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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  LIVE

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Henri DES - Enregistrement Public (1975)
Par MARCO STIVELL le 1er Septembre 2024          Consultée 464 fois

Bénéficiant toujours de son succès en tant que représentant de la Suisse durant l'Eurovision 70, après trois disques 33-tours plus ou moins remarqués (dont un premier qui compilait pas mal ses 45-tours de la seconde moitié des années 60), Henri DÈS a quitté Paris et son monde 'rive gauche' pour s'implanter dans sa mère patrie de façon durable (encore aujourd'hui, il vit près de son lieu de naissance, sur la rive nord du lac Léman, aux alentours de Morges). Il a fondé son propre label du même patronyme que son épouse, Mary-Josée Music, et après un effort studio quelque peu disparate, enregistré dans l'autre Suisse, elle sans montagnes, qu'on appelle également Belgique, en 1974, l'année suivante, il propose son premier disque live, un double s'il vous plaît, 100 % helvète ou presque – la gravure et l'édition se font toujours à Paris, France.

Il s'agit, comme souvent avec ce type d'oeuvre, d'une compilation de plusieurs concerts, tous donnés en fin d'année (les 28, 29 et 30 décembre) à Château-d'Oex, limite est et montagnarde du canton de Vaud, dans le Pays-d'Enhaut. Village riche en histoire comme en culture où David Niven, acteur anglais distingué, a résidé les dernières années de sa vie et choisi d'être enterré, tandis que de nos jours, l'aventurier Mike Horn s'y repose entre deux phases de survie en milieu sauvage. Musicalement parlant, y sont nés le chef d'orchestre Victor DESARZENS, violoniste-chef d'orchestre emblématique du rayonnement de la Suisse romande et auquel les compositeurs locaux doivent beaucoup, ainsi que Marie HENCHOZ, future professeure de rythmique et autrice de chansons pour enfants dans son projet SAUTECROCHE au succès incroyable. Cela toutefois, ce sera pour les années 90, et question musique pour enfants, en 1975, Henri DÈS lui-même arrive à un tournant de sa carrière qu'il n'imagine pas encore.

Pour l'instant mais plus pour longtemps, quand il n'est pas à la maison avec sa progéniture, il se contente de faire rire des adultes, en l'occurrence le public venu l'écouter au châlet-théâtre des Monnayres, comme on l'entend plusieurs fois au cours de ce double disque live. Henri DÈS, bien armé de sa guitare classique, y est accompagné par un trio. D'abord, le Français Freddy Balta, accordéonniste au pédigrée incroyable, puisqu'il a joué pour Juliette GRECO, BARBARA, Michel LEGRAND, Michel MAGNE, Yves MONTAND MOULOUDJI, Guy BEART etc. Ensuite, deux Suisses, dont le contrebassiste jazz Jean-Yves Petiot réputé à Lausanne (en tant que collaborateur du trompettiste Raymond COURT et d'autres) comme à Fribourg où il enseigne également. L'autre, Jacky Lagger, du canton du Valais tout proche, originaire de la ville de Sion - là où le Rhône passant n'est encore qu'une rivière -, colore grandement ces concerts en jouant de tout : guitare slide, kazoo, flûtes, mandoline, percussions, bandonéon... La formule est si bonne que tous reviendront par la suite dans la carrière d'Henri DÈS et sa longue série d'albums pour enfants Cache-Cache.

Le chanteur pioche dans ses trois 33-tours studio et même certaines chansons restées inédites en 45-tours comme "Le Coeur Gros", extraite de son tout premier en 1966, rendue plus espiègle ici. Il y a des chansons rigolotes comme cet indémodable "Réveille-Matin" lui aussi de 66, "Bla-Bla-Blou" dite 'chanson-chaise-longue' avec plein de notes glissées par Lagger et Petiot en guise de couleur exotique, qui amusent bien l'auditoire. Les rires fusent nombreux durant les introductions voire interruptions spontanées de DÈS, sans compter un gag aussi bref que l'est "Le Bègue" ; on ne s'ennuie pas un instant, même si certains titres se mémorisent moins au cours de la bonne heure que dure l'ensemble. Le public est aussi respectueux qu'impliqué, comme on peut le l'enrendre sur les choeurs tout naturels offerts à "Semez l'Amour", chanson hippie sur une rythmique valsée dans un esprit très populaire, extraite du dernier album de 74.

