Le début de carrière de Renan LUCE est assez paradoxal et surprenant. L’auteur, compositeur, interprète voit en effet sa notoriété exploser très rapidement, dès la sortie de son premier album. Notamment du fait de la diffusion du single "Les voisines", un titre d’apparence légère et superficielle. Pourtant, lorsque parait Repenti, à l’automne 2006, et même si sa carrière est toute récente il a déjà arpenté de nombreuses scènes en première partie de BENABAR, Thomas FERSEN, Maxime LE FORESTIER, Jeanna CHERHAL et CLARIKA.

Ce premier single, du fait de son caractère léger et frivole, pouvant donner l’image d’un artiste sans beaucoup de profondeur et plus axé vers la création de single. Entendons nous bien, ce morceau est une réelle réussite, et il est doté d’un texte de qualité, mais il possède quelques facettes qui peuvent l’assimiler à un tube éphémère. En tout cas, qui ne pouvait laisser présager la qualité des autres morceaux.

Car derrière ce titre phare, Renan LUCE nous régale de plusieurs Chef d’œuvre, avec notamment ; "Repenti", "Je suis une feuille", "La lettre". Et, dans une moindre mesure, "Monsieur Marcel". Ce qui fait tout de même cinq morceaux de très haut niveaux. Cinq morceaux aux textes d’une finesse et d’un inventivité assez rares. Cinq morceaux aux mélodies qui, bien que simples, se révèlent assez bien ciselées. Cinq morceaux qui nous embarquent et nous immergent dans des univers singuliers. Un des talents de Renan étant sa capacité à créer des ambiances et des univers tout à la fois fabuleux et très communs. A magnifier le quotidien.

En ce sens, on pourrait faire un parallèle avec certaines des caractéristiques de BRASSENS et de BENABAR (Je serais même tenter d’évoquer RENAUD, mais ce dernier me semble avoir un atout supplémentaire en matière musicale). Cette aptitude a nous embarquer avec lui en n’utilisant que des accords assez simples et des arrangements qui le sont tout autant. A nous ensorceler et nous enivrer de la valse de ses mots et des images qu’il nous inocule. C’est original, exigeant, souvent animé d’une fibre poétique et de romantisme.

Et pourtant, sa voix n’est pas exceptionnelle et possède ses limites ("Mes racines"). Tout comme nous avons vu que sa musique reste assez basique. Mais le talent est bien là et la magie opère. Et ce d’autant plus, qu’au-delà des cinq morceaux mentionnés précédemment le reste, s’il n’est pas du même niveau, reste très correct. A commencer par cette incursion féérique dans une petite boutiques / cabinet de curiosité, avec "Camelote". Ou bien la belle ritournelle "Le lacrymal Circus". On retrouve à chaque fois cet amour et cette maitrise de la langue et cette capacité à se montrer inventif avec les textes.

Alors certes, la magie n’est pas toujours présente. Et si la mélodie et la douceur de "I Was Here" est envoutante, le texte n’est pas à la hauteur des standards de qualité mis en place par l’auteur lui-même. De même, "Nuit blanche" m’apparait trop brouillon et chaotique pour se montrer aussi efficace que ses collègues. Nous sommes pourtant majoritairement à deux doigts de sombrer dans le sublime. Et on en vient à se demander ce qu’il manque à un titre du calibre de "L’iris et la rose" pour tutoyer l’excellence ? Peut être un peu plus de maturité ou de recul. Difficile à dire.

Repenti, est un disque qui n’est pas parfait dans sa totalité, mais qui possède de telles perles, que l’expression un coup de maitre pour un coup d’essai vient immanquablement à l’esprit.
L'album a été réédité depuis avec plusieurs titres live en Bonus.
4.5/5