Gros changements au sein des OAI STAR, groupe fabuleux, sorte d’émanation rock des MASSILIA SOUND SYSTEM.
Que ce soit en termes de style musical ou bien de line-up, le groupe semble être en perpétuelle évolution comme en témoigne sa fiche sur Wikipédia qui indique pas moins que punk rock, electro, ragga et chanson occitane, en matière de genres musicaux et pas moins de seize anciens membres.
Il est clair que cela sent le mouvement permanent chez les Marseillais. De fait, après le virage Electro effectué avec Foule Color (2016), le taulier Gari Grèu reste le seul membre à continuer l’aventure, Dadoo Daniel n’étant plus crédité que comme invité.

Ce sont désormais le touche-à-tout bosniaque, NeskoH à la guitare, Jamin à la basse et le duo loufoque ON S’EN TAPE (Gabriel et Vincent) qui l’accompagnent. L’orientation musicale du groupe s'en ressent, qui revient un peu à ses racines en privilégiant une approche radicalement bien plus rock. Un virage évident à l’écoute du puissant "ACDC" et du fougueux "Animal" : les guitares sont de sortie et les rythmes bien enlevés. Mais si la puissance est au rendez-vous, ces titres assez basiques ne retrouvent pas totalement la folie à laquelle le groupe nous avait accoutumés.
Le plus décalé "Le point commun" se montre plus piquant et intéressant, mais les interventions parlées de Gari Grèu et de Guillaume Meurice s’apparentent plus à un sketch qu’à une chanson. C’est amusant et bien troussé, mais cela nuit à la longue à l’efficacité du morceau. De même, plusieurs titres sont trop brouillons ou évidents pour susciter une réelle approbation. C’est ainsi le cas de "Rien ne pourra nous arrêter", malgré un bon passage de guitare mélodique.
Il y a également quelques facilités, à l’image du final du pourtant très bon "Comment ça va ?" qui manque clairement de finesse. C’est bien dommage parce que le riff de guitare est particulièrement efficace.
Pourtant, au détour de certains titres, la magie renaît. C’est ainsi le cas des "Pires", un rock qui apparaît un peu plus posé que le reste de l’album et possède une saveur particulière propre à nous enchanter. Le groupe s’y montre moins unidimensionnel et direct et, de ce fait, bien plus convaincant. Il en va de même du pourtant très fougueux et véloce "Scarabée" qui voit OAI STAR faire preuve d’une efficacité rock ‘n roll. Le genre de titre que l’on a hâte de voir interpréter sur scène, même si à nouveau le dialogue, cette fois-ci placé en fin de morceau, nuit un peu à celui-ci. De même, le nerveux "La Maison hantée", qui fait référence à un Café concert de la Plaine, possède une personnalité rock du meilleur effet.
Le festif et joyeusement bordélique "Faut secouer", avec la rappeuse marseillaise Lansky Namek, est également plutôt à ranger parmi les bonnes surprises. Ce rock légèrement teinté d’ambiance ska apporte un peu de diversité à un album un tantinet monolithique.
Mais, si ce virage rock nous donne des morceaux bien rentre-dedans et punchy, cela se fait un peu au détriment de la finesse, de l’humour et de la diversité qui permettaient au groupe de nous régaler.

Au final, même si Zulu Oscar Bravo India est un bon album de rock, il est difficile de cacher sa déception, sachant qu'il est ici question d’un disque des OAI STAR. En effet, nous sommes face à un album qui manque un peu de la folie et de la dérision dont les OAI STAR sont un peu les dépositaires.
Et si, bien souvent, nous ne sommes pas loin de sombrer dans le bonheur, il manque le petit plus propre à nous faire chavirer. Il manque la couleur, la diversité, la folie qui rendaient les premiers albums si jouissifs et imparables.
En cela, mon ressenti est bien ambivalent, mais il bascule plutôt vers la déception. Il n'empêche que je suis persuadé que, sur scène, le groupe saura faire de ces nouveaux morceaux de petits brûlots.

2 pour un album des OAI STAR / 3.5 pour un album de n'importe qui d'autre.