La première moitié des années 80 constitue de sacrées vaches maigres pour WEEK-END MILLIONNAIRE ; heureusement pas pour le reste de la scène pop toulousaine, en grande expansion avec GOLD et consorts ! Depuis 1979, le trio a pris l'habitude de publier des singles restés inédits sur 33 tours, à commencer par "Appelle-Moi"/"Hello" coincé entre les deux premiers LPs et tout à fait dans le ton d'alors.

Depuis French Music Par Excellence (1980), ils ne passent plus que par ce support à raison d'une fois ou deux par an, chose que l'on peut trouver discutable de prime abord, y compris musicalement. Toutefois, Navarre, Thomas et Godoretsky ont plus d'un tour dans leur sac et parviennent à rester eux-mêmes, avec des idées intéressantes sous le bras, comme en témoigne "Exit" en 1983, dernier élément de cette première suite courte à leur carrière.

Si l'évasion toute en sensualité n'a jamais quitté le propos principal de WEEK-END MILLIONNAIRE, cette chanson esseulée centre davantage l'intérêt autour de l'Afrique. Un thème de plus en plus en vogue alors sur les chemins de la culture (et plus), même si, outre les impressions de savane et la chaleur voulue, les piranhas et requins mentionnés sont ceux d'un quotidien très européen.

Dans ce vent d'innocence maintenue, les trois compères et leurs collègues musiciens non-crédités délivrent une fausse ballade lente et nonchalante parcourue d'effets nature, de bruitages légers dans la tradition broussarde, de choeurs tribaux même sur la fin. La sensualité des paroles et l'invitation au voyage sont passés à la moulinette 80's, avec la boîte à rythmes Linn et des synthétiseurs cybernétiques pouvant picoter.

Déjà ponctuée de variations rythmiques intéressantes, "Exit" ne se contente pas d'un schéma simple : la musicalité y est évidente, même si l'ensemble n'est pas mémorable en soi. La basse slapée est ajoutée sur le refrain, plus tard la guitare et le sax soprano viennent ornementer le chant. On retrouve les harmonies aériennes avec la surprise de la fin donc pour un résultat plus ample, une caisse claire très artisanale et un couplet-coda-leitmotiv qui ne posait pas encore de problème d'un point de vue censure ("L'Afrique est noire comme ton coeur ce soir").