Voyez donc cette glorieuse pose de DAVE sur la pochette de son troisième opus judicieusement baptisé de son pseudonyme d’artiste, c’est l’heure de tirer les marrons du feu. Il porte une stratocaster en bandoulière, comme pour annoncer que cette livraison sera plus rock, on a un petit peu de mal à y croire mais c’est une bien jolie photo en tous cas. L’homme de sa vie Patrick Loiseau est aux manettes sur tous les textes, et ce n’est pas peu dire lorsqu’il s’agit du chanteur néerlandais. Les deux premiers albums ont déjà fait le job, il ne reste plus qu’à entériner le statut nouveau de notre blondin, au sommet de la variété française.

C’est vraiment sur les bluettes du genre de "Est-ce par hasard", le premier single sorti de cet album que notre DAVE tire définitivement son épingle du jeu. Cette reprise étonnante du "Fools fall in Love" popularisée par Frankie "The voice" SINATRA. La voix du chanteur Hollandais fait ici preuve de toute sa versatilité, et le ton se marie parfaitement avec les aspects rétros de cette chanson classique. Quelle douceur, un pur instant de félicité qui peuplera de sa chaleureuse présence les émissions de variété de la fin des années septante. Il arrive au chanteur de composer avec sa guitare, ici, nous avons avec le single suivant "Raconte-moi des mensonges", une petite bluette pseudo larmoyante qui n’emporte pas mon adhésion malgré des choeurs angéliques et une ambiance bien pensante outrancière.

L’époque est au disco tout doré, alors DAVE propose une mixture entre rock et disco ainsi que ma chère Karen CHERYL le fait déjà a la même époque, cela nous donne "Le timide", et pour une fois le rythme est bien enlevé avec une guitare qui assure bien. On sent l’état d’esprit rebelle qui émane du texte "Le marchand de rêves", la composition est de belle tenue, toujours drivée par une guitare accompagnée d’un accordéon et quelques effets bienvenues, une jolie chanson que j’avais totalement oublié. L’orchestration est à la hauteur sur "Contre vents et marées", et cette petite guitare cristalline le fait vraiment bien, GOLDMANN officiera dans ce même genre quelques années plus tard, les vocalises de DAVE sont toujours aussi impressionnantes.

Nous revenons en territoire de countrypolitan avec "Chanson d’un vieux fan", même si la voix de DAVE n’est pas celle de Kenny ROGERS, alors ça donne de la variété a la française. C’est à nouveau une guitare countrysante qui drive "Le dernier slow", et DAVE qui tonne tel un Michel SARDOU en pleine forme, quelle voix ! La mélodie n’est pas vilaine mais le bridge en choeur passé dans un leslie a une drôle de tête. En revanche, il y a de l’élégance dans la douce "Mai", on est proches des thèmes de Francis CABREL, et cette petite guitare se laisse déguster à merveille.

On s’endort carrément sur "Tu me donnes des idées", choeurs et reverb a donf sous des effets qui se veulent ensoleillés, mais malgré les envolées lyriques de DAVE, l’ensemble sonne vraiment très daté. "L’amoureux prodigue" a tout pour faire grincer des dents : des paroles neuneus – pardon Patrick ! -, une mélodie indigente et des effets cheap au possible. "Quand la ville dort" porte le titre de l’un des grands classiques du film noir, mais cette débauche d’orchestrations et de cordes sirupeuse n’est pas pour me convenir, d’autant que je ne vois pas bien ou nous mène le titre... non NIAGARA ne va pas le reprendre 10 ans plus tard ! Dans le genre Pom Pom Pom Pom , un titre de pop à tendance variété plutôt dynamique et aux consonances joyeuses même si les "tutututu" sont une piètre idée, mais "Plus ça va, plus je t’aime" s’écoute tout de même.

C’est un opus difficile à noter, il ne dispose que d’un seul classique, qui est de plus une reprise, toujours est-il que « Est-ce par hasard » dispose d’une belle et légitime postérité. Le reste manque incontestablement de charisme, d’originalité, mais après tout on parle de variétés diantre ! Pas mal de filler toutefois et il est clair que si la note approche du trois, l’album reste légèrement inférieur aux productions antérieures de DAVE. Je suis donc un peu sévère mais je pose la note de deux étoiles.