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Glen HANSARD - All That Was East Is West Of Me Now (2023)
Par GEGERS le 15 Décembre 2023          Consultée 1021 fois

Existe-t-il une chose plus personnelle qu'une démarche de création ? Existe-t-il plus intime que ce processus chimique, scientifique, poétique, viscéral, qui permet à un individu de créer une œuvre, quelle que soit sa nature ? Et pourtant, c'est bien en public que Glen HANSARD a décidé de définir et préciser les contours de son nouvel album, qui voit aujourd'hui le jour quatre ans après la publication du réussi autant que perturbant This Wild Willing. Glen n'a pas passé tout ce temps a concevoir sa nouvelle réalisation. Il a vécu, joué, collaboré à la bande originale du film Flag Day (réalisé par Sean Penn), et il a profité de l'anniversaire des 15 ans de l'intemporel film Once pour renouer avec sa camarade Markéta Irglovà le temps d'une tournée et d'un nouveau single.

C'est ainsi seulement l'an passé que le chanteur irlandais s'est attelé à cette nouvelle création studio. "Une chanson ne devient ce qu'elle est que par le biais d'un témoignage", explique-t-il pour présenter sa démarche. En compagnie de ses camarades Joseph Doyle et Graham Hopkins du groupe THE FRAMES, entouré par le violoniste Gareth Quinn et la pianiste Megan O'Neill, Glen HANSARD s'est installé plusieurs semaines durant dans l'arrière-salle d'un pub de Dublin ou il a éprouvé ses nouvelles compositions, mis en œuvre de nouvelles idées, affiné son propos, retravaillé ses ambiances et ses arrangements. Le tout devant un public constitué d'amis et de clients curieux. "Je n'arrivais pas à comprendre ce que j'avais ou ce qu'était l'album avant de jouer les chansons sur une scène avec un groupe", dit-t-il. "Ce n'est que lorsqu'une chanson est jouée qu'elle trouve sa forme, sa place, son identité. Nous nous sommes installés dans un coin et avons joué pour les habitants, dont certains n'écoutaient qu'à moitié. Un ensemble de fermiers et d'ouvriers, de joueurs de fléchettes, de requins de billard. J'ai joué deux heures de nouvelles chansons chaque semaine, certaines terminées, d'autres à moitié cuites."

Cette méthode a permis à l'artiste d'orienter son travail, de lui donner corps et âme. "Grâce à ce processus, je me suis rendu compte de ce que j'avais et de ce sur quoi je devais travailler. Quelles étaient les chansons qui marchaient et celles qui n'étaient bonnes que dans mon imagination. Cela a immédiatement consolidé mes choix. C'est comme si l'album était apparu dans ce bar. Et pas avant."

Le résultat est un album touffu, fourmillant d'idées, qui va chercher son essence aussi bien dans le passé lointain de l'artiste que dans ses travaux les plus récents. Du folk oui, mais All That Was East Is West Of Me Now est une réalisation qui transcende pratiquement les genres, ou qui s'en contrefiche pour le moins. Glen Hansard verse ici du sel sur les plaies du monde, tout comme il apaise nos douleurs avec sa musique, telle un onguent. "The Feast of St John", qui ouvre l'album, est un folk intense, doté d'intonations rock, qui nous rappelle l'univers de THE FRAMES, premier groupe de l'artiste. La distorsion est distillée, elle est là comme une ombre, et plus que la musique, l'auditeur est frappé par son évocation. Plus loin dans l'album, "Bearing Witness" rappelle également THE FRAMES, proposant néanmoins une structure plus convenue et plus identifiable cette fois, plus appréciable aussi pour ceux qui peinent comme moi à saisir et apprécier la facette la plus éthérée et vaporeuse du bonhomme.

Ces deux adjectifs s'appliquent à "Down On Our Knees" qui s'étale, inquiétant, sur près de 7 minutes. La guitare électrique est ici un rapace qui survole la terre, prêt à fondre sur quelque proie. Il y a une ambiance de fin du monde qui se dégage de cette lancinance, que l'on retrouve également sur "Sure as the Rain", porté par une interprétation presque sépulcrale de Glen HANSARD dont la voix grave, le texte et l'habillage musical rappellent Leonard COHEN. Comme sur ses précédents albums, quelques passages en langue française (il est ici question du Faubourg Saint-Denis) témoignent de cet attachement de l'artiste pour Paris, tandis qu'une section d'instruments à cordes frottées apportent une profondeur bienvenue.

On ne sait jamais néanmoins comment se sentir à l'écoute de ces longues mélopées. Titre folk engageant, "There's No Moutain" nous donne la sensation de comprendre l'artiste, sa démarche, son intention, tout comme "Ghost", dont le long déploiement du piano et des cordes frottées nous laissent penser qu'effectivement, c'est dans le contexte de ce petit pub de Dublin que l'essence de la musique a trouvé sa flamme, mais il surnage malgré tout une sorte d'ennui, dont ne nous sauve pas "Between Us There Is Music" qui nous donne à entendre des chœurs assez peu savoureux, et l'impression d'une lassitude. "Short Life", dont le violon mélancolique évoque OYSTERBAND et plus généralement la scène folk britannique des années 70/80, vient néanmoins tranquillement nous donner un goût d'accomplissement. La musique est forte, puissante, et l'on en finit par se demander si nous sommes réellement bien équipés pour apprécier et comprendre cette musique adressée aux torturés, aux incertains, à ceux qui laissent le vent entrer dans leur veste sur les chemins.

De la même manière que cette fausse information prétendant que l'être humain n'utilise que 10% des capacités de son cerveau, il y a sur All That Was East Is West Of Me Now cette impression de ne saisir que la surface des choses, de ne pas parvenir à découvrir la partie immergée de l'iceberg. Glen HANSARD, sans pour autant révolutionner son univers musical, se fait ici opaque, très rarement accrocheur, particulièrement exigeant envers lui-même et son auditoire. Certains auront peut-être la chance, comme une épiphanie, de se sentir touchés et concernés par ce nouvel album. Les autres devront, contraints, baisser les armes et considérer que Glen HANSARD voit décidément au-delà de notre horizon.

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- Glen Hansard (chant, guitare, piano)
- Earl Harvin (batterie, percussions)
- Joseph Doyle (basse)
- David Odlum (guitare)
- Warren Ellis (violon)
- Ruth O’mahony-brady (claviers)


1. The Feast Of St. John
2. Down On Our Knees
3. There's No Mountain
4. Sure As The Rain
5. Between Us There Is Music
6. Ghost
7. Bearing Witness
8. Short Life
9. Reprise



             



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