Derrière ce cliché nocturne du World Trade Center, se cache le plus bel album de la série Flash Résonance. Christian CHEVALLIER donne ainsi une suite directe à l’essai séminal Atmosphère (CT 2001, 1979), cette fois-ci accompagné d’Alain Poinsot qui co-écrit la moitié des titres.

Space Résonances est le plus ambiant des albums de Christian CHEVALLIER. La majorité des titres repose sur un motif ou un enchaînement d’accords, sur lesquels Christian CHEVALLIER brode des mélodies en semi-improvisation, à la différence des passages mélodiques de Atmosphère, nettement plus structurés. En contrepartie, là où Atmosphère et Light Breeze (CT 2018, 1982) sont hétérogènes et un peu inégaux, Space Résonances est d’une cohérence et d’une stabilité à toute épreuve. Qui plus est, la production est tout simplement magnifique. Les nappes de Solina, les larmes de Yamaha CP-70, et même les leads sont d’une beauté confondante. Malgré le nombre de morceaux et leur brièveté (nous sommes loin des longues suites de Klaus SCHULZE), l’album s’écoute comme un tout particulièrement apaisant.

Musicalement, nous pouvons tout de même distinguer les morceaux les plus composés (i.e. les moins improvisés) que sont le bref et épuré "My Little Hut", les romantiques "Space Nautilus" et "Melancholy Time", réussissant là où, sur le précédent album, "Some Sweet Whispering" et "December" ennuyaient, ainsi qu’un "Electric Mistress" tout à fait à l’avenant de son titre suggestif, caractérisé par une guitare synthétique datée mais plutôt convaincante. N’oublions pas le fabuleux "Pop Dream", à la rythmique lunaire et aux chœurs préfigurant RADIOHEAD de vingt ans (si si, écoutez ce timbre, ces harmonies, c’est du Thom YORKE tout craché). Dommage cependant que le conclusif "Strange Pop" (pourtant sélectionné par BOARDS OF CANADA dans leur DJ-mix Societas X Tape!) n’en soit qu’une resucée sans mélodie.

Le reste de l’album se partage entre les cristallins "Drifting Mist", "Bruges Résonance", "Deltaplane Adventures" tout en arpèges et accords grâcieux, et les ambiants "Space Résonance", "Snare In The Night" et "Bermudes Mystery", dont les nappes plus ou moins dissonantes sont caractéristiques de la musique mélancolique d’Alain Poinsot, que complète parfaitement Christian CHEVALLIER au piano électrique.

Cet album est un coup de maître, tout y est d’une musicalité confondante. On peut le comparer à Musique Polyphonique (PFD 1006, 1981) de Guy Boyer et Maurice De Courpalay, tout aussi excellent et puissant, dans un autre registre.

4 ½ sur 5