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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  E.P

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Henri DES - Elle Est Belle (1966)
Par MARCO STIVELL le 23 Août 2024          Consultée 467 fois

Henri Destraz (notez que de ce côté des Alpes, le 'z' de fin est toujours muet) porte bien la confédération helvétique par son nom comme par son faciès, encore sans moustache durant les années 60. Fils d'une coiffeuse et d'un pédicure, il naît fin 1940 à Renens, ville collée à Lausanne, chef-lieu du canton de Vaud, et après l'adolescence, faute de formation solide, il exerce divers métiers jusqu'au moment de tenter le coup de la guitare entre les mains. Chantonnant sur les scène lausannoises, radios comme 'live', il se fait un nom local, passant de Destraz à DÈS, et c'est un heureux hasard nommé Salvatore ADAMO, de passage en Suisse et le voyant à l'oeuvre, qui va lui permettre de franchir la frontière ouest (le Jura) pour se faire un nom, d'abord petit, puis très grand.

Curieusement, les dix grosses années de départ sont celles du 'petit' nom, et où Henri DÈS chante fièrement déjà mais pour les adultes, alors que la suite, celle du 'très grand' nom, on la connait déjà et pour une inversion de public ! Au milieu des années 60, il pourrait très bien débuter une vie de famille en tant que jeune marié (avec Mary-Josée Chastellain, sa moitié pour la vie), mais sous l'impulsion d'ADAMO, il est à Paris, se faisant remarquer comme chanteur 'rive gauche', tels GAINSBOURG, AUFRAY et tant d'autres avant lui. Ses premiers 45-tours/EPs, s'ils ne font pas date, sont tout de même distribués par Odeon qui, en plus de détenir le catalogue des BEATLES en France, a également Edith PIAF, ADAMO et bien d'autres.

L'aubaine est le maître mot sur le papier, un peu moins pour ce qui est de l'artistique, même si Henri DÈS apparaît déjà comme un chanteur à bonne personnalité, sympathique. Un bon copain qui n'a pas la folie des grandeurs, ne cherche pas à lancer des messages ni prouver plus qu'il ne faut, y compris avec sa voix : c'est un monsieur-tout-le-monde, parfait pour un public similaire. Avec Bernard Gérard aux orchestrations (Juliette GRECO, Félix LECLERC, Pierre PERRET etc.), Henri DÈS bénéficie d'un soutien idéal pour faire entrer ses compositions dans le monde de la variété non excessive. Quelques cordes et cuivres relativement discrets, un peu plus de choeurs féminins, mais avant tout et d'abord, une nouvelle émule de Georges BRASSENS et Hugues AUFRAY du côté guitare, l'inspiration traditionnelle des deux côtés de l'Atlantique.

"Le Coeur Gros", avec ses accords bien plaqués sur cordes nylon, agrémentés de basse slide et de petites percussions, est la chanson simple d'un amoureux transi en rythme ternaire valsé, complainte sur le détachement tout en malignité de certaine demoiselle aimée. Influences folk yankee pour le côté doo-wop des choeurs, rien de très surprenant, sinon cette voix fluette et haute d'un chanteur qui n'en usera pas toujours. On lui sent déjà un esprit, sinon théâtral, du moins 'vivant' et ne tenant point en place. Et que dire de ce yodel bref sorti de nulle part lors du dernier couplet, servant à évoquer les origines outre-Jura de DÈS en toute subtilité quoique cliché et en ce début de carrière discographique ? Pas mémorable, mais frais et bien mené.

L'autre ballade amoureuse et sensuelle, plutôt réservée aux adultes même sans propos graveleux, c'est "Elle Est Belle", à l'arpège doux de guitare classique encore une fois, portrait d'une autre femme plus sérieuse et qui ne se livre pas facilement, mais admirable. Des cordes en tapis, une scie musicale et des choeurs vocalises au féminin pour le moins agréables, ornent des paroles bien personnelles ("ses mains sont un paradis pour ma tête", "mais quand elle se donne, c'est la grande aventure") et des roulements de 'r' qui sont comme une concession légère à la variété. Sur celle-ci, Henri DÈS préfère susurrer.

Les deux autres chansons mêlent davantage humour et esprit d'aventure autre qu'avec les femmes et font mieux encore apparaître le grand chanteur-gamin en devenir. "Quand Finit l'été" est un mini-western avec une hacienda dans la pampa, des bandidos et le narrateur lui-même pistolero, une chute improbable. Des trompettes mexicaines se dégagent de ce ternaire folk massif.

Plus savoureuse demeure "Le Réveille-Matin", tout le contraire d'une ode à cet objet trop quotidien qui a moins de classe qu'un "vieux condamné" ou qu'un "crime passionnel" ! Les rimes sont rigolotes à défaut d'être encore bien ciselées, les sonneries de réveil pullulent en étant toutefois supplantées par un coucou suisse tout aussi évocateur et une cloche tubulaire qui annonce la destruction du pauvre trouble-repos. À écouter donc, pour le charme des débuts-rasage de frais !

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   MARCO STIVELL

 
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- Henri Dès (chant, guitare)
- Bernard Gérard (orchestrations)


1. Le Coeur Gros
2. Le Réveille-matin
3. Quand Finit L'été
4. Elle Est Belle



             



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