Depuis 1983, chaque album de Luc MARIANNI explore différentes méthodes de travail collaboratif. Voyage Vers L’Harmonie (1983) était un enchaînement de nombreuses participations extérieures; Video Screens Control (1984) voyait la collaboration plus étroite d’André Viaud; Four French Forms (1985) présentait quatre compositions solo d’auteurs différents. Le parti-pris de Six Synthetic Suites est cette fois de faire participer six musiciens différents à un même background électronique.

Dit comme ça, dès le début du second morceau, l’alerte "foutage de gueule droit devant" sonne et clignote en rouge sur le tableau de bord. Certes, sauf qu’à y écouter de plus près, si on retrouve bel et bien des sons et un schéma musical en commun à la base de chaque morceau, Luc MARIANNI ne réutilise pas les pistes à l’identique mais les réenregistre en s’adaptant à chacun des solistes. Il ne serait pas pertinent de vous faire un track-by-track mais il se dégage naturellement de cet album une belle impression d’homogénéité et de stabilité. Certes, le procédé aide, mais là où je craignais une redondance mortellement ennuyeuse, on trouve des climats à la fois variés et cohérents, de la très apaisante "Suite N°3" au nombreux accidents sonores de la "Suite N°4". Au sein même de la "Suite N°5", le pianiste Henri ROGER esquisse même de nombreuses humeurs différentes.

Et ce n’est pas tout! La "Suite Pour Orchestre" n’est même pas un simple collage des six premières suites, il s’agit réellement d’un nouvel enregistrement à part entière, réalisé de concert par les sept musiciens, donnant un superbe point d’orgue à cet album concept. En guise de coda, nous trouvons encore "Final Suite", très jolie ritournelle prenant de vagues atours électro-pop avec le retour de la boîte à rythmes.

Si le concept appelle au scepticisme, le résultat est une réussite. Six Synthetic Suites fait véritablement… suite aux deux albums précédents – on y retrouve les quatre compositeurs de Four French Forms. Cet album est la digne conclusion d’une belle aventure discographique, avant une pause de près de dix ans jusqu’au projet LUC MARIANNI’S SELTAE BEAT ainsi que plusieurs albums d’archives tous plus alléchants les uns que les autres, mais hélas encore difficilement accessibles.