Recherche avancée       Liste groupes



      
COUNTRY ROCK  |  STUDIO

Commentaires (1)
L' auteur
Acheter Cet Album
 


The AMAZING RHYTHM ACES - Toucan Do It Too (1977)
Par LE KINGBEE le 4 Septembre 2022          Consultée 475 fois

Durant les seventies, le paysage sonore est en constante mutation en Amérique. On est dans une époque charnière, celle des baby-boomers nés après-guerre, une génération qui conteste de plus en plus l’ordre établi et les codes du quotidien régi par l’American Way of Life. Né d’une opposition entre Nashville sur la Côte Est et Bakersfield, refuge de nombreux dissidents opposés à la Country codifiée et ultra-conservatrice de Music City, le Country Rock allait émerger dès la fin des sixties de l’autre côté du territoire sous le beau soleil californien avec les percées de groupes emblématiques (The BYRDS, POCO, EAGLES, COMMANDER CODY, MARSHALL TUCKER BAND). Plus au l’Ouest, à 3000 kilomètres du soleil californien, c’est à Memphis que The AMAZING RHYTHM ACES faisait ses grands débuts.

Toucan Do It Too fait suite à Too Stuffed To Jump, album 'gramminé' et plus gros succès du groupe au box-office. Si la pochette s’annonce aussi étrange que curieuse avec ce toucan s’accrochant au jambage d’une lettre, il en est de même pour l’intitulé de l’album, celui-ci héritant en l’occurrence d’un drôle de nom d’oiseau. Quoi de plus normal quand un volatile vient orner la pochette de la galette ! Le visuel dorsal sur lequel les six membres du groupe se tiennent sous un beau ciel bleu nous apprend pourquoi Barry Burton a hérité du sobriquet 'Bird'. Pour l’anecdote, il semble que notre oiseau soit un toucan à carène. Mais après tout, la présence de ce sympathique toucan n’a rien d’illogique, la pochette de l’opus précédent nous dévoilait une petite grenouille sur une grosse bécane en bois.

La bande à Barry 'Bird' Burton vient de connaître une année dense avec de nombreux concerts à la clef. ABC Records décide qu’il est temps de récupérer quelques billes et de faire fructifier le groupe. Enregistré à Memphis dans les studios de Sam Phillips, ce troisième disque se plaît à faire fusionner plusieurs courants qui a défaut de faire un fleuve finissent par nous entraîner au fil de divers méandres issus du Rock, de la Country mais aussi de diverses tendances se rapprochant du Blues et de la Soul.

Russell Smith reste le principal pourvoyeur en matière de compositions avec pas moins de sept pistes, tandis que le batteur Butch McDade est à l’origine d’un titre. L'architecture du groupe demeure inchangée, la cohésion de l’orchestration autant que du répertoire est donc de mise.

En ouverture, "Never Been To The Islands (Howard & Hugh's Blues)" frappe par sa douceur, le timbre de Smith auquel succède Butch McDade colle parfaitement à ce Soft Rock qu’on pourrait croire sorti d’un disque des EAGLES ou de Linda RONSTADT. Les claviers de James Hooker contribuent à apporter une note suave tandis que la guitare impulse une coloration exotique évoquant un décor caraïbéen ou de calypso. On reste sur la même lignée avec "Never Been Hurt" *, ambiance tropicale en moins, Russell Smith ajoutant juste un peu plus d’intensité au micro, tandis que la telecaster s’offre un bref solo. "Geneva’s Lullaby" se déguste comme une tendre balade. Si le timbre vocal de Russell déborde de tendresse, une touche de mélancolie se dégage de la chanson.

Le ton monte d’un cran avec "Living In A World Unknown" dont la guitare s’offre quelques passages dévastateurs tempérés par le piano de James Hooker (futur accompagnateur de Nanci Griffith) et l’orgue de Billy Earheart (futur équipier de Stan Webb, James Nixon et Jimbo Mathus). "Everybody's Talked Too Much" nous révèle une orientation plus roots, avec une ambiance qui se durcit, un titre qui pourrait provenir des Lost Planet Airmen de l’impayable COMMANDER CODY. La cadence s’accélère encore avec "Who’s Crying Now ?" **, un Country-Rock digne des DOOBIE BROTHERS ou de CREEDENCE. Avec "I’m Setting You Free", c’est un assemblage festif de Western Swing, de Tonk et de Truck Drivin’ Song que nous concocte le groupe, titre ideal pour les amateurs de Country Dance, phénomène à la mode depuis plus d’une décennie. Là encore, le stringbander placé dans la guitare de Russell Smith teinte comme une steel guitare. Un titre à cheval entre COMMANDER CODY et Asleep As The Wheel, formation de Ray Benson.

Si les Aces sont de bons représentants du registre Country-Rock, les membres ne réfutent pas une Country plus classique, comme en atteste "Last Letter Home" porté par la mandoline de Barry Burton et le piano de James Hooker. A noter un petit solo non pas de pedal steel guitare mais de guitare, Russell Smith utilisant pour l’occasion un stringbander, engin imitant le son de la steel. Changement total de direction avec "Just Between You and Me and the Wall, You're a Fool", une petite pépite de Country Soul, pleine d’onctuosité. Ce titre inaugure les futurs parcours de certains membres : le bassiste Jeff Davis se produira aux cotés de Frank FROST, Roscoe Shelton, alors que Billy Earheart accompagnera Charles Walker, Johnny Jones et Freddie Waters. En 2015, Bettye LAVETTE reprendra le titre avec une intensité dramatique encore plus accentuée. Enfin, en guise de clôture, la formation nous assène une perle groovy à souhait avec "Two Can Do It Too", titre à cheval entre les Neville Brothers LITTLE FEAT et BUFFALO SPRINGFIELD avec encore une fois un Russell Smith plein de justesse.

Ce troisième opus sous-côté avec une 24ème place dans les classements Country de l’époque nous paraît aujourd’hui légèrement plus consistant que son prédécesseur. La qualité d’écriture, la justesse du chant, la symbiose entre les différents membres et l’éclectisme du répertoire demeurent d’importants atouts qui n’ont de surcroit pas trop vieilli. Si le groupe fait preuve de modernisme avec l’emploi d’un piano, d’un orgue et du fameux stringbander, il respecte les traditions avec quelques incursions dans le domaine de la Country dite traditionnelle. A l’orée du nouveau millénaire, Sony propriétaire du catalogue ABC a réédité le disque en format CD regroupé avec Burning The Ballroom Down, quatrième opus du groupe.

Note réelle 3,5.


*Titre homonyme à celui de Demi Lovato.
**Titre homonyme à celui de Journey.

A lire aussi en COUNTRY par LE KINGBEE :


Tracy NELSON
Come See About Me (1980)
Un must de la country soul sudiste




COMMANDER CODY
Lost In The Ozone (1971)
Un contre pied aux tendances du moment


Marquez et partagez





 
   LE KINGBEE

 
  N/A



- Russell Smith (chant, guitare)
- Barry 'bird' Burton (guitare, mandoline, chœurs)
- Jeff Davis (basse, chœurs)
- Butch Mcdade (batterie, chant 1, chœurs)
- James Hooker (piano, clavecin, chœurs)
- Billy Earheart (orgue)


1. Never Been To The Islands (howard & Hugh's Blues)
2. Never Been Hurt
3. Living In A World Unknown
4. Everybody's Talked Too Much
5. Last Letter Home
6. Who's Crying Now
7. Just Between You And Me And The Wall, You're A Foo
8. I'm Setting You Free
9. Geneva's Lullaby
10. Two Can Do It Too



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod