Et de 23 pour le phénix CharlElie COUTURE. En 40 ans de carrière discographique, si on met de côté les Bandes Originales de film et autres projets « annexes », le Nancéen est venu nous rendre visite plus d’une vingtaine de fois. Et si son exile outre atlantique a pu nous le faire apparaître moins présent ces derniers temps, il n’en reste pas moins que, régulièrement, il revient à nous avec des albums plus que sérieux, parmi lesquels on peut citer les excellents New YorCoeur (2006) et Fort rêveur (2011). Et c’est encore le cas avec ce Même pas sommeil de très bonne facture. Un album gorgé de guitares et dans lequel Mister COUTURE nous régale des délices de sa plume toujours aussi inspirée. Et au travers duquel il nous déclare son retour de manière un peu plus durable en hexagone.

Porté par une production excellente nous retrouvons un CharlElie en très grande forme et qui marque des points tout autant au niveau musical, qu’en matière de textes. Le son est puissant, la diction d’une clarté et d’une précision impressionnante, le propos général d’une assurance et d’une maîtrise absolues. Ce qui nous permet de profiter des histoires et des thèmes qu’il aborde avec toujours une finesse et une pertinence saisissante. Le tout étant logé dans l’écrin d’un disque qui bien que résolument Rock se révèle être d’une grande variété.

Tout d’abord en termes de musique, puisque l’on peut voir se succéder, avec bonheur, le blues lourd de "Another Man Blues", puis un "Seul et unique", ben plus léger et apaisé, pour déboucher sur "Le Lamentin" qui fait raisonner ses sonorités de Rock bastringue, porté par le son d’une trompette à sourdine. Et que dire du suintant et indolent "Ode à l’Est" qui voit CharlElie nous surprendre en délaissant le chant pour réciter son texte avec une force de conviction prenante.

Cette variété se retrouve également dans les thèmes abordés. On retrouve bien entendu sa fibre écolo, qu’il avait déjà exprimé avec l’excellent "Les ours blancs" (Fort rêveur - 2011). Ici, cela est fait au travers de "Toi ma descendance" ou bien de "Les heures caniculaires". Mais on le retrouve également dans des sujets sur lequel on l’attendait moins, comme la cruauté qui émane de certaines entreprises qui broient leur corps social, au travers de l’histoire d’un homme qui réalise que son employeur ne compte plus sur lui, à l’occasion d’un raout à la gloire des valeurs de la société. Ou bien encore, les surprenants "Ode à l’Est" et "Ode à l’Est 2"dans lesquels il déclame pudiquement son amour pour sa terre natale.

Chaque titre se révèle être unique et indispensable. Des deux "Ode à l’Est", à l’ambiance inquiétante en passant par "A Paris, je péris" et son imparable gimmick de guitare, on visite ce Même pas sommeil avec un bonheur toujours renouvelé. Mister COUTURE faisant preuve, en toute occasion, d’une maîtrise et d’une hauteur de vue sans faille. Un peu l’image du vautour qui orne la pochette du disque et qui semble survoler et comprendre un monde avec lequel il prendrait ses distances tant son évolution lui apparaît inquiétante.

Mais cela ne doit pas donner l’image du vieux sage apportant la bonne parole à ses ouailles. Au travers de ce nouveau disque, CharlElie COUTURE nous démontre qu’il est toujours aussi affûté et que ses disques s’inscrivent clairement dans l’air du temps.
Une très belle réussite.