À la suite de Elektron Kukéso, Hans EDLER réalisa en 1972 et 1973 plusieurs albums de contes et de chansons pour enfants, parfois en collaboration avec l’acteur Stig Järrel. C’est toutefois en 1975 que sort son véritable deuxième album, Dirty Sally. En grand maniaque, je ne peux m’empêcher de donner quelques précisions quant aux différentes versions de cet album, toutes publiées par le label Marilla. La version chantée en anglais, publiée en 1975, contient huit morceaux et fut publié avec deux pochettes différentes. La version en suédois paraît l’année suivante sous le titre Sally, avec une tracklist remaniée et un morceau supplémentaire, "Hey Little Girl". Il existe encore une troisième version de 1976, intitulée Danspartaj, avec une tracklist une fois de plus remaniée, où Hans EDLER invite de nombreux groupes de pop suédois à chanter tour à tour sur les instrumentations des neuf chansons.

Sur cet album-ci, point d’expérimentations électroniques, mais… de la variété pure et dure. Rappelons-le, Hans EDLER a fait ses armes dans la pop et Elektron Kukéso est à considérer comme une passade. Après l’électro rachitique de son premier album, Hans EDLER tombe dans l’excès inverse, convoquant une plâtrée de musiciens de session pour pondre des instrumentations bousouflées. Boursouflées, le mot est faible : Dirty Sally croule sous l’orchestre dégueulant, les chœurs aguicheurs, les guitares poussives, les rythmiques inconsistantes, tout ce beau monde se bousculant dans une réverbération exacerbée. Il n’y a nulle trace de synthétiseur là-dedans, pourtant ce disque est d’un kitsch confondant. Prière de ne pas écraser vos mégots de cigarette à côté, la naphtaline prendrait feu.

Le pire, c’est la composition. Toutes les chansons sont écœurantes de mièvrerie et de facilité. Pourtant, "Musexpo" commence l’album sur quelques notes de guitares et l’entrée progressive de la rythmique, avant une tournerie musicale appréciable malgré la pesanteur de l’orchestre et un ad libitum longuet. C’est bien tout ce qu’il y a à sauver de cette entreprise. Pour le reste, nous avons le droit à de la guimauve pure, d’une vulgarité plus gênante encore qu’un forum de yiff. Hans EDLER se veut plus incisif avec le rock’n’roll de "Do The Hustle Again", mais cette tentative tombe à plat, la faute à une instrumentation surproduite et empâtée qui ressasse une composition convenue. Pour le reste, c’est affreux, c’est puant, c’est écrit avec les pieds… C’est à vomir, fuyez, c’est tout ce qu’il reste à faire !

Dernier clou de ce suicide artistique, les paroles, d’un simplisme affligeant. Ça bavasse, ça parle d’amoûûûûr avec un grand AAAH, c’est à faire passer les vidéos de chatons mignons pour des sommets de tension dramatique. Je n’ai pas réussi à déchiffrer des couplets entiers car le chant est le plus souvent noyé par l’instrumentation, mais de saillies comme I fell in love with you when you were just a little child / And I see an angel so perfect as she can be ou He’s a rocking movie star / He drives (up?) in a brand new car / He’s the one, the only one for us laissent sans voix.

Dirty Sally est, à l’image de sa pochette, un disque de chiottes.