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2003 Dreams For The Daring
 

- Membre : Scorpions, Fair Warning

DREAMTIDE - Here Comes The Flood (2001)
Par GEGERS le 1er Avril 2023          Consultée 531 fois

Au début des années 2000, la situation du groupe FAIR WARNING n’est pas des plus enviables. Le groupe de hard-rock allemand doit faire face à la défection du chanteur Tommy Heart qui a perdu le goût de travailler avec ses camarades, les nombreux changements de line-up des années précédentes ayant dénaturé, selon lui, l’essence du groupe. S’ajoute à cela la mise en retrait du bassiste Ule Ritgen, désireux d’explorer d’autres facettes de sa personnalité artistique, notamment la peinture. La tournée en soutien de l’album 4 arrivant à son terme, le guitariste Helge Engelke se retrouve donc le bec dans l’eau. Si de retour à la maison il se remet naturellement à composer, le paradigme est ici différent, puisqu’il ne sait pas encore par quel biais ses nouvelles créations verront le jour, ou même si elles le verront.
Naît alors l’idée de fonder un nouveau groupe afin de ne pas laisser moisir la situation. Le guitariste fignole ses idées pendant plusieurs mois, compose et écrit en solitaire, puis se décide, en mars 2001, de partir en quête de musiciens pour l’accompagner. La recherche sera de courte durée. Désœuvrés depuis la mise à l’arrêt de FAIR WARNING, le batteur CC Behrens et le claviériste Torsten Lüderwald sont plus qu’heureux de faire partie du projet. Le poste de bassiste revient à Ole Hempelmann (ex-THUNDERHEAD, futur RUNNING WILD) et celui de chanteur à un jeune prodige, Olaf Senkbeil, vocaliste au sein du groupe JACK’S HAMMER, et dont les talents sont demandés en studio par diverses formations germaniques (il a alors enregistré des chœurs sur plusieurs albums de BLIND GUARDIAN et FREEDOM CALL). Entre Senkbeil et Engelke, la connexion est forte et immédiate. Outre le fait qu’ils partagent la même passion pour l’obscur morceau "Wild Dogs" de DEEP PURPLE (période Tommy Bolin), la voix d’ange et la guitare céleste des deux artistes constituent une combinaison gagnante qui donne tout sa saveur à ce premier album publié sous le nom DREAMTIDE par le label Frontiers, en 2001.

L’attrape-rêve qui orne la pochette va devenir le symbole visuel du groupe. Cet objet, selon les légendes amérindiennes, emprisonne les mauvais rêves de la nuit et les empêche d’atteindre l’esprit du dormeur, brûlant ces songes néfastes à l’arrivée du petit matin. Au-delà de ce marqueur visuel, le nom du groupe, assemblage des mots "dream" (le rêve) et "tide" (la marée), lui confère une identité unique, onirique. L’auditeur est ici invité à entrer dans un monde parallèle, à se laisser aspirer dans ces songes musicaux aux contours volontairement indéfinis. Il y a une base hard-rock, naturellement, mais tellement plus que cela. Biberonné au rock des années 60 et 70, Helge Engelke qui ne se retrouve pas tellement dans la musique contemporaine porte comme un étendard son envie de se mettre au service de mélodies fortes, portées par des arrangements étoffés, tant au niveau de l’habillage sonore (basse toujours imposante, claviers) que vocal (chœurs prédominants, chant puissant). En cela, DREAMTIDE s’éloigne naturellement du propos de FAIR WARNING, en se faisant plus complexe, en proposant des arrangements et des structures musicales plus audacieuses.

