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The AMAZING RHYTHM ACES - The Amazing Rhythm Aces (1979)
Par LE KINGBEE le 18 Avril 2023          Consultée 653 fois

En 1979, les émanations liées à la vague Disco règnent encore en maîtresses, trustant les charts semaine après semaine. Donna SUMMER, Gloria GAYNOR, CHIC, The BEE GEES s’arrogent les premières places des hit-parades de notre planète. Barbra STREISAND profite de la mode pour se refaire une jeunesse, collaborant sans vergogne avec Donna SUMMER sur "No More Tears (Enough Is Enough)". D’autres stars font preuve d’opportunisme en intégrant des éléments Disco à leur répertoire, à l’image des STONES avec "Miss You" ou Rod STEWART avec "Do Ya Think I’m Sexy ?". Rien de répréhensible en soi.
Parmi les 26 Numéros Un du hit-parade américain 79, seuls les DOOBIES BROTHERS en avril, BLONDIE avec "Heart Of Glass", les EAGLES et STYX parvinrent à tirer les marrons du chaud en demeurant une semaine en haut des charts. La timbale revenant aux KNACK de Doug Fieger qui, avec "My Sharona", grimpèrent sur la plus haute marche pendant six semaines. Tout le reste provient de la vague Disco et la préfigure.

Dans ces conditions, pas étonnant que The AMAZING RHYTHM ACES n’aient connu qu’un succès d’estime avec un cinquième album curieusement éponyme. Il faut admettre que la pochette d’Earl Miller, photographe comptant une dizaine de visuels pour ABC Records, n’a rien de vraiment attrayant avec un fond blanc ayant pour seule démarcation le nom du groupe tout de noir écrit avec des bordures rouges. De chaque côté de la pochette, le nom de l’album est typographié en fines lettres capitales grises. Pas de quoi ameuter le chaland. Le dorsal se révèle plus explicite avec, en son centre, une photo en noir et blanc nous montrant un nouveau visage avec l’arrivée de Duncan Cameron (bref membre de Fools Gold et des Skyboys) en remplacement de Barry Burton, parti pour une carrière plus tranquille de musicien de session (Emmylou HARRIS, Dolly PARTON Don Williams, Nanci Griffith). Mais le gros changement demeure la présence dans un rôle de producteur du guitariste Jimmy Johnson, longtemps membre de la célèbre Muscle Shoals Rhythm Section rattachée au label FAME. Un guitariste qu’on retrouve entre autres derrière Aretha FRANKLIN, Wilson PICKETT, Linda RONSTADT, les STAPLE SINGERS ou les STONES, excusez du peu.

Si Russell Smith demeure le principal pourvoyeur - trois compos et une co-écriture avec Cameron Duncan -, c’est avec une petite pépite Soul que le groupe ouvre son compteur, prenant ainsi l’auditeur à contrepied. Superbe ballade Deep Soul d’Al GREEN, "Love And Happiness" avait fait l’objet de belles reprises via The UNDISPUTED TRUTH. La symbiose entre les différents instrumentistes et la production de Jimmy Johnson permet de placer la barre très haut d’entrée de jeu. Une version qui selon nous enterre bien loin celles de Graham Central Station, Al JARREAU ou Thelma HOUSTON. Peut-être la plus groovy avec l’originale et celle de LIVING COLOUR.
Second morceau et deuxième bonne pioche avec "Lipstick Traces (On a Cigarette)", une compo de Naomi Neville * enregistrée pour la première fois par Benny SPELLMAN en 1962. Si la chanson connaît une seconde vie en tombant dans la besace des O’Jays, de The American Breed puis de Ringo STARR, le chant de Russell Smith colle parfaitement au titre.
On reste dans le domaine de la ballade avec "Homestead In My Heart". Si le piano de James Hooker et la mélodie évoquent certains titres de Leo Sayer, le texte plein d’espoir sur un amour retrouvé impulse un parfum poétique. Le groupe Country Sawyer Brown reprendra la chanson sans restituer le moindre relief de romantisme.

