deux musiciens du groupe.
"Janvié spécial blend" voit Janvié, clavier de MASSILIA SOUND SYSTEM, nous emmener en promenade durant laquelle nous revisitons plusieurs 'airs' de chansons du groupe. C’est détendu, agréable, plaisant, et on prend plaisir à reconnaître certaines anciennes ritournelles. Un exercice très sympathique, qui aurait pu s’étendre sur une plus longue durée pour créer une bande son de l’histoire du groupe.
"Blu side medley" est un peu le pendant de ce dernier morceau, mais avec Blu, guitariste du groupe, aux commandes. Epaulé par ses collègues musiciens, il revisite également certains anciens morceaux du groupe, armé de sa guitare.

Au final, Anniversari est une bien belle surprise qui me réconcilie avec ce fantastique groupe qui, non content d’être incontournable sur scène, nous prouve qu’il sait encore faire chauffer nos platines et nos cœurs.

Amical clin d'œil à Red One qui a chroniqué les premiers albums du groupe.