Pour cette cuvée 1973, Nik Pascal RAICEVIČ a adjoint au Moog un Arp 2600, une boîte à rythmes et des percussions. C’est loin d’être anecdotique. Cette progression matérielle lui permet d’enrichir ses textures sonores. Donc, si le modus operandi demeure peu ou prou le même, Magnetic Web est bien plus riche et agréable que ses prédécesseurs, manifestant une meilleure préparation et un meilleur assemblage de la matière sonore.

Le morceau-titre de presque dix minutes démarre l’album sur une étonnante superposition de patterns tout droit sortis d’une boîte à rythmes, bientôt enrichie de coassements électroniques qui se livrent à des errances mélodiques intrigantes. Ce premier morceau est en définitive assez peu varié, l’improvisation se déroule sans rupture, sans beaucoup de variations. Le clou de l’album est bel et bien "Dance Of The Supernatural", l’autre longue pièce, mue par des pulsations électroniques statiques mais magnifiée par des coups de clochettes et des montées de cymbales, pour un résultat hypnotique et prenant.

Le reste de l’album est plus abstrait, davantage dans la lignée du précédent album, mais non moins intéressant. Si "Light Stimulus" est un bouillonnement sonore assez anarchique, "Edge Of The Unknown" parvient à prendre forme sur la durée pour se terminer sur des notes d’orgue lunaires. "Interplanetary Beings" est à nouveau assez brutal mais bien amené. On remarque avec soulagement que Nik Pascal a mis la pédale douce sur le recyclage sonore, seuls les effets de tintements de "The Sixth Ear" (1972) étant passés à l’envers sur "Edge Of The Unknown".

À l’inverse, le conclusif "Cosmic Aura" nous berce d’accords nostalgiques et d’une basse ronde qui indirectement rendent les bruitages bien plus avenants. Une conclusion idéale et inattendue qui ouvre une belle perspective pour Nik Pascal, même s’il n’y a toujours pas de quoi crier au génie, la concurrence étant déjà rude en 1973 dans le registre planant.

3 ¼ sur 5