Recherche avancée       Liste groupes



      
GARAGE/POST-PUNK  |  STUDIO

Commentaires (1)
L' auteur
Acheter Cet Album
 

ALBUMS STUDIO

2019 Dogrel
2020 A Hero's Death
2022 Skinty Fia
 

- Membre : Grian Chatten

FONTAINES D.C. - Dogrel (2019)
Par K-ZEN le 8 Décembre 2023          Consultée 329 fois

Et si Alain BASHUNG avait été irlandais ? Se serait-il nommé Alan O’BASHUNGGOR ? "À Perte de Vue" aurait sûrement résonné d’une manière différente dans les champs infinis de trèfles bordant d’illustres lacs. Tout comme une certaine imprudence également chère à quatre garçons résidant sur l’île d’en face et dont cheveux au bol pourtant résistent en plein vent.

Vous m’avez immanquablement vu venir avec mes gros sabots. Un chapiteau de cirque, deux chevaux immaculés – quoique, celui se traînant par terre – accompagnés de leur dresseur. Le cliché produit par Bruce Davidson, irrémédiablement, renvoie aux arabesques coquines et cavalières œuvrant dans le clip présentant "Osez Joséphine". Nichés au-dessus des projecteurs éclairant la piste centrale, des caractères au découpage étrange et anti-syllabique. Résolvez donc ce rébus ! Et une autre énigme se présentera presque aussitôt sous la forme d’un mot de six lettres à l’énigmatique consonance.

Dogrel. Ou doggrel voire doggerel, dérivant de l’ancien anglais et sans doute de dog.

Cet étrange terme désigne un type de poésie aux rythme et rimes irréguliers ; ancêtre du hip hop ? Peut-être bien, monseigneur. On le voit apparaître en Angleterre dès le XIVème siècle, notamment via Sire Topaze, parodie burlesque des romans nommés courtois à l’époque, qui semble constituer un des premiers exemples connus. Il s’agit d’un des Contes de Canterbury rédigés par Geoffrey Chaucer, ce dernier endossant même le rôle de participant au pèlerinage vers Canterbury, fil rouge de tous les contes. Après une première histoire relatant un enfant martyr et ayant traumatisé l’ensemble des pèlerins, le meneur du groupe, aubergiste de son état, demande à Chaucer une fable plus enjouée. Celui-ci lui raconte les péripéties d’un chevalier flamand tombant amoureux d’une reine des fées et confronté à un géant avant d’être interrompu, le récit accumulant trop de clichés et de maladresse pour les prudes oreilles de l’Aubergiste.

Ce type de poésie fut extrêmement populaire parmi la classe ouvrière en Irlande, notamment durant la première guerre des Boers. Cet élément emboîté avec un autre, le cirque ornant la jaquette nommé Tom’s Duffy, nous indique clairement la volonté de porter haut et fort sa nationalité. Mais, à bien y réfléchir, d’autres moyens nous étaient disponibles afin d’identifier ce fait.

Un beat sec de batterie rejoint bientôt par une basse entêtante. Et ces toutes premières lignes en guise de présentation envoyées par un Grian CHATTEN d’ores-et-déjà sûr de ses forces : Dublin sous la pluie est à moi. "Big" est une déclaration d’intention imparable et insolente (Je vais être grand), savant mélange entre le "Crap Rap 2" des FALL et le "White Riot" craché par les CLASH. Sur la rive lointaine, "Dublin City Sky" referme les débats avec émotion et nostalgie, chanson aux relents celtiques autrefois entendue dans un anonyme bar où Shane MACGOWAN était attablé avec ses POGUES.

Tout était déjà en place pour les FONTAINES D.C. dès Dogrel. Un post-punk incisif, détaché, parfois froid, mais passionné et passionnant. "Too Real" déstabilise avec ces apostrophes tranchantes très Mark E. SMITH (Est-ce trop réel pour toi?) et ces ruptures au couteau, "Hurricane Laughter" n’est rien d’autre qu’un ouragan emportant notre maison dans l’état voisin et nous laissant avec un opérateur téléphonique répétant irrévocablement la même phrase : il n’y a aucune connexion disponible. Mais le meilleur titre est à chercher non loin d’un pub où le jeune groupe s’exerçait à ses débuts. "The Lotts" est un fantastique titre rêveur et lancinant, dans lequel on décèle l’influence proéminente des CURE à travers cette frappe sèche de batterie et cette basse, le chant radicalement différent permettant de s’extraire d’une instrumentation qu’on aurait pu retrouver sur Seventeen Seconds.

Ce qui différencie toutefois nettement Dogrel des disques à venir, c’est l'abrasivité juvénile encore bien présente avec des titres punk brefs presque garage ou même power pop (coucou les JAM !)  : le détaché "Sha Sha Sha", "Liberty Belle" ou encore le rockabilly "Chequeless Reckless".

L’album des FONTAINES D.C. préféré de Seijitsu – alerte divulgâchage. Le mien également, avec les deux autres, sur un podium ne comportant qu’une marche unique.

A lire aussi en PUNK ROCK par K-ZEN :


AMEBIX
No Sanctuary : The Spiderleg Recordings (2008)
La morsure de la peur




The FALL
Grotesque (after The Gramme) (1980)
Ornements vivants


Marquez et partagez





 
   K-ZEN

 
  N/A



- Grian Chatten (chant, tambourin)
- Carlos O’connell (guitare, piano, synthés, chœurs)
- Conor Curley (guitare, claviers, chœurs)
- Conor Deegan (basse, guitare, piano, chœurs)
- Tom Coll (batterie, percussions)


1. Big
2. Sha Sha Sha
3. Too Real
4. Television Screens
5. Hurricane Laughter
6. Roy’s Tune
7. The Lotts
8. Chequeless Reckless
9. Liberty Belle
10. Boys In The Better Land
11. Dublin City Sky



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod