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- Style : Giorgio Moroder

Hans EDLER - Elektron Kukéso (1971)
Par NANAR le 26 Septembre 2023          Consultée 542 fois

Le chanteur suédois Hans EDLER a fait ses premières armes en tant que guitariste dans les années 1960 avec des groupes de pop tels que WE 4 avec l’album In Action en 1966 (ainsi que le 45-tours Remember / Jane en 1965) et The Ghost Riders avec trois singles en 1963 et 1964. À partir de 1966, il publie également plusieurs 45-tours de variété sous son propre nom. Étudiant en mathématiques, il travailla de 1969 à 1971 au Elektroakustisk Musik I Sverige, un studio expérimental de Stockholm parmi les plus techniquement avancés au monde, l’un des premiers permettant non seulement la synthèse sonore électronique, mais aussi la programmation musicale. Hans EDLER y enregistra plusieurs morceaux qui figureront sur son premier album à son nom, Elektron Kukéso, publié en 1971 sur son propre label, Marilla.

Ces huit morceaux sont des chansons à l’instrumentation électronique. A priori, Elektron Kukéso est similaire aux albums de pop électronique, les fameux Switched-On machin-truc, qui pullulaient au tournant des années 1970. Elektron Kukéso s’en distingue cependant de deux façons: cet album ne contient que des compositions originales, et est entièrement électronique à l’exception du chant, il n’y a pas d’instrumentation pop en arrière-plan pour arrondir les angles. Sur ce point, il faut reconnaître que Elektron Kukéso est unique en son genre pour l’époque, à la fois le premier album de musique électronique suédois et le premier album pop contenant de la programmation musicale électronique.

Pourtant, Elektron Kukéso n’est pas bon. La principale raison s’en ressent dès les premières secondes du premier morceau: techniquement, on est très loin du compte. Elektron Kukéso n’est pas juste bancal, non, il est grossier, inconsistant jusqu’à la nausée. Les sons d’abord. Les huit chansons sont faites de sons électroniques purs, sans filtre ni enveloppe. Le plus pénible est ces nappes de bruit blanc diversement filtrées en guise de rythmique, où le filtre est parfois modifié par paliers ("Långt Bort", "Oändlig"). D’autres passages sont volontairement dissonants ("Långt Bort", "Romantiken") mais j’ai envie de dire que ça ne fait pas une grande différence. Ces sonorités moches, pauvres et statiques, n’ayant pas le grain sonore ni le dynamisme des synthétiseurs Arp ou Moog, sont ressassées tout du long, et c’est là qu’on se dit "ben mon cochon, heureusement que ça ne dure que 25 minutes, ce disque".

Mais ce n’est pas tout. Malgré la programmation électronique, les pistes sont parfois désaccordées ("Romantiken" et surtout "Säg Vad Är Det") et le rythme n’est pas du tout en place, rendant l’écoute tout à fait éprouvante. De deux choses l’une: Hans EDLER a mal synchronisé les pistes programmées, ou il s’est planté au montage. Plusieurs morceaux n’ont aucune cohérence rythmique: le riff de "Jag Sötke Efter Kärlek" est irrégulier, celui de "Vi Hör Ett Skrik" se veut fédérateur mais se casse complètement la gueule, "Säg Vad Är Det" touche carrément le fond. Parfois, les pistes sont bêtement dupliquées, une manière de facilement doubler la durée de "Jag Sötke Efter Kärlek", "Jag Sötke Efter Kärlek", "Fattig Man Söker Efter Mat", "Säg Vad Är Det" et "Oändlig".

Niveau composition, qu’en est-il? Globalement, nous pouvons distinguer cinq chansons pop, en tout cas qui semblent pensées comme telles, les plus courtes, les plus triviales, et aussi celles qui souffrent le plus des problèmes de montage et de synchronisation, en particulier les trois morceaux imbuvables cités précédemment, mais tout n’est pas aussi mauvais, ainsi les changements de rythme et de tempo sont-ils plus pertinents sur la ballade "Romantiken" et l’optimiste "Fattig Man Söker Efter Mat". Les trois autres morceaux, les plus longs (plus de trois minutes), sont aussi les plus atypiques et intéressants. Nous trouvons ainsi le sombre et lent "Långt Bort", une belle composition envoûtante de cinq minutes, et la complainte finale "Oändlig", seul instrumental de l’album. Enfin, "Leka Med Ord" se place totalement à part; ce morceau est manifestement plus ancien que les sept autres: les pistes électroniques n’y sont pas programmées, mais modifiées à la volée avec des potentiomètres, où Hans EDLER s’adonne au talk-over. Ces trois morceaux réhaussent également le niveau de l’album.

L’édition CD de 2004 ainsi que le pressage vinyle de 2017 contiennent sept morceaux bonus totalisant une douzaine de minutes. Passons sur "Original Basic" et "Ongoing" qui sont des chutes de "Leka Med Ord". Les cinq autres morceaux, tous instrumentaux, ressemblent à des expériences sonores préliminaires. Autant "My Third Eye" est intrigant avec son jeu sur les harmoniques, autant le reste est vraiment affreux, des grincements stridents de "Out Of The Body" et "Miscalculation" aux bruitages abscons de "Lovedust", en passant par "X-1111" qui ne ressemble à rien. Heureusement que ces morceaux sont relativement courts. En bref, si Elektron Kukéso est novateur sur le papier, il n’en reste pas moins un disque bricolé, et aussi glauque que sa pochette. Une curiosité, tout au plus.

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- Hans Edler (tout, tout, tout)


1. Jag Söker Efter Kärlek
2. Långt Bort
3. Vi Hör Ett Skrik
4. Leka Med Ord
5. Romantiken
6. Fattig Man Söker Efter Mat
7. Säg Vad Är Det?
8. Oändlig
- Bonnus Réédition 2004
9. My Third Eye
10. Out Of The Body
11. Miscalculation
12. Lovedust
13. X-1111
14. Original Basic
15. Ongoing



             



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