En 2023, Doja CAT voit rouge. Enfin, depuis un moment déjà puisqu’elle pète un câble début 2022 et envoie chier sa carrière et l’industrie musicale publiquement sur Twitter. Ras-le-bol pour Doja, frustrée voire désillusionnée par les attentes à la noix qui définissent de plus en plus sa vie et son art, alors elle décide de se raser le crâne et les sourcils durant l’été. Au diable les haters qui ne voient que l’image de starlette sexy qu’elle renvoie et les critiques qui jugent ce geste extrême en la comparant à Britney SPEARS sans la moindre empathie pour ce que la princesse de la pop a traversé. Doja s’en fout comme de l’an 40 et n’hésite pas, comme à son habitude, à remettre les mauvaises langues à leur place.

La chanteuse balance : ses deux derniers albums n’ont été pensés que dans le but de faire un max de fric, elle s’éloigne donc peu à peu de sa pop mainstream et flashy pour se réorienter vers un disque plutôt hip-hop qui met en avant ses talents de rappeuse sur Scarlet, quatrième opus de Doja, qui on l’espère ne le regrettera pas pour une fois.

"Paint The Town Red" est le premier single du projet et c’est un fuck you à tous ses détracteurs qui continuent de créer des polémiques autour de la chanteuse (I let all that get to my head/I don’t care, I paint the town red). Sur un beat hip-hop aux influences jazzy, samplé du côté des années 60 chez Dionne WARWICK avec son tube "Walk On By" ; Doja va faire péter les records de streaming et va surjouer le côté démoniaque que les mauvaises langues lui prêtent (She the devil/She a bad lil’ bitch, she a rebel).

Doja CAT continue dans le même thème sur "Shutcho", la guitare de "Fuck The Girls (FTG)" ou en posant son flow sur le beat aérien de "Skull and Bones". Elle fait taire les critiques sur l’instru trap de "Demons" où un ensemble de cordes dynamiques est mixé aux couches de synthés, une toile de fond où la rappeuse fait sortir toute son agressivité sur une touche d’autodérision (I’m a puppet, I’m a sheep, I’m a cash cow/I’m the fastest-growing bitch on all your apps now). Elle continue de confronter et d’enterrer tout le monde sur son passage dans l’excellente piste "Ouchies" qui met en lumière ses compétences pour l’art du rap, jusque-là, le parti pris avec Scarlet est plutôt bien exécuté.

Le niveau n’est malheureusement pas aussi bon sur "Wet Vagina", "Gun" et "Go Off", franchement très génériques. Plus roucoulante dans un esprit r’n’b, on trouve "Often", un titre entièrement chanté à l’image des refrains chauds et harmonieux du hit "Attention". Le beat hip-hop qui débute avec la harpe reste obsédant et vraiment bon tout au long de la chanson, l’une des meilleures du disque et qui met encore en avant les impressionnants skills en rap de Doja sur chacun des couplets (Talk your shit about me, I can easily disprove it, it’s stupide/You follow me but you don’t really care about the music).

Le single "Agora Hills" est plutôt banal selon moi, tout comme "Love Life", "97" ou la mélodie pop de "Can’t Wait". Doja continue jusqu’au bout à asseoir sa place de rappeuse sur le morceau improvisé "WYM Freestyle" ou sur l’instru hip-hop ultra chill de "Balut", où elle allie piano mélodieux et une utilisation créative des figures de style dans son texte.

Doja CAT a beau parvenir à faire de Scarlet un album dont l’accent est mis sur le rap, il n’est reste pas moins qu’on est loin de ce que la chanteuse tente de vendre au travers de sa communication et de l’esthétique punk qu’elle promettait. En effet, si ce n’est dans l’imagerie, Scarlet ne s’éloigne pas tellement de ce que Doja nous a fait connaître et est truffé de pistes plutôt passables mais les moments forts de l’album lui permettent tout de même de se retrouver dans la moyenne.