L'avantage du live, qui plus est en trio avec de tels musiciens, c'est qu'il débarrasse les chansons des surplus des studios et des contraintes de la variété : tous les cuivres encore présents un an plus tôt sont absents, les claviers aussi cela dit. L'ambiance chaleureuse ne surclasse certes pas un "Maria Consuelo" déjà fort prenant dans ses arrangements d'origine, mais la flûte de Jacky Lagger remplaçant la trompette n'est pas à négliger. Il y a donc aussi de la chanson 'sérieuse', mais en portion congrue, vite ramenée à de la tendresse, de la sensualité ("C'est Pour la Vie", "La Guerre Etait Presque Finie") non feintes de la part d'un troubadour de sa génération.

Du tango ("Les Ecus", monologue d'un ivrogne au comptoir qui râle sur les puissants) à la country ("Noé", revisitation du mythe de l'Arche) en passant par la ballade folk, il y une belle diversité, tout comme dans le type de chanson abordée. On note même une reprise, celle des FRÈRES JACQUES à savoir "Petite Fable Sans Morgue (la Complainte des Petits Cabinets)" où les 'lieux d'aisance' provinciaux se comparent à ceux de la capitale ! À côté de ces moments où le correct peut aller se faire voir (mais revenir un peu plus tard), dont l'auditoire semble si friand, Henri DÈS ouvre son tour de chant avec une face B (d'un single de 1975, "Douroum Doum Doum"), "À Pied". Il s'y met dans la peau d'un gars préférant 'le vélo au métro', qui prendrait même 'la trottinette jusqu'à la Villette', image caustique pas si lointaine du Parisien écolo(-bobo ?) pouvant encore/de nouveau avoir un certain succès de nos jours !

Et alors que "Les Cons", écrite parce que les maisons de disques veulent des 'chansons qui concernent les gens' et qui ne concerne bien sûr pas le public présent (mais non, enfin), alors que d'autres ("Le Carrousel", "P'tit Lucie", "Ma Grande Lili") sont empreintes de féminité avec plein de sous-entendus grivois quand le chanteur ne mentionne clairement pas les 'chipolatas' ni un penchant pour la gaudriole, le plus beau de ce bal populaire personnel demeure une toute autre chanson identitaire. Non pas "Retour", le tube numéro 4 de l'Eurovision 70 qui brille par son absence : il s'agit de la toute dernière, "Quand on Revient d'Ailleurs", ballade folk jolie sur fond de mandoline et d'accordéon, symbole d'attachement à la mère patrie, déclaration d'amour à la Suisse extraite du 33-tours de 74 que l'assistance entonne avec force, jusque dans les fredonnements. Pour les grands enfants donc, c'est dans la poche. La suite, si différente, est pour très bientôt !

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   MARCO STIVELL

 
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- Henri Dès (chant, guitare)
- Jean-yves Petiot (contrebasse)
- Freddy Balta (accordéon)
- Jacky Lagger (guitare, bandonéon, flûtes, guimbarde, percussi)


1. À Pied
2. Bla Bla Blou
3. Noé
4. Le Petit Caillou
5. Semez L'amour
6. Maria Consuelo
7. Les Hommes Sont Partis
8. Le Vieux Cheval
9. Les Cons
10. La Mariée
11. Le Carrousel
12. P'tite Lucie
13. C'est Pour La Vie
14. La Guerre Etait Presque Finie
15. Le Bègue
16. Petite Fable Sans Morgue (la Complainte Des Petits
17. Les Ecus
18. Le Coeur Gros
19. Ma Grande Lili
20. Le Réveil Matin
21. Quand On Revient D'ailleurs



             



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