Amala Dlamini, plus connue sous son nom de scène Doja CAT, voit le jour en Californie où elle passe son enfance entre sport, religion et une situation familiale compliquée, avant de se rendre compte qu’elle veut faire carrière dans la musique. Elle a 16 ans lorsqu’elle abandonne les bancs de l’école pour se consacrer à sa passion en publiant ses sons sur son compte SoundCloud. Repérée par des producteurs pendant ses concerts, elle finit par être signée en 2012 sur le label de Dr. Luke, ce qui marque le début de leur collaboration artistique qui terminera dans la controverse.

Un EP deux ans plus tard, elle connaît ensuite une période de pénurie créative avant de sortir son premier album studio, Amala, au printemps 2018. Passé plus ou moins inaperçu à sa sortie, il faut quelques mois à Amala pour commencer à se faire connaître, mais surtout la sortie de son deuxième album ainsi que d’une nouvelle version deluxe d’Amala avec trois titres bonus dont "Mooo!" qui fait rapidement sensation sur Internet.

Entre pop, rnb et hiphop, le mélange proposé par la chanteuse de 23 ans est dynamique, riche et varié mais on sent rapidement que la jeune artiste n’est probablement pas encore au premier plan pour sa maison de disque : un quart des titres passent inaperçu, pas grand-chose à dire de la musique si ce n’est qu’on est sur du rnb bien générique à tendance trap avec des textes bien explicites comme sur "All Nighter" (We sleep baby, sometimes, look/Yeah we got the same schedule, sexual drive), "Down Low", "Cookie Jar" et ses basses lourdes (He call me Oreo, break it and lick the flavor off) ou sur le beat sensuel de "Body Language", fait d’un sample piqué dans la BO de La Belle et le Clochard… why not ? (We both got it in on freak/We ain’t afraid of sexuality).

Doja CAT nous emporte sur des arrangements plus doux et des harmonies envoûtantes sur des chansons au tempo plus lent comme sur le single promo "Roll With Us" (You could come and party with my bitches/Nobody at your neck, not monogamous), ou sur la ballade "Wild Beach" qui évoque une passion intense (Can’t control these wild things/Can’t you see you’re drowning ?/Tryna tame a wild beast, I’m a wild beach). "Morning Light" et "Casual", avec leurs synthés atmosphériques, sont plus décontractées niveau paroles et offrent des mélodies plus douces qui permettent d’insuffler une respiration plus légère dans l’enchaînement des titres.

"Fancy" va sampler un classique du compositeur allemand Johann PACHELBEL et donne à la chanteuse l’occasion de s’essayer au rap sur les couplets, alors que "Game" donne dans des sonorités dance plus modernes et que la ballade "Wine Pon You" présente une vibe dancehall aux influences caribéennes sur un beat lent aux synthés ultra chill.

Bien que la chanteuse ne soit plus si fan du titre quelques années après, "Go To Town" reste selon moi l’une des meilleures pistes du disque avec "Candy". Les deux singles montrent deux côtés totalement différents de la chanteuse : le premier la présente sous son côté comico-coquine sur un beat à l’inspiration trap aux paroles provocantes et pleines d’humour, à la sauce Nicki MINAJ, son idole (Baby don’t lie ‘cause I can’t believe my eyes/And her man between my thighs, whole time, yeah, I do my DIYs) et où sa voix puissante est à la fois sensuelle et énergique. Le hit "Candy" quant à elle est une chanson dont les paroles troublantes sont accentuées par les mélodies ultra accrocheuses, les percussions puissantes et la performance vocale lascive de la chanteuse, faisant de cette piste un des moments forts de l’album.

Sans être pitoyablement mauvais ou incroyablement bon, Amala est un album consistent et plutôt entraînant qui a définitivement bénéficié de l’ajout des trois titres "Mooo!", "Juicy" et "Tia Tamara" sur la version deluxe. La chanteuse possède un don pour écrire et raconter des histoires en maintenant un ton amusant et léger et l’album est définitivement marqué par une diversité musicale dont Doja CAT fera l’un de ses atouts majeurs également dans le reste de sa carrière.