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- Style : James Brown , Sly & The Family Stone

EARTH WIND AND FIRE - I Am (1979)
Par LE KINGBEE le 14 Mai 2024          Consultée 390 fois

Nous sommes en 1979, le monde traverse une période soucieuse. Alors que Pol Pot est renversé, Margaret Thatcher prend les rênes de la Perfide Albion. Chez nous, Giscard d’Estaing est à la Une avec une histoire de diamants, tandis que l’ayatollah Khomeyni prend la place du Shah. Le monde est en effervescence et se complaît dans la danse et les festivités. CHIC triomphe avec "Le Freak", Village PEOPLE cartonne avec "Y.M.C.A.", même KISS vire sa cuti avec "I Was Made For Lovin’ You", alors qu’en juillet dans un stade de Chicago est organisé un autodafé baptisé Disco Sucks visant à mettre fin au mouvement Disco. Chez nous, CABREL se fait connaître avec "Je l’aime à mourir" tandis que Carlos nous vante les mérites de "Rosalie".

Depuis le milieu des seventies, White est devenu un poids lourd de l’industrie du disque, devenant un acteur incontournable ; le bonhomme profite de son statut pour aider d’autres artistes à émerger, à l’image de Deniece Williams, Ramsey Lewis ou The Emotions. Il parvient même à obtenir un accord de distribution avec la Columbia et crée ARC, label sur lequel vont sortir les nouveaux enregistrements du groupe, à commencer par une compilation baptisée The Best Of Earth Wind & Fire Vol. I qui se vend à plus de quatre millions d’exemplaires et dans laquelle figure le single "September".

EARTH, WIND & FIRE campe sur le toit du monde ou plutôt tout en haut des pyramides, monuments qui ont marqué l’esprit de Maurice White durant une tournée en Egypte alors qu’il œuvrait au sein de l’orchestre de Ramsey Lewis, White devenant d’un coup inspiré, certains diront sous la coupe d’un ésotérisme oriental.
A la lecture de ces lignes, on imagine la tronche des dirigeants de la Warner qui ont laissé filer le groupe en 1973 après deux albums mitigés pour trouver refuge chez la Columbia qui allait se frotter les mains. Une décision que la Warner aura le temps de regretter mais probablement de digérer avec une certaine amertume.

Revenons à EARTH, WIND & FIRE avec un album longuement préparé. Contrairement à son habitude, la formation n’a rien enregistré depuis presque deux ans quand White et ses compagnons entrent en studio en septembre 1978 pour une session de 12 jours. Si la pochette propose encore une fois un ancrage lumineux basé sur l’égyptologie, l’afro centrisme et la science-fiction avec une illustration de Shusei Nagaoka (créateur de plusieurs pochettes pour EW&F et de Out Of The Blue d’ELO), le répertoire reste sur une lignée pratiquement similaire au disque précédent.
Sorti dans les bacs en juin 79, alors que la vague Disco est enfin sur le point de retomber comme un calzone mal cuit, I am connaît un succès fulgurant à la fois auprès du public noir, à l’image de ses prédécesseurs, mais aussi autour des jeunes amateurs blancs de dancefloors, Maurice White mélangeant savamment plusieurs ingrédients comme la Soul, le R&B, le Funk le Jazz, le tout parsemé de quelques gouttes en provenance des Caraïbes. Mais la grande force du disque réside dans ses nuances de tempos et aussi dans la recherche de mélodies plus rythmées qui se dédient bien souvent à la danse.
Maurice White et ses deux frangins succombent face aux exigences de la Columbia qui veut transformer le répertoire Funk et Disco en une synthèse de Soul West Coast. White a la judicieuse idée de faire appel à la parolière Allee Willis (déjà présente sur "September") auteure de sept textes, tandis que le pianiste arrangeur canadien David Foster (ex-Skylark) cosigne six titres. Mais, parallèlement au groupe, White décide d’ouvrir les vannes vers la Californie en conviant plusieurs musiciens réputés comme Steve Lukather et Steve Porcaro, deux fondateurs de TOTO, le claviériste Bill Meyers (ex-Gino Vannelli), le guitariste Marlo Henderson (ex-MAXAYN, Buddy MILES), la harpiste Dorothy ASHBY et le percussionniste Paulinho Da Costa (ex-Dizzy Gillespie, Tavares) déjà présent dans All’ N All.