Le groupe opère un virage à 90 degrés avec "Say You Lied". Si une brève intro chantée à capella dans le style des cantiques Country Gospel débute la chanson, la formation retombe dans son registre de prédilection entre Country Rock et Bluegrass, le banjo de Duncan Cameron s’offrant le premier rôle.
Retour vers un Country Rock tempéré avec "The Lonely One" **, titre dont le chant favorise un parfum mélancolique. Sur "Pretty Words" ˟, l’intro d’harmonica nous renvoie à la fois aux grands espaces de l’Ouest mais également à l’album Harvest de Neil YOUNG. Là encore, l’orchestration privilégie un tempo proche de la ballade et un texte plus lyrique que celui des productions Country Rock du moment.
Création de Rudy Clark et hit mineur pour le bluesman James Ray, "If You Gotta Make A Fool Of Somebody" connaît un regain d’intérêt par le biais de diverses interprétations (Eddie FLOYD, Aretha FRANKLIN, Bobbie GENTRY, Jackie DeShannon). Là encore, le groupe s’immerge dans une ambiance Soul Blues tirée du meilleur fût avec l’appui d’une excellente section cuivre.
Dépassant les 7 minutes en durée, "Whispering In The Night", compo de Russell Smith, tient plus du Slow Blues que de la Country. Malgré sa longueur, le titre plein de nuances se déguste comme du petit lait. Tous les instruments reliés par de délicats arrangements semblent en symbiose.
En guise de clôture, le groupe nous convie en territoire Tex Mex avec "Rodrigo, Rita And Elaine", une compo de Russell Smith qu’on croirait sortie d’un album des MAVERICKS ou de Sir Douglas Quintet du regretté Doug Sahm. Smith nous conte l’histoire de deux femmes se disputant l’amour d’un homme infidèle, marié à la première. Comme dans toute tranche de vie texane, l’histoire se règlera par une bagarre entre les deux protagonistes. Si les jeux de guitares distillent diverses influences allant du Tex Mex au Bakersfield Sound, le chant de Russell contraste parfaitement avec le timbre aigu de Joan BAEZ de passage dans les studios de Muscle Shoals. Les amateurs de Conjunto devraient apprécier le subtil jeu d’accordéon qui rappelle celui de Flaco Jimenez. A noter que ce titre connaitra d’autres versions, Russell Smith étant secondé par Kathie Louvin et Tracy NELSON.

Les amateurs de Country Rock et de Country californienne reprochent certainement une orientation trop Soul. A contrario, les amateurs de Country Soul et de Southern Rock regrettent de leur côté un ancrage trop Country. Au vu d’un tiers des pistes Soul et de l’excellent "Whispering In The Night", on peut penser que les Amazing Rhythm Aces avaient plus d’une corde à leur arc, le registre Country Soul leur sied comme un gant. La collaboration de Jimmy Johnson, grand guitariste de session et producteur plein de feeling, reste un atout incontestable. Une question demeure, Flaco Jimenez participe-t-il au dernier titre de l’album ?

Note réelle 3,5.


*Pseudonyme d’Allen Toussaint.
**Titre homonyme à celui de Duane Eddy.
˟Titre homonyme à ceux de Marty Robbins, Vince Gill et Elvis Costello.

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- Russell Smith (guitare, chant)
- Duncan Cameron (guitare, mandoline, banjo, dobro)
- Joan Baez (chant 9)
- Jeff Davis (basse)
- Butch Mcdade (batterie, percussions)
- James Hooker (claviers, piano)
- Billy Earheart (claviers)
- Ronnie Eales (saxophone 7)
- Harvey Thompson (saxophone 7)
- Harrison Calloway (trompette 7)
- Ben Cauley (trompette 7)
- Charles Rose (trombone 7)


1. Love And Happiness
2. Lipstick Traces (on A Cigarette)
3. Homestead In My Heart
4. Say You Lied
5. The Lonely One
6. Pretty Words
7. If You Gotta Make A Fool Of Somebody
8. Whispering In The Night
9. Rodrigo, Rita And Elaine



             



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