On connaît bien Riverdale, la saga TV, produite par Netflix et aujourd'hui terminée. Un ton grand adolescent/jeune adulte, pour narrer les événements divers prenant forme dans une bourgade du même nom, représentation d'une ville typique des Etats-Unis du nord, avec la même chose qu'on retrouve partout mais aussi des forêts, des lacs, un climat plus propice aux blousons qu'aux mini-shorts (mais il y en a quand même, ouf). Et aussi, malgré des qualités indéniables, un ton très actuel/Netflix dans l'identité des personnages, le côté bourrin des répliques, attitudes, situations etc., nécessaire pour capter l'attention au XXIème siècle.
Autrement dit, l'opposé presque total de l'esprit original des B.D Archie Comics, teenage mais vraiment drôle, depuis 1941 ! Le succès vif et important conduit vers la fin des années 60 à une nouvelle adaptation en dessin animé, dans le style Hanna-Barbera (Scooby-Doo, Famille Pierrafeu etc) ; il y aura d'autres versions ultérieures comme Archie, Mystères et Compagnie, créé trente ans plus tard. Un ton 'pulp' toujours plaisant centré autour du fameux Archie Andrews, grand roux séduisant, lycéen compositeur-chanteur de musique, et ses amis accompagnateurs, Betty Cooper la jolie blonde à couettes ou queue de cheval, Veronica Lodge la non moins jolie pin-up brune ainsi que 'Jughead' Jones, coiffé de sa couronne improbable et vrai couillon, de base.

Comme ceux-ci forment un groupe soudé, l'envie prend forme d'aller jusqu'au bout de ce que permet alors le domaine audio-visuel et créer un groupe fictif avec de vrais musiciens pour les incarner. Du moins, c'est ce que mentionne la pochette dessinée du premier album, paru en 1968, à la meilleure époque pour un univers feel-good, même mêlé d'enquêtes/aventures ; dans les faits, il y a quelques différences, puisque l'équipe humaine réelle est, pour l'heure, totalement masculine ! Qu'importe, l'idée est de voir si le concept marche autant que la B.D et le cartoon. Aussi, pour faire les choses au plus simple, et dans la lignée des MLJ Comics, autrefois portés sur les super-héros comme DC et Marvel, qui se sont renommés Archie Comics en 1945 suivant le succès faramineux de leur saga-phare, ledit groupe de musique créé en 68 se nomme sobrement The ARCHIES.

Même pour du léger et adolescent, si l'on veut que ça marche, il faut de bons éléments. Le principal est l'incarnation vocale d'Archie Andrews, le chanteur du groupe, qui est trouvé en la personne de Ron Dante. Un Italo-Américain new-yorkais d'origine qui, avant cela, faisait partie des DETERGENTS, groupe spécialisé dans les parodies de tubes. On lui adjoint quelques musiciens tous hommes donc pour l'heure et plus ou moins connus, dont le principal reste Gary Chester, batteur de rock'n'roll dont le nom a aussi été vu du côté des MONKEES, de LOVIN' SPOONFUL. Surtout, 'on', ce sont deux producteurs d'un sacré pédigrée avec le recul, puisque Don Kirshner est le manager des MONKEES avant la décennie suivante où il devient également celui de KANSAS. L'autre, Jeff Barry, après avoir co-signé plusieurs grands tubes de la Motown (pour les CRYSTALS et les RONETTES), est également auteur-compositeur de la plupart des titres des ARCHIES.

Premier album du projet B.D en musique, qui se démarque surtout grâce au dernier titre, "Bang-Shang-a-Lang", rockabilly en diable, efficace, dansant, assez pour atteindre le place numéro 22 du Billboard et permettre de poursuivre l'aventure. Le reste ne s'extrait pas de la production pop blanche américaine de l'époque, avec un fond de rock'n'roll vivotant mais encore frais, gentillet, appréciable dès les premières mesures de "Archie's Theme". Ron Dante possède le timbre juvénile adéquat et qu'il double à loisir, tout en réalisant en prime ses propres choeurs. La guitare de Dave Appell est aussi affûtée que les claviers de Ron Frangipane, passant de l'orgue aux différents pianos.

Bien que rétro dans le son global, le Summer of Love de l'époque est assez perceptible mais d'une autre façon, plus lycéenne/bubblegum mais pas moins détendue. Les copains et surtout les filles (autres personnages du comics, Jughead & co parfois directement cités) sont au centre de l'intérêt côté paroles. Quelquefois même, d'une façon que seul pareil contexte pouvait permettre : "Seventeen Ain't Young", slow folk splendide avec une belle six-cordes brillante, est par ailleurs devenu le second succès des ARCHIES, mais en Australie. Le rhythm'n'blues de "Boys and Girls", convivial, montre que Ron Dante met le ton qu'il faut, en lead comme dans les harmonies.

En matière de titres légers et ensoleillés, citons encore "La Dee Doo Down Down", "Catchin' Up on Fun" ou encore "Ride, Ride, Ride" qui fait l'apologie des promenades en moto, bruitage à l'appui pendant le solo. Mieux encore, "Truck Driver" contient une touche épique. Les rythmes shuffle printaniers de "Time for Love" et "I'm in Love" sont bien balancés, avec des ajouts de sifflements, guitare slide, orgue rugissant pas forcément en toute innocence. D'ailleurs, le rock lent "Hide and Seek" propose un peu plus de nervosité bienvenue. Rien ou peu d'éléments mémorables, juste un bon disque et qui donne du plaisir simple à entendre, malgré un manque de féminité qui sera vite rattrapé !