Et puis, il y a un guitariste extraordinaire. Originaire de Hanovre, comme SCORPIONS dont les premiers albums l’ont profondément marqué, Helge Engelke se pose comme le fils spirituel d’Uli Jon ROTH auquel il a emprunté un son de guitare à la fois puissant, pur et limpide, qui confère à l’album une forte personnalité et en constitue la richesse essentielle.
Ce premier essai se transforme ainsi en long moment de bravoure (13 titres, 66 minutes) qui donne à découvrir une musique unique et d’une saveur insoupçonnée. On entre d’ailleurs dans l’album comme dans un rêve, à travers des sonorités électroniques qui offrent un pont d’or à la voix aigüe et si savoureuse d’Olaf Senkbeil. La guitare se fait tout d’abord rythmique, discrète, soutenant la mélodie vocale, et puis plus affirmée après le deuxième refrain. Les éléments sont en place, Engelke laisse libre cours à sa virtuosité, sa guitare déployant ses ailes et nous donnant l’impression de se transformer en volatile parcourant librement les cieux, sans contraintes. A l’image du son de guitare de Malcolm Jones (RUNRIG) qui évoque parfois le cri de la mouette, la six-cordes du magicien germanique se place très haut dans les cieux. Vous avez dit onirique ?

Le hard-rock ici déployé sait se faire rapide et lumineux, à l’image de "Your Life", porté par un piano rock’n’roll et des chœurs très imposants qui évoquent en effet les années 70. La combinaison est gagnante, car le résultat produit sonne neuf et inattendu. Plus loin, le morceau "Promised Land" s’apparente à un tube, introduit par des instruments à cordes frottés et porté par une mélodie imparable. Ce bon Olaf est ici impérial et son chant un avant-goût de la voix de Saint-Pierre nous accueillant au paradis. Les chœurs et arrangements efficaces prennent également le lead sur "Come With Me" dont le tempo plus mesuré n’amoindrit en rien l’impact. Les ambiances se font variées et donnent ainsi à l’album de la profondeur, à l’image de "Sundance" dont les tonalités tribales et les vocalises introductives évoquent les danses rituelles des Indiens d’Amérique, comme pour reboucler avec l’imagerie du groupe. Ce dernier, c’est une richesse, prend tout le temps de déployer ses ambiances, n’étant pas avare en titres mid-tempo à tiroirs, donnant tour à tour le premier rôle au chant, à la guitare, aux chœurs voire à la basse, souvent mise en avant. "Moment of Truth", la fausse ballade "I Take the Weight Off Your Shoulders" ou l’éthéré "Dreamers" sont ainsi faits du même tonneau, construisant un univers enivrant de beauté. Plus sombre, "Ten Years Blind" est porté par un riff mordant qui se rapproche de l’univers de FAIR WARNING, tandis que "Crashed" est également plus orienté riff, apportant un équilibre bienvenu. S’achevant sur un instrumental, Here Comes the Flood est un album dont on s’extrait en douceur, en ouvrant lentement les yeux, pour reprendre pied dans une réalité moins savoureuse mais embellie par l’existence-même de cet album excellent de la première à la dernière note.

La force de cet album est telle qu’elle nous fait presque oublier les travaux précédents de Helge Engelke au sein de FAIR WARNING. Ce nouveau départ est finalement un aboutissement artistique pour le guitariste qui s’exprime ici avec une virtuosité, une intensité et un feeling inédits, trouvant naturellement sa place dans ces compositions audacieuses et alambiquées. L’alchimie naturelle avec le timbre haut perché d’Olaf Senkbeil participe à faire de cet album un indispensable inclassable, une expérience musicale vers laquelle on retourne souvent pour en découvrir de nouvelles facettes. Un album dans lequel on plonge comme on plonge dans un rêve.

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   GEGERS

 
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- Olaf Senkbeil (chant)
- Helge Engelke (guitare, choeurs)
- Cc Behrens (batterie)
- Ole Hempelmann (basse)
- Torsten Luederwaldt (claviers)


1. What You Believe In
2. Ten Years Blind
3. Come With Me
4. Dreamers
5. Crashed
6. Your Life
7. Moment Of Truth
8. Sundance
9. Heaven Knows
10. Promised Land
11. I Take The Weight Off Your Shoulders
12. Cross The Line
13. Phoenix Tears



             



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