Moins d’un an après la publication de Drama Dust Dream, qui a vu le guitariste Helge Engelke réactiver son projet DREAMTIDE de la plus belle des manières, voici qu’un nouvel E.P voit le jour. Si cette sortie est inattendue, étant donné les délais habituels du musicien, l’explication est très simple puisque cette sortie, publiée uniquement au format digital en Europe, contient les cinq morceaux bonus qui accompagnent l’édition limitée de l’album précité réservée au marché japonais. Cette tradition d’agrémenter les albums distribués au Japon de morceaux inédits, afin de maintenir l’intérêt des auditeurs pour les albums édités par les maisons de disques locales (le prix exorbitant des albums vendus au pays du soleil levant pouvant inciter l’achat de version en import), se cristallise ici par la présence de cinq morceaux bonus publiés sous forme d’E.P. Plusieurs mois après la sortie de l’album, les amateurs non-japonais de la musique de DREAMTIDE ont donc le loisir de découvrir ces compositions inédites qui, pour certaines, méritent en effet d’être exposées à une plus large audience.

C’est notamment le cas de "Shadows", longue ballade alambiquée qui ouvre l’E.P. Titre aux influences blues, doté d’une puissance phénoménale, il doit sa beauté en grande partie à l’alchimie entre la voix céleste d’Olaf Senbeil et la guitare de Helge Engelke, qui donne au morceau une richesse épique. Le morceau se déploie lentement et intensément, transcendé par un son d’une clarté et d’une pureté bouleversantes. Et comme souvent chez DREAMTIDE, les ballades ont une double face, une sorte de tendresse énergique que l’on retrouve ici au son des riffs plaqués sur un refrain flamboyant. Ce morceau aurait dû figurer sur l’album, c’est une évidence.
On ne pourra être autant enthousiastes à l’écoute de "Spare Time Trooper", un titre groovy, porté par une guitare crunchy, mais dont la mélodie se fait passe-partout, sans grand intérêt. Le pré-refrain est plat tandis que le refrain lui-même est convenu et sent le réchauffé. Malgré un pont plus agressif, mais pataud, le morceau ne parvient pas à nous emballer. "Trust in the Wind" qui lui succède se fait plus percutant. Voici un morceau touffu, porté par un son épais, généreux. La basse notamment, se fait particulièrement remarquable, ronde et percussive. Ce titre efficace gagne en intensité à mesure de sa progression. On ne saute pas au plafond néanmoins.

Rare titre instrumental dans la carrière de DREAMTIDE, "Green Birds" est une pièce onirique, portée par une splendide mélopée introductive. Les claviers et la basse servent de socle stable permettant à la guitare de Helge Engelke de s’envoler dans une complainte bouleversante. Un peu comme l’atmosphère après une forte pluie, le son est ici d’une pureté incroyable, et chaque note touche au divin. Plus anecdotique, malgré ses 7 minutes au compteur, notons la présence d’une reprise de "Die Weissen Tauben sind müde" (Les colombes blanches sont fatiguées), standard de la variété allemande interprété initialement en 1982 par Hans Hartz. Hormis le chant en allemand d’Olaf Senkbeil, il n’y a pas grand-chose à retenir de cette ballade rock mise ici à la sauce DREAMTIDE, et qui prévaut donc par la performance limpide et splendide du chanteur ainsi que grâce à un long solo final en harmonies.

Compagnon sympathique à l’album Drama Dust Dream, Epic Dreamdust permet surtout de prolonger le plaisir car il n’est pas dit que DREAMTIDE ne se mette pas de nouveau en sommeil. Il y a un peu de tri à faire, mais ne serait-ce que pour "Shadows" et l’instrumental "Green Bird", l’écoute de cette musique dotée d’une personnalité unique et savoureuse est chaudement recommandée.

Sur Spotify : https://open.spotify.com/artist/1y5QMdQq4UUpMACInKZ8S0
Sur Apple Music : https://music.apple.com/fr/artist/dreamtide/202190925