"In The Stone" dont l'intro adopte le style d'un grand orchestre lance l’album sur de bon rails, ceux du rythme. Si le titre servira plus tard de générique à divers clubs sportifs et d’émissions télé (Ciné Dimanche chez nous), le texte reprend la thématique de la pierre, matière prisée par de nombreux magnétiseurs et qui aurait le pouvoir de soigner, voire d’intervenir selon certains scientifiques sur le quotidien. Si les voix de Maurice White et de Philip Bailey se juxtaposent parfaitement, les timbres sont réellement mis en valeur par une flopée d’instruments regroupant cuivres, cordes, percussions, claviers mais aussi des engins inhabituels comme le timpani, la harpe ou la kalimba. Le début des paroles expédie l’auditeur vers une sorte de fête cosmique, mais White n’oublie pas, sans en avoir l’air, de faire sa pub en citant le nom du groupe dès la troisième strophe : Ladies and gentlemen - Put your hands together for the elements of the universe - Earth, Wind and Fire.
La cadence ne faiblit pas d’un pouce avec "Can’t Let Go" *, le groupe parvient à canaliser son exubérance, la section cuivre des Phenix Horns se montre aussi précise qu’une montre suisse et demeure le parfait complément de la fratrie White avec laquelle elle collabore depuis plus de trois ans. La vitalité ne s’estompe à aucun moment avec "Let Your Feelings Show", la voix de fausset de Bailey juxtaposée à celle de White et des Emotions parvient à maintenir la tension. Avec un tel nom relatif aux éléments, la formation sait aussi reposer les accus quand le besoin s’en fait sentir, comme en atteste "After The Love Is Gone", une ballade sur une rupture sentimentale que certains jugeront trop sucrée ou candide mais qui rapportera le Grammy de la meilleure chanson de l’année.

En ouverture de face B, "Boogie Wonderland" sorti en single en avril contribue à lancer la mode du Boogie Disco, le titre se classant à la seconde marche du Billboard. Aujourd’hui, il y a peu de chance pour qu’on n’entende pas le titre au cours d’un mariage, d’un anniversaire, d’un piquenique ou d’une fête entre voisins. Le genre de titre, certes commercial, qui donnerait envie à n’importe quel cul-de-jatte de lever le cul de sa chaise pour pousser une gigue sur le dancefloor.
"Star" constitue le parfait prototype d’une West Coast Soul. La voix de Bailey parvient à nous entraîner sur des chemins de traverses entre Sylvester et Al JARREAU. Autre incursion en plein territoire West Coast avec "Wait" **, une ballade Soul pleine de cordes et parfumée de cuivres, à mi-chemin d'une guimauve comme les affectionne Art GARFUNKEL et d'une soupe Funky de type Average White Band.
Le ton monte d’un cran avec "Rock That", un instrumental dans lequel la guitare d’Al McKay tente de prendre le premier rôle avant que cuivres, cordes et claviers ne reprennent leurs prérogatives. L’album s’achève sur une note plus modeste avec "You And I", une compo du trident White/Willis/Foster, dont la mélodie ne parvient guère à accrocher l’oreille, une rupture avec le reste de l’album, l’orchestration se situant ici entre les POINTER SISTERS et A Taste Of Honey.

