Suite des aventure du synthésiste californien Nik Pascal RAICEVIČ, avec ce troisième album au titre que l’on pourrait traduire comme "Le sixième sens". The Sixth Ear, en voilà un titre étrange, "The Sixth Sense" serait plus approprié. Toujours est-il que la pochette est à l’avenant du titre et annonce clairement le contenu. En tout cas, ce paysage rocailleux est nettement plus sympathique que la tumeur en cage du précédent album.

The Sixth Ear est nettement plus abouti que ses deux prédécesseurs. Les sons gagnent en consistance, les morceaux sont mieux construits. L’album s’ouvre sur un morceau-titre de neuf minutes qui débute par des bourdonnements pulsés se muant en des pépiements torturés. Une ambiance oppressante réussie, qui rappelle "Beyond The End" sur l’album précédent, en plus dynamique.
La suite de l’album est composée de huit morceaux de deux à quatre minutes, également plus denses que sur les deux premiers albums, plus chaotiques aussi, essentiellement faites de bourdons et de pistes pulsées, toujours en semi-improvisation. On peut citer "Karma" construit autour d’un bourdon imitant un didgeridoo, le sample and hold de "Identity", les harmonies inquiétantes et les agitations bruitistes de "Visions Of Kali", et "Anandamayi" où se superposent plusieurs pistes pulsées, parfois péniblement plaintives, et d’autres tout aussi improvisées mais plus mélodiques, aux allures sud-asiatiques. "Demons Of Rage" inclut, pour la première fois chez Nik Pascal RAICEVIČ, des percussions. C’est encore très sommaire, il faut l’avouer, cette ligne de bongos est loin d’être extraordinaire, assez irrégulière et désordonnée.

Malheureusement, Nik Pascal RAICEVIČ fait toujours dans l’auto-recyclage. "Identity" récupère des extraits de la pulsation de "The Sixth Ear" et de la nappe de bruit de "Karma", et la conclusion "Life" n’est qu’une resucée de "The Sixth Ear". Plus fort: "Journey Into The Light" et "Subconscious Nebula" partagent les mêmes éléments sonores: deux nappes oscillantes et une nappe de bruit blanc, simplement agencées diffèrement. Sur "Subconscious Nebula", l’agencement de ces parties est plus chaotique.

Nous pouvons retenir de cet album le morceau-titre, "Subconscious Nebula" somme toute assez prenant, "Anandamayi" intéressant, mais le reste manque de musicalité. Oui, il y a du mieux par rapport aux deux précédents albums, mais le résultat reste bien pauvre face aux musiques électroniques berlinoises.

2 ½ sur 5