Désormais pour Otto 'DAVE' Levenbach, tout se passe sur du velours. Les trois premiers albums ont porté leur lot de 45-tours au sommet des charts, il s’en est vendu des semis remorques, plusieurs millions, de quoi vivre comme un coq en pate pour plusieurs générations, ce qui, vous le constaterez, ne sera pas un mal quand la bonne fortune du chanteur s’évanouira quelques années plus tard ; le catalogue de notre artiste lui permettra toujours de compter sur ses best of et autres compiles pour passer le cap des moments délicats. En attendant, ce 4ème opus s’annonce bien, avec une photo qui fait la part belle à la blondeur de DAVE.

Et nous y sommes ! S’il me fallait donner un sommet à la variété française, il est fort probable que la place de numéro un serait occupée par la "Lettre à Hélène". Cette base de synthés cornemuses, le sujet sur les lointaines îles Kerguelen qui donnent effectivement une réelle ouverture à la géographie - mon entourage vous le dira. La mélodie est superbe, céleste si vous me demandez mon avis, et DAVE était l’interprète parfait pour cette ode à l’amour longue distance, très romantique et superbement éternelle. Des années plus tard, je me demande toujours qui peut bien être ce fameux LN. Une chanson que j’aimerai jusqu’à la fin, il n'y a pas de mal à aimer le black metal et toujours apprécier cette sublime chanson techniquement bien difficile à chanter, qui était ma préférée lorsque j’étais enfant.

Et puis, il y a des mélodies qui trottent indécrottablement dans la tête pendant des années, "Pour que tu me comprennes" fait incontestablement partie de celles-ci pour moi. Le rythme et la mélodie même toute simple associés à la voix si spéciale du chanteur hollandais m’ont toujours ravi. C’est gai, complètement pas prise de tête, de la variété comme elle devrait toujours être, ensoleillée et enjouée. DAVE est ici totalement à son aise, et ça se voit. "Plaisir d’amour", une des chansons les plus connues du répertoire mondial, date de 1784 la période pré-révolutionnaire. ELVIS en a fait la magnifique "Can’t Help Falling In Love", des milliers de versions et d’adaptation. Celle de DAVE se nomme "Comment ne pas être amoureux de vous". Elle a le mérite d’exister, mais personne ne la comparera à l’originale. Deux singles à grand succès.

Nous avons quelques reprises, exercice habituel dans lequel DAVE excelle : "Je ne vois que l’amour" est une petite bluette sans réelle identité, même si le refrain est de belle tenue. C’est à la base une chanson de Chris DE BURGH ; on préfère l’originale. "Changez rien pour moi" est un classique de Adriano CELENTANO "Ciao Ragazzi" dans la langue de Monica Bellucci. Un rythme quasi rock malgré une orchestration discoïdée plutôt agréable, même si c’est une avalanche d’effets. Diantre, nous sommes en 78 ! Enfin, "Winter Time" du Steve MILLER BAND renaît sous les traits de "Sur mon étoile", pas désagréable.

Didier Barbelivien a écrit les paroles de "La la la", le résultat n’est pas ramenard pour deux sous et campe fort bien l’état de la variété française, c’est sympa. Il y a un peu de Michel FUGAIN et du BIG BAZAR ou alors carrément du Michel BERGER sur les choeurs de "Le Principal". L’ensemble a une tête assez exotique et se laisse fort bien écouter. La variété a toujours du mal à intégrer les territoires du smooth, "L’homme-enfant" n’est pas vilaine mais on a l’impression de faire du great french songbook sans la qualité de la composition. Une chanson étonnante sur l’enfance, ici présente, se nomme "Dommage", probablement une forme d’auto-analyse de la part de Patrick Loiseau, son compagnon. On y ressent pas mal de douleurs au travers de paroles tristounettes. Enfin, une petite guitare drive "La fête" dans une ambiance bien folky.

La présence des trois singles est déterminante pour positionner cet album comme le meilleur de DAVE jusqu’à présent. A titre personnel, "La lettre à Hélène" représente un certain épicentre de mes goûts d’enfance, certes pas encore fait, mais en formation puisque les îles, la géographie, les sons de cornemuse, les grands élans romantiques font ou ont notamment fait partie de mon quotidien. L’album est sur une base de 3.5, pas de filler ici, mais je choisis de positionner le 4 par égard pour ce titre qui m’a suivi imperturbablement jusqu’içi. Merci DAVE.