Alternant Funk, Soul Californienne, R&B, Jazz, le tout restant connecté au registre Disco, cet album constitue une excellente alternative à la fête et à la danse. Si les deux chanteurs s’avèrent complémentaires, l’orchestration parfois bourrative saupoudrée d’arrangements soyeux et de perpétuels changements de rythmes constitue paradoxalement un atout supplémentaire. Quelques mois après la sortie du disque, EW&F fait une apparition en France et remplit Wembley à guichets fermés cinq soirs de suite. Sur scène, le groupe ne tarde pas à tomber dans l’extravagance avec des shows gorgés de pyrotechnique, des décors constitués d’arches, de temples et de pyramides en droite ligne avec les passions mystiques de Maurice White pour l’Egypte et les pharaons, des mises en scène pantagruéliques orchestrées par Doug Henning, Stig Edgren ou David Copperfield.


*Titre homonyme à ceux de Bryan FERRY, Lucinda WILLIAMS, Joan Armatrading et Mariah CAREY.
**Titre homonyme à ceux des BEATLES, J. GEILS BAND et Lou REED.

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- Maurice White (chant, chœurs, kalimba)
- Philip Bailey (chant, chœurs, congas, percussions)
- Al Mc Kay (guitare)
- Johnny Graham (guitare)
- Marlo Henderson (guitare)
- Steve Lukather (guitare)
- Fred White (batterie)
- Ralph Johnson (percussions)
- Paulinho Da Costa (percussions)
- Verdine White (basse)
- Larry Dunn (piano, synthétiseur)
- David Foster (claviers)
- Eduardo Del Barrio (claviers)
- Bill Meyers (claviers)
- Steve Porcaro ( synthétiseur prog)
- Richard Lepore (timpani)
- Don Myrick (saxophone, flûte)
- Andrew Woolfolk (saxophone)
- Jerome Richardson (saxophone)
- Herman Riley (saxophone)
- Fred Jackson Jr. (saxophone)
- Louis Satterfield (trombone)
- Garnett Brown (trombone)
- George Bohanon (trombone)
- Benjamin Powell (trombone)
- Bill Reichenbach Jr. (trombone)
- Maurice Spears (trombone)
- Rahmlee Michael Davis (trompette)
- Bobby Bryant (trompette)
- Oscar Brashear (trompette)
- Michael Harris (trompette)
- Jerry Hey (trompette)
- Elmer Brown (trompette)
- Barbara Korn (cor)
- Marilyn Robinson (cor)
- Sidney Muldrow (cor)
- Richard Perissi (cor)
- Dorothy Ashby (harpe)
- Marcy Dicterow (violon)
- Cynthia Kovaks (violon)
- Gina Kronstadt (violon)
- Pamela Gates (violon)
- Leeana Sherman (violon)
- Judith Talvi (violon)
- Sherman Bryana (violon)
- Ronald Clarck (violon)
- Pavel Farkas (violon)
- Henry Ferber (violon)
- Jack Gootkin (violon)
- Joseph Goodman (violon)
- William Henderson (violon)
- Joseph Livoti (violon)
- Henry Roth (violon)
- Sheldon Sanov (violon)
- Anton Sen (violon)
- Ilkka Talvi (violon)
- Rosmen Torfeh (violon)
- Jerome Webster (violon)
- Delores Bing (violoncelle)
- Jacqueline Lustgarten (violoncelle)
- Larry Corbett (violoncelle)
- Jan Kelley (violoncelle)
- Miguel Martinez (violoncelle)
- Daniel Smith (violoncelle)
- Kevan Torfeh (violoncelle)
- John Walz (violoncelle)
- Marilyn Baker (viole)
- Rollice Dale (viole)
- Linda Lipsett (viole)
- Virginia Majewski (viole)
- Laurie Woods (viole)
- James Ross (viole)
- Pamela Hutchinson (chœurs)
- Sheila Hutchinson (chœurs)
- Wanda Hutchinson (chœurs)


1. In The Stone
2. Can't Let Go
3. After The Love Is Gone
4. Let Your Feelings Show
5. Boogie Wonderland
6. Star
7. Wait
8. Rock That
9. You And I



             



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