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SOUTHERN ROCK  |  STUDIO

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The AMAZING RHYTHM ACES - How The Hell Do You Spell Rythum? (1980)
Par LE KINGBEE le 17 Février 2024          Consultée 289 fois

Nous sommes au début d’une terrible période, si la vague Disco s’est heureusement éteinte elle aura néanmoins servi à banaliser l’utilisation de l’électronique, l’arrivée soudaine du Hip Hop qui a recours au sampling, aux batteries électroniques et à de nouvelles technologies sonnent le glas des instruments traditionnels et par la même occasion la carrière de nombreux musiciens.

L’aventure avec le label ABC prend fin au tout début de l’année 1979, la firme mécontente des retombées financières met brutalement fin à leur contrat. Le groupe s’entretient par le biais de concerts dans les circuits Country Rock, des bars et des conventions de motos. En 1980, la formation parvient à attirer l’attention de Warner Bros qui décide de les envoyer au mois de mai à Sheffield (Alabama) au Muscle Shoals Sound Studio, le studio de Jimmy Johnson qui vient de déménager sur Alabama Avenue.

Alors que les Etats Unis traversent une crise avec la prise d’otages à l’ambassade américaine de Téhéran, un second choc pétrolier et les élections présidentielles qui aboutiront à l’élection d’un ancien acteur Ronald Reagan, Tim Ritchie et un tout jeune Dennis Mukai s’amusent à parodier le mémorial du Mont Rushmore sur lequel sont implantées les statues géantes de quatre présidents américains (Washington, Jefferson, Lincoln et Roosevelt). Cette fois ci en lieu et place des quatre présidents ce sont les visages des membres du groupe qui tronent la montagne. De manière à apporter une touche d’humour encore plus grande, un petit bonhomme escale le pic agrémenté par une bulle genre BD contenant le titre de l’album. Ce n’est pas la première fois que le Mount Rushmore sert à illustrer une pochette, DEEP PURPLE avait utilisé une illustration similaire pour l’album In Rock.

Si les membres et plus particulièrement Russell Smith se posaient comme les principaux pourvoyeurs de leur répertoire, les choses changent puisque seuls quatre titres proviennent de leurs plumes. En guise d’hors d’œuvre "What Kind Of Love Is This ?" jongle habilement entre Southern Rock et Rock FM, le jeu de guitare se révèle plus prononcé que sur les opus précédents et le chant de Smith produit toujours autant de feeling. Virage à 90 degrés avec "I Musta Died And Gone To Texas", pièce entre Honky Tonk et Hokum dans laquelle la guitare jouée à plat s’apparente au jeu d’une pedal steel. Retour vers du Country Rock avec "Living On Borrowed Time" *, une complainte sur la perte de liberté dans laquelle les claviers et la guitare semblent en totale symbiose parfumée par un passage de sax. L’humoristique "Big Ole Brew", une ode aux petits plaisirs de la vie (la bière et l’amour d’une compagne), devrait combler les amateurs de line dance, l’accordéon de Billy Earheart apporte un plus impulsant au morceau une ambiance louisianaise, une bonne trouvaille. Le titre sera repris par Mel McDaniel.

Les différentes reprises tissent un excellent patchwork où différents courants viennent poser leurs jalons. On ignore si le groupe a voulu faire un pied de nez à son ancien label avec "Object Of My Affection", titre figurant dans le premier disque de Delbert McClinton édité par ABC. Il s’agit plus probablement d’une suggestion du saxophoniste Ronnie Eades, présent sur la version d’origine. Les Aces nous en donnent une interprétation avec le plein de vitamines, les instruments se livrant à de beaux duels festifs. Une version qui nous parait plus captivante par rapport à celles de Gail Davies ou Mickey Gilley.

Changement total de cap avec "You Left The Water Running", une compo du tandem Dan Penn/Rick Hall enregistrée pour la première fois par le soulman Billy Young. Au fil du temps, la chanson fera l’objet de reprises retentissantes (Wilson PICKETT, Otis REDDING, James Govan). Si les FLYING BURRITO BROTHERS en firent une version Country Rock tout à fait acceptable, là sous l’impulsion de Jimmy Johnson le groupe nous en assène une formidable version ancrée dans la Country Soul, la voix de Russell Smith sonnant plus noire que celles de nombreux soulmen. Titre le plus long de l’album "I Got The Feeling" d’Eddie Hinton se déguste comme une pure pépite de Deep Soul. L’orgue donne l’impression qu’on est assis sur un banc d’église. Pour les amateurs d’anecdote, Ronnie Eades accompagnait Hinton, ancien guitariste de la Muscle Shoals Rhythm Section.

Autre bon passage avec une relecture de "Wild Night", titre de Van MORRISON pioché dans l’album Tupelo Honey. La présence des deux sax de la Muscle Shoals Horns apporte assurément une touche de Southern Soul malgré un manque de rondeur de la basse. Une version bien plus palpitante par rapport à celles de Richie HAVENS et Martina McBride. Bonne trouvaille avec "Farther Down On The Road", titre de Taj MAHAL, si le piano et l’orgue tiennent les rennes de l’attelage, les sax et la guitare tentent de leur reprendre le leadership via quelques envolées. Une reprise en mode Southern Rock bien plus attractive que la version Reggae de CLAPTON. L’album prend fin avec "Give Me Flowers While I’m Living", un vieux Bluegrass Gospel de Lester Flatt transformé ici en une ballade Country dans laquelle le dobro et la mandoline endossent les premiers rôles. Un titre relooké, le timbre de Russell Smith donne une sonorité plus contemporaine que le chant nasillard de Lester Flatt, disparu juste un an avant.

Seuls trois titres s’inscrivent pleinement dans le domaine de la Country Music. Le groupe s’illustre principalement sur les pièces d’origine Soul transformées en Country Soul et sur les pistes Country transposées en Southern Rock. Cet album mal promu par Warner Bros ne connaitra qu’un succès d’estime lors de sa sortie mais mérite une attention soutenue. Cette formation qui n’a jamais été à la recherche d’un succès commercial reste l’une des plus sous-estimée du registre Country Rock. Le groupe possédait un indiscutable sens du rythme mais n’a jamais réussi à trouver sa place entre Country, Country Rock, Country Soul et Rock Sudiste, certains auditeurs américains leur reprochant à tord un manque ce clarté dans leur étiquette. Le groupe se reformera au milieu des nineties, alors que la plupart des membres se transformera en accompagnateurs demandés. Contrairement aux disques précédents rangés par défaut sur l’étagère de la Country, celui-ci sera déposé dans le rayon Southern Rock.


*Titre homonyme à ceux d’Enoch Light et Travis Tritt.

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- Russell Smith (chant, guitare)
- Duncan Cameron (chant, guitare, dobro, mandoline, pedal steel)
- Jeff Davis (basse)
- Butch Mcdade (batterie, percussions, tambourin)
- James Hooker (piano, claviers, chœurs)
- Billy Earheart (orgue, accordéon)
- Mickey Bugins (percussions)
- Ronnie Eades (saxophone)
- Al Garth (saxophone)
- Harrison Galloway (trompette)


1. What Kind Of Love Is This?
2. Object Of My Affection
3. You Left The Water Running
4. I Musta Died And Gone To Texas
5. Living On Borrowed Time
6. Wild Night
7. Big Ole Brew
8. Farther On Down The Road
9. I Got The Feeling
10. Give Me Flowers While I'm Living



             



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