Son premier disque Amala a beau avoir connu un certain succès, c’est réellement le deuxième album de Doja CAT, Hot Pink, immédiatement salué par la critique et le public, qui apporte à la chanteuse la renommée en 2019. Elle y navigue habilement entre rap, pop et r’n’b ; une diversité musicale remarquée pour sa fraîcheur, faisant croître le fan-club de la jeune californienne.

Sans trop de surprise, le titre "Cyber Sex" et son clip osé font sensation sur Internet et ce n’est très certainement pas pour son beat ou sa production futuriste, Doja a bien pigé que le sexe fait vendre et d’ailleurs qui va la blâmer ? En tout cas pas ses homonyme masculins, son idole Nicki MINAJ qui réussit l’exercice avec beaucoup plus de style, et encore moins son label qui en profite pleinement. Finalement, c’est un peu le mode opératoire de l’album puisque la moitié du projet reste dans le même thème comme dans le titre "Talk Dirty" ou sur la guitare acoustique de "Won’t Bite", bien qu’elle essaie parfois de rééquilibrer les choses en s’affranchissant des jugements et en touchant du doigt l’hypocrisie ambiante qu’il y a encore entre les genres.

Les ballades r’n’b "Streets" et "Better Than Me" se déroulent tout en mélancolie avec des accents trap et ambient, c’est serein et paisible mais ça ne casse pas non plus des briques. "Shine" et son autotune passent franchement un peu moins bien même si les mélodies sont sympas et réalisées avec goût.

Plus de la moitié des chansons sortent en single et je dois bien avouer que je ne comprends pas vraiment l’engouement de "Like That" en collaboration avec le rappeur Gucci MANE bien que le rythme soit accrocheur. C’est exactement le même bilan pour le single "Bottom Bitch", son ambiance tristounette et son affreux vocoder ; pareil sur le duo "Juicy" où le rappeur TYGA, toujours sans talent, est de trop… et pourtant, on ne peut pas dire que les trois chansons aient floppé.

Doja CAT insuffle aussi des influences disco dans cet album, particulièrement sur le groove rétro du tube "Say So" et ses riffs de guitare funky. Enorme succès commercial, la chanteuse peut remercier les challenges de danse sur TikTok pour l’immense popularité du titre, mais je dois avouer encore une fois que ça tombe un peu comme un soufflé pour moi, alors que "Addiction", exécutée dans la même vibe, est une piste bien plus réussie selon moi, où la performance vocale sensuelle de Doja rayonne de par ses nuances.

Finalement, c’est sur le single "Rules" qu’on obtient le meilleur de l’album : un mix engageant de hip-hop, pop et de r’n’b un peu mystérieux où la chanteuse se montre enfin plus sérieuse dans son interprétation ajoutant une dimension qui manque méchamment sur l’ensemble du disque. Et s’il est évident que Doja n’est pas une de ces grandes chanteuses à texte, on ne peut que souligner le fait qu’elle va droit au but avec des punchlines parfois bien trouvées (Play with my pussy but don’t play with my emotions).

La chanteuse n’a pas inventé l’eau chaude sur Hot Pink mais il faut bien reconnaître qu’elle passe avec aisance du rap au chant en jouant avec différents styles ce qui reste un de ses points forts. Même si ce deuxième essai n’est selon moi pas meilleur que le premier, il a dans tous les cas contribué à la notoriété de l’artiste qui parvient à attirer un large public, cependant il faudra à Doja CAT un peu plus d’efforts pour réussir à me séduire complètement.