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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  LIVE

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SHEILA - Live Au Zénith (1985)
Par MARCO STIVELL le 10 Décembre 2020          Consultée 1548 fois

Pendant toute sa période de grands succès, SHEILA n'a pas été une artiste de concerts. De studio oui, mais mis à part la sortie de son premier album, suivie d'une période de promotion qui avait laissé pas mal de séquelles, la chanteuse a mis la part scénique de sa carrière entre parenthèses (sans compter bien sûr ses nombreuses apparitions télé). C'est ainsi qu'en 1985, lorsqu'elle remonte sur les planches, on parle de sa deuxième tournée en vingt ans ! Année chargée en nouveautés puisqu'elle joue également au cinéma dans une version de l'Île au Trésor de Stevenson (par Raoul Ruiz) qui est au livre original ce que le roman graphique est à la BD franco-belge : pas pour tout le monde !

Hélas, si de bons moyens "hallydayens" sont déployés pour l'occasion (groupe imposant, danseurs, organisation Jean-Claude Camus, lumières de Jacques Rouveyrollis, enregistrements audio et vidéo), SHEILA n'est pas encore non plus une artiste de disques live. Non seulement le spectacle au Zénith est mal accueilli, en tout cas frileusement, mais le souvenir qu'il laisse est altéré par l'idée qu'une bande vidéo n'a jamais pu voir le jour contrairement à ce qui était espéré (quelques extraits sont visibles au cours d'émissions dédiées à la chanteuse).

Il y a bien un double disque, celui qui nous intéresse, mais l'enregistrement est, disons le tout de suite, loin de ce que l'on espère pour un retour de SHEILA sur scène. Comme si les premières secondes de chant sur "Vivre mieux" étaient annonciatrices, avec la voix semblant loin du micro, le live au Zénith ressemble, parfois, à un bootleg ! En français : enregistrement pirate. Un disque maudit, en quelque sorte... Contre toutes attentes, c'est quand même très bon dans l'ensemble. Et si SHEILA n'est pas une meneuse dans le sens où elle pourrait en faire des tonnes, ce n'est pas plus mal !

En matière de conduite, il faut compter sur deux claviéristes-arrangeurs, Yves Martin bien entendu ainsi qu'Olivier Masselot qui appellent leurs amis divers. En dehors d'une ou deux perles populaires comme le saxophoniste Patrick Bourgoin et le "petit génie" Christophe Deschamps à la batterie, cet orchestre reste constitué de solides musiciens et pas forcément les plus connus de l'époque, entre Vincent Perrot, bassiste brillant (rien à voir avec l'animateur télé des années 90), les guitaristes inspirés Jean Soullier (présent avec Masselot sur On Avance d'Alain SOUCHON deux ans plus tôt en 1983) et T. "Blast" Murray (qui figure parmi les sessionmen du premier album de Terence TRENT D'ARBY en 1987). Ah si quand même, il faut savoir que Deschamps est secondé avec moult énergie aux percussions diverses par un certain Bernard Wantier, patronyme véritable de celui qui, ensuite, deviendra Bernard MINET !

Autant dire que ce concert méritait beaucoup mieux dans sa capture sonore mais peut-être aussi et d'abord, dans son agencement. Une très grande partie est réservée aux deux derniers albums publiés par SHEILA, à savoir On Dit (1983) et Je Pense Comme Toi (1984), comme pour mieux symboliser le nouveau tournant de sa vie, de sa carrière en compagnie de son époux et producteur Yves Martin. Trois morceaux du premier et la totalité du second sont joués, tout en étant presque complètement débarrassés de la texture des studios, quelque peu figée. Et le reste, tout ce qui a précédé ? Cinq morceaux, seulement, dont un medley d'un quart d'heure certes, un couple de tubes des années 60 joués en entier ainsi que deux des trois singles les plus représentatifs de la période SHEILA disco. Le dernier, non compté dans la liste du coup, étant – choix très étrange – ramené à sa version originelle de comédie musicale ! Il ne manque plus que Gene Kelly... Ce choix pour "Singin' in the Rain" est à la fois mignon, car on comprend qu'il falalit des tours de danse, et regrettable.

C'est qu'avec deux batteurs (dont les partitions fourmillent de détails virtuoses), deux guitaristes, deux claviéristes, une basse aussi riche, une section de choeurs et une autre de cuivres, on aurait bien profité davantage de ce que nous offrent "Spacer", "Love Me Baby" et les morceaux énergiques des deux albums les plus récents, comme "Jumbo Loo", "Vis-vas" ou "La chanteuse" ! Autant la première partie du concert est plutôt classe, autant la dernière est un rien décevante. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir laissé les musiciens s'exprimer ! "Je suis comme toi" a gardé son vilain sample de studio, hélas, mais la vigueur rock'n'roll du morceau est appréciable, solo de guitare compris.

Plus loin, vient la surprise principale, à savoir "Mon p'tit loup (ça va faire mal)" que SHEILA était venue chanter en studio avec Johnny HALLYDAY au moment où celui-ci l'enregistrait pour son propre album Drôle de Métier, un an plus tôt, même si ce n'est pas la version finale. La dame seule ici en lead s'en sort à merveille, le sax de Patrick Bourgoin rugit comme il se doit, et tout cela nous fait regretter qu'elle n'ait pas chanté davantage de rock'n'roll pur et dur ! À l'inverse, "Bang Bang" surpasse de loin sa version de 1966, l'émotion est tout à fait palpable.

SHEILA au micro donne parfois l'impression d'être noyée dans les choeurs, fort charmant(e)s à l'écoute par ailleurs, mais leur cohésion est plaisante au possible. C'est surtout pendant le medley que la chanteuse, âgée de 40 ans désormais, semble retrouver naturellement ses intonations adolescentes, quand il lui arrive de chanter plus grave ailleurs. Entendre "Ecoute ce disque", "L'heure de la sortie", "Vous les copains", "Les gondoles à Venise", "Ne fais pas tanguer le bateau", "Reviens je t'aime" etc. enchaînés si rapidement fait naître de la frustration autant que du plaisir, grâce aux arrangements. "Les rois mages" ferment dignement le tout et plus longuement – ouf ! -, version géniale en particulier grâce aux cuivres funky en diable, et qui aurait encore mieux joué son rôle en toute fin de concert, avec un public aussi enthousiaste.

Quelques réticences, toutes les déconvenues n'enlèvent pas le désir de privilégier ce concert et son ambiance unique aux live suivants, moins bien orchestrés comme celui de 1989 ou ceux ultérieurs d'une SHEILA dont les adieux ne finissent plus.

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   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Sheila (chant, danse)
- Alice Terrel, Diane Dupuis (choeurs)
- Guida De Palma (choeurs)
- Yves Martin (claviers, arrangements)
- Olivier Masselot (claviers, arrangements, direction musica)
- Vincent Perrot (basse)
- T. 'blast' Murray, Jean Soullier (guitares)
- Christophe Deschamps (batterie)
- Bernard Wantier (percussions)
- Patrick Bourgoin (saxophone ténor)
- Alex Perdigon (trombone)
- Jacques 'kako' Bessot, Tony Brenes (trompette)


1. Vivre Mieux
2. Je Suis Comme Toi
3. Vis-vas
4. La Tendresse D'un Homme
5. La Vérité Qu'on Nous Ment
6. Guerrier Massaï
7. La Chanteuse
8. Tangue Au
9. Le Film à L'envers
10. Medley Ecoute Ce Disque/l'heure De La Sortie/vous
11. Spacer
12. Mon P'tit Loup
13. L'école Est Finie
14. Bang Bang
15. L'écuyère
16. Emmenez-moi
17. Singin' In The Rain
18. Présentation Des Musiciens
19. Jumbo Loo
20. Love Me Baby



             



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