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William SHELLER - Ailleurs (1989)
Par ERWIN le 23 Janvier 2020          Consultée 1834 fois

Il faut finir en beauté une décennie qui n'avait pas super bien débuté pour le pianiste parisien. Rappelez-vous, notre William s'était enfui à Los Angeles pour trouver le repos de l'anonymat et jouait à l'époque une variété pop de bon aloi, mais tout de même à des années lumière de la révélation qu'il eut pendant cette décennie, à savoir mixer sa formation classique et ses aspirations pop et rock. Son neuvième opus Ailleurs porte le sceau de cette transformation. Cette fois, le compositeur ne s'est pas embarrassé du moindre détail et vous allez voir le résultat.

Imaginez une chanson de tradition française mise en scène de façon classique et vous risquez fort d'obtenir "Le témoin magnifique". C'est une belle introduction dans laquelle le violoncelle vibre fort bien, s'agite et prend le pouvoir comme il le ferait dans une chaconne de RAMEAU ou de HAYDN. D'un coup, la voix de William retentit, au moment où on s'y attend le moins, lors d'une dernière partie qui se transforme soudainement en classique variétisé. Dieu, quelle drôle d'appellation ! Très agréable, très étrange !

"Excalibur" est bien entendu le point d'orgue de cet album, et même de la carrière entière de William. C'est facile à assumer, il n'y a que des éléments qui plaident pour. Le texte est limpide, magnifique de poésie. On devrait le faire étudier en classe, c'est une certitude. La musique est enchanteresse de bout en bout, classique et magnifiée par le talent de William SHELLER qui n'a jamais été aussi génial. La vidéo de Druillet fit à l'époque grand bruit car totalement hors des canons habituels. Il faut lui rendre justice, l'artiste est seul dans son monde.

Et voici "La Sumidagawa" ! Un orage, une longue introduction puissante et ouvragée. On nage dans la tradition nippone puisqu'il s'agit en fait d'un Gagaku, morceau entièrement dédié et joué à la gloire de l'empereur, Dieu vivant de l'empire du soleil levant. Voilà aussi de quoi accompagner les parties de Go, la cérémonie du thé ou étudier les taichi-ai des derniers yokozunas. Bien que le Japon soit un monde unique, il est frappant de constater que SHELLER a su l'intégrer à son mode de composition. Voilà qui surprend par sa véracité !

C'est par un train qu'on entre dans "Un archet sur mes veines" qui nous ramène au début du siècle précédent. Le quatuor de cordes assume ici un blues de facture 'classique', ou devrais-je dire 'classicisante'. Nous continuons dans le domaine de l'étrangeté. Premier constat évident, William SHELLER n'a plus la moindre inquiétude à mêler ses influences et assume des choix pas évidents. On continue dans les ambiances épiques avec "Sergei". Sur le plan de l'orchestration, est-on si loin du groupe des cinq Russes ? Je vois dans ces suites de notes certains éléments chers à RIMSKY-KORSAKOV ou même à PROKOFIEV, les aspects slaves sont évidents. Ah la comparaison est belle, mais le titre n'est-il pas de toutes manières révélateur à cet égard ? Les bois sont originaux, les cordes restent élégantes, c'est très fort.

Un orgue, un cor, un chant calme, "La tête brulée" se présente comme très apaisante. Romantique, William continue de le revendiquer dans des textes toujours aussi ciselés. C'est très beau, somptueux de volupté, tranquille comme un battement d'ailes. Appréciez donc cette envolée de cordes sur l'épilogue. Tout y est réussi, une petite merveille à découvrir. William SHELLER aime créer des ambiances particulières : une voiture qui démarre, une voix en solo, puis un orchestre très avant-gardiste domine "Ailleurs". C'est assez complexe et mérite de nombreuses écoutes. Tous ces cors et cuivres ! Je ne parviens même pas à saisir l'essence première de ce morceau.

Enfin, deux titres sont ici dénués de toute portion vocale. "Octuor" est un instrumental qui débute par le ressac de la mer sur une plage, puis les cordes et le bois prennent possession du titre. Tout ceci sonne comme du classique contemporain, à n'en pas douter. On retrouve les progressions à la SHELLER, même en l'absence de voix. "Partita" est plus un intermède, en fait un solo de violoncelle qui n'oeuvre pas dans la dentelle loin s'en faut. Ces deux compositions sont légèrement en-deçà du reste de l'album.

On ne peut que rester béat devant de telles qualités de compositeur. Voilà qui est peu commun. William SHELLER a parfaitement réussi le pari insensé d'intégrer le classique – sous de nombreuses formes – à son identité de base variété pop. Le résultat est parfois époustouflant comme "Excalibur" ou "La Sumidagawa", en tout cas toujours très original et jamais ennuyeux. Quelle performance quelques années après un J'suis pas bien peu recommandable! Il est désormais un personnage totalement à part dans la musique populaire française.

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   ERWIN

 
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1. Le Témoin Magnifique
2. Un Archet Sur Mes Veines
3. Excalibur
4. La Tête Brulée
5. Sergei
6. Octuor
7. La Sumidagawa
8. Partita
9. Ailleurs



             



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