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Kali UCHIS - Sincerely, (2025)
Par ARCHANGEL le 14 Mai 2025          Consultée 49 fois

Pas de surprise si je vous dis que Kali UCHIS va nous parler d’amour sur ce cinquième album intitulé Sincerely,. Depuis toujours, sa musique est synonyme de douceur et de sensualité sans esbroufe et en 2025, elle reste fidèle à cette identité et continue de jouer sur certaines dualités, entre l’anglais et l’espagnol, entre le désir et la pudeur par exemple. Pourtant, sur ce nouveau projet, la chanteuse américano-colombienne abandonne totalement l’influence du reggaeton et de la trap latino pour livrer une fresque néo-soul d’une douceur satinée, baignée dans une luxuriance latine aux arrangements plus amples et plus orchestraux.

Kali construit cette atmosphère dès les premières notes de "Heaven Is A Home…", le ton est donné, au menu : harmonies aériennes, production éthérée, voix de velours, bref, aucun doute, UCHIS est définitivement la reine de son royaume vaporeux. La ligne de basse est assez délicate pour accompagner ces quelques accords de guitare et ces cordes célestes sur lesquels elle pose sa voix telle une caresse. Tout ici respire la volupté et on découvre que la chanteuse a travaillé ses transitions à fond. Ainsi, "Sugar! Money! Love!" s’enchaîne comme s’il découlait naturellement du précédent, porté par le même souffle. Les harmonies y sont sublimes à en pleurer, angéliques à un point qui ferait (presque) pâlir Lana DEL REY. Ce morceau réaffirme le talent de UCHIS pour convoquer l’esprit d’une soul rétro, plantée sur des nappes de synthés chaudes, mais aussi pour évoquer une sensualité exempte de toute vulgarité.

Dans le titre "Lose My Cool" qui est découpé en deux parties, la chanteuse livre un passage plus dynamique et lumineux sans trahir l’élégance de l’ensemble. La première moitié rappelle le groove lent très 70’s, soutenu par des percussions moelleuses et une basse façon slow jam. Kali a une manière de faire pulser les émotions sans devoir s’époumoner, avec cette retenue qui donne encore plus de poids à ses mots. Sa voix plane au-dessus de l’instru, puis vient la seconde partie où la production se fait plus fine. Les textures virent 80’s, UCHIS avance dans la brume alors que les percussions s’effacent au profit des claviers électriques et elle y chante en rêvant à voix haute, dans l’introspection et la réverbe.

Certaines ballades sont peu marquantes ("It’s Just Us", "Daggers!") mais n’en demeurent pas moins charmantes. Elles font pleinement partie de cette continuité feutrée propre à Kali, nous enveloppant dans un cocon soyeux sans forcément surprendre. "For: You" apporte de la lumière au projet même si on reste sur les classiques de la chialante (pensez section de corde dramatique, claviers plaintifs et montée en intensité bien calibrée). La voix d’UCHIS brille, elle ondule et se dédouble, toujours parfaitement posée. Mais la magie opère, c’est une chanson-cadeau aux êtres aimés, une promesse sincère - pas révolutionnaire mais touchante.

Avec "Silk Lingerie,", on plonge tout droit dans la piste la plus charnelle de l’album en terme de musicalité. Mais une fois encore, Kali ne tombe jamais dans la facilité d’un érotisme explicite ou racoleur, elle n’expose pas le désir dans la chair crue, elle le suggère en jouant sur des textures vocales denses, qui glissent sur un clavier plus sombre, aux accents de film noir. C’est une chanson plus distinguée que frontale, une caresse et non un choc. Comme un bon vin, UCHIS s’améliore avec les années et maîtrise l’art du non-dit, chuchotant cette douceur lascive et raffinée comme si elle tenait ses auditeurs par la nuque.

"Territorial" fait partie - à l’image de "Silk Lingerie," - du coeur du disque. Un beat ralenti, des instruments qui vibrent, une boucle hypnotique et cette voix qui passe de l’anglais à l’espagnol avec finesse pour parler d’exclusivité et d’attachement dans un groove élaboré sans effort, au millimètre près. Un titre obsédant, plein de nuance et rien n’est laissé au hasard dans cette mécanique du frisson. Rythmé par la batterie et la basse, "Fall Apart," sonne plus mainstream mais il reste un superbe morceau où Kali met en avant une production anguleuse, davantage de guitares électriques et les carillons oniriques d’un clavier cristallin, choisis avec une précision qui en dit long sur l’attention portée aux textures.

Retour à l’ambiance rétro que Kali affectionne particulièrement dans "All I Can Say", une sorte de doo-wop au tempo suspendu, baigné dans une réverbe vintage où la voix flûtée de la chanteuse se pose très joliment. En somme, un petit slow bien mélancolique, irrésistiblement désuet qui cristallise clairement son style et son goût pour les ballades sentimentales à l’ancienne, tout en conservant une modernité rutilante. Je succombe à la vibe ensoleillée du morceau "Angels All Around Me…", une berceuse céleste produite par Leon MICHELS, que UCHIS semble chanter avec une sagesse désarmante pour sa mère disparue pendant l’enregistrement du disque. L’orchestration est diaphane est Kali s’épanouit sur quelques cordes, une touche de basse et de claviers, mais surtout une batterie bien présente, qui cadence autant la pudeur qu’un élan d’espoir.

Plus légère et passe-partout, la chanson "Breeze!" offre un petit bol d’air frais dans l’album. Son beat élancé installe une sensation de flottement hédoniste tandis que les jolis choeurs viennent tapisser l’arrière-plan de reflets veloutés. De façon similaire, le single "Sunshine & Rain…" sonne vaporeux au possible avec son boom-bap adouci et ses claviers qui scintillent, mais il incarne parfaitement la dualité du projet entre joie et peine, un équilibre subtil que UCHIS maîtrise à la perfection. Écrit après la naissance de son fils, Kali chante cet amour immense, le plus grand qu’elle connaisse, avec une tendresse qui touche au coeur dans le single "ILYSMIH" qui clôt le disque sur une note bouleversante et une instrumentation épurée qui laisse la voix de la chanteuse flotter sans artifice.

Sincerely, est un album ultra homogène : production downtempo sans banger mainstream tapageur, mais une douceur constante, introduite dans un écrin néo-soul si raffiné qu’il n’est pas nécessaire de chercher plus loin. De plus, le projet est pensé comme un tout, tel un voyage fluide sans rupture où chaque chanson se fond dans la suivante, alors on se laisse porter et on ressort de cette écoute comme d’un songe. Certains d’entre vous pourraient le trouver un peu monotone ou trop contemplatif mais les amateurs de soul sophistiquée et de R&B écrit avec finesse y trouveront une richesse folle et des harmonies vibratiles, composées avec un souci du détail rare. Un 4 de rigueur pour une artiste qui ne me déçoit presque jamais.

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   ARCHANGEL

 
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- Kali Uchis (chant)
- Alex Goose (célesta, synthés)
- Aaeron Frazer (batterie)
- Josh Crocker (basse, batterie, guitare, synthés)
- John Anthony Rodriguez (guitare, piano, orgue)
- Leon Michels (basse, guitare, claviers)
- Homer Steinweiss (batterie)
- Lee Falco (batterie)
- Marco Benevento (piano)
- Nick Movshon (basse)


1. Heaven Is A Home…
2. Sugar! Honey ! Love!
3. Lose My Cool,
4. It’s Just Us
5. For: You
6. Silk Lingerie,
7. Territorial
8. Fall Apart,
9. All I Can Say
10. Daggers!
11. Angels All Around Me…
12. Breeze!
13. Sunshine & Rain…
14. Ilysmih



             



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