N’y allons pas par 36 chemins : The Downward Spiral est le Saint Graal du metal indus pour tous et surtout pour ceux qui ont directement connu le noir et étrange rayonnement entourant la musique d’un type qui trouvait 'cool' l’idée d’enregistrer là même où Sharon Tate a été sauvagement assassinée.
Mais, comme si cet opus d’or ne suffisait pas, Trent Reznor, comme lors du précédent album, a décidé d’en remettre une couche, d’enfoncer le clou là où ça fait (très) mal.

Beaucoup plus qu’un vulgaire enchevêtrement de remix, ce Further Down The Spiral est un nouvel album à part entière mais ouvert à toute pertinente influence étrangère. On retrouve pour notre plus grand plaisir le duo Peter Sleazy Christopherson / John Balance ; J.G. Thirlwell en grande forme, mais aussi Dave Navarro et surtout Richard D.James que j’ai découvert grâce à cet album.
COIL, encore une fois, tient une place à part ; In the Shadow of the Sun…

"The Art Of Self Destruction, Part One", bien qu’ayant servi dans une pub Levi’s (très efficace au demeurant), n’en demeure pas moins une sacrée tuerie exécutée au hachoir industriel. Le tout signé par NIN en compagnie de Sean Beavan et Brian Pollack.
C’est justement sur ce fameux morceau d’ouverture de The Downward Spiral qu’il nous faut étendre notre regard.
Si "Wish", sur Fixed se voulait une sorte de monolithe, "Mr. Self Destruct" se voit ici subir le même traitement mais en mieux (ou pire, c’est selon). Tâche que le bien nommé FOETUS saura menée jusqu’à son terme salvateur en triturant, tel un monomaniaque, ce titre exceptionnel jusqu’à la bienheureuse saturation. Les voisins, si vous avez le malheur d’en avoir, apprécieront.

Un autre re-travail parfaitement accompli par les membres de COIL figure à la cinquième piste, "The Downward Spiral (The Bottom)", toute brumeuse, expérimentale et automnale et qui brode sur le thème central et pour le moins limite du suicide. Enfin je dis cela pour ne pas choquer les belles âmes, toujours libérales quand les choses ou les gens les arrangent, mais en vérité, le suicide, raisonnablement pesé, est un acte de pure virilité romaine.

L’enchaînement ultime se passe très exactement entre la très intense représentation live de la mythique "Hurt" et la grise, mélancolique, vertigineuse création de Richard D. James, "At The Heart Of It All" – ne cherchez pas ; même sur l’excellent I Care Because You Do, vous ne trouverez pas APHEX TWIN aussi inspiré qu’ici. Cet enchaînement-là fait partie de ceux que l’on n’oublie jamais. Et je pèse chacun de mes mots, consciencieusement.

Quelques morceaux se contentent d’être seulement bons, je pense notamment à "Heresy (Version)" et "Ruiner (Version)". Mais il faut dire qu’ils ont aussi pour fonction d’alléger un peu la charge globale.

Si Further Down The Spiral ne peut égaler son modèle originel, alors au moins ce prolongement récréatif en constitue l’écho déglingué, la réverbération entachée par diverses influences et nostalgique d’un monde englouti par l’oubli.

What have I become
My sweetest friend
Everyone I know
Goes away in the end