Unidisc est une maison de disques française fondée au début des années 1960 et dédiée aux musiques chrétiennes, au folklore international, aux chansons pour enfants et aux musiques dites d’"expression corporelle". Ces disques étaient spécialement conçus pour accompagner des séances de gymnastique, des danses chorégraphies, ou diverses représentations d’art du spectacle. Gymnorythmies (1976) de Patrice SCIORTINO, Métamorphoses (1974) de Francisco SEMPRUN et Michel CHRISTODOULIDES, Rythmix de François RAUBER en sont quelques exemples. Ces albums sont pour la plupart à dominante rythmique.

Le synthésiste Dominique LAURENT a réalisé trois disques de ce type, avec la collaboration de Monique "Pinok" Bertrand et Mathilde "Matho" Dumont, deux mimes, chorégraphes et professeures d’éducation physique. Leur premier album, Les Pays De Tout En Tout, se porte en faux du reste du catalogue d’"expression corporelle" d’Unidisc. En lieu et place de rythmes à danser, cet album consiste en treize petits morceaux de musique électronique plutôt désordonnés.

Certains morceaux sont manifestement improvisés ; sur "Tout-En-Cancans", "Tout-En-Pressé", "Tout-En-Oui-Oui", "Tout-En-Homoncules", "Tout-En-Imperceptible", "Tout-En-Bibendum" Dominique LAURENT semble avoir improvisé successivement les pistes musicales, à l’oreille. Le résultat n’est pas mauvais, ces morceaux donnent une amusante impression de conversation musicale. Mais les sonorités sont peu recherchées, et surtout le rythme est anarchique, tout cela paraît déphasé, peu cohérent, peu abouti. D’autres morceaux sont des plus primitifs ; "Tout-En-Déséquilibres" et "Tout-En-Miroirs-Déformants" consistent en une unique piste électronique en oscillation et sont de très peu d’intérêt.

Le reste semble plus réfléchi, mais pas très qualitatif pour autant. "Tout-En-Blanc" est une petite ritournelle pauvrette, "Tout-En-Arlequin" est un petit riff discontinu et décousu. Plus intéressants sont l’étoffé "Tout-En-Catastrophes" avec force bruitages, et les mélancoliques "Tout-En-Rêverie" et "L’Appel De La Terre" bien plus captivants que "Tout-En-Blanc". "Tout-En-Catastrophes" reste pour moi le sommet de l’album, un morceau à l’ambiance sombre et prenante.

Bref, cet album est peu varié, rudimentaire et manifeste un retard technique; nous ne sommes "que" en 1978, mais on trouvait déjà bien plus abouti dans le genre des années auparavant. Les Pays De Tout En Tout est un disque anecdotique, mieux vaut se concentrer sur les deux albums suivants de Dominique LAURENT, mieux variés. À essayer éventuellement: "Tout-En-Catastrophe", "Tout-En-Oui-Oui", "Tout-En-Rêverie", "Tout-En-Homoncules", "L’Appel De La